La pertinence des textes de [McPherson->1974] et [Simpson->1985] publiés la semaine dernière mérite d'être relevée. On y retrouve une sobriété de ton propice à la discussion, mais de là à dire que dans l'opinion publique elle favorisera une vue d'ensemble approfondie sur notre « psychodrame », cela est moins certain, compte tenu que cette dernière est une substance toxique facilement inflammable. Malheureusement, ceux qui prennent le devant la scène sont toujours ceux qui jappent le plus fort.
Comme les lecteurs de Vigile le savent bien, il est clair que les fédéralistes mous au Québec, qui peuvent aisément se muer en souverainistes d'occasion, représentent le centre de gravité qui fera pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Ne serait-ce que dans un but strictement électoral, les libéraux de Jean Charest et les péquistes d'André Boisclair s'emploieront à tirer les bonnes ficelles en vue de s'attirer leur faveur.
D'autre part, le dilemme des libéraux œuvrant sur la scène fédérale se rapporte bien à la difficulté de choisir entre le statu quo constitutionnel, c'est-à-dire la politique de l'autruche et la fuite hasardeuse en avant que la proposition audacieuse de [Michael Ignatieff->1931] leur indique comme horizon nécessaire. Rien ne la distingue à ce stade-ci du fédéralisme d'ouverture de Stephen Harper. Relevons cependant le caractère civique et non ethnique d'une éventuelle « reconnaissance » du Québec. C'est, à mon avis, un bon pas dans la bonne direction. En effet, de plus en plus les Québécois s'aperçoivent, la dénatalité aidant, que leur citoyenneté est quelque chose qui se partage. On peut venir des quatre coins de la terre et éprouver quelque chose comme un sentiment commun d'appartenance. Ceux qui en doutent n'ont qu'à aller faire un tour le samedi au marché Jean-Talon.
Parmi les défenseurs du fédéralisme, je relève cette fâcheuse tendance à donner dans ce que j'appellerais le mythe de « l'État tutélaire et providentiel » (Tocqueville), comme si, en fait, la « reconnaissance », pour être pleinement effective, n'était pas un concept devant aller, entre les différents paliers de gouvernement, dans les deux sens.
Mais, au-delà de la simple rhétorique et la « flatterie vide », les fédéralistes sont étrangement muets sur la contribution historique du Québec dans la définition même de l'identité canadienne. Dans leur plaidoirie, ils ont tendance à omettre tous les avantages qu'Ottawa s'est appropriés, à commencer par le droit de s'immiscer à tout moment dans les champs de compétence des provinces qu'il ne tient que pour de simples succursales.
Voilà pourquoi, en terminant, tout le débat sur le prétendu déséquilibre fiscal n'est qu'une manœuvre de diversion. Plutôt que d'aborder de front le problème politique, ses promoteurs actuels préfèrent rabaisser le fédéral à un simple rôle de pourvoyeur et à entretenir la perception infantile du fédéral comme une banale machine distributrice. On n'est pas loin de « l'État casino » que signalait justement Michael Ignatieff.
François Deschamps
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