Présidentielle française: un débat qui lance la campagne

Les prétendants croisent le fer dans un premier débat télévisé

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La campagne est déjà en cours depuis plusieurs mois






C’était une première sous la Ve République. À cinq semaines du premier tour de l’élection présidentielle, les cinq principaux candidats se sont livrés à un débat courtois et sérieux qui marque probablement le véritable lancement d’une campagne jusque-là surtout marquée par les « affaires ». Se faisant face sur un plateau circulaire, les candidats se sont affrontés trois heures durant sur la chaîne privée TF1. L’échange s’est particulièrement animé sur les questions de la laïcité, de la relance économique et de l’immigration.


 

Le débat a mis en évidence trois candidats principaux. Alors que la candidate du Front national, Marine Le Pen, aujourd’hui en tête du premier tour selon les sondages, s’est montrée volubile sur la critique de l’Europe, elle a visiblement peiné sur les questions économiques et la sortie de l’euro. Du côté du candidat de la droite, François Fillon, on faisait le pari que ce débat lui aura peut-être permis de réintégrer cette campagne où l’on a surtout discuté jusqu’ici de ses démêlés judiciaires. Face à Emmanuel Macron, il a dominé le débat économique, prenant aussi l’avantage sur les questions internationales. À gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui à égalité dans les sondages, semblaient surtout se disputer le leadership de la gauche avec un avantage certain pour ce dernier, dont les qualités oratoires ne sont plus à démontrer. Marine Le Pen s’en est surtout prise à Emmanuel Macron, dont elle a dénoncé « le vide politique », l’accusant même de parler pour ne rien dire.




Photo: Patrick Kovarik Agence France-Presse
Le candidat du mouvement En marche!, Emmanuel Macron (à gauche), et celui de Les Républicains, François Fillon, quelques minutes avant le début du débat

 

Selon un sondage réalisé par la chaîne BFMTV, Emmanuel Macron, qui avait le plus à perdre de ce débat, aurait été jugé « le plus convaincant » par 29 % des spectateurs, suivi de Jean-Luc Mélenchon avec 20 %. L’ancien ministre de l’Économie de François Hollande a pourtant peiné à plusieurs reprises à défendre son programme économique devant François Fillon, notamment son refus de supprimer la semaine de 35 heures. Principal défenseur de l’équilibre des comptes publics, ce dernier a critiqué des « solutions [qui] ne seront pas mises en oeuvre, des promesses qui ne tiendront pas ou conduiront à la faillite, dont je parle depuis un moment, mais qui finira par se produire ».


 

Le débat s’est particulièrement animé sur la laïcité. Pour Emmanuel Macron, celle-ci est « un bouclier, et en aucun cas une arme qui pointe du doigt ». Rappelant que 60 % des Français ne professent aucune religion, Jean-Luc Mélenchon a déploré que l’« on parle beaucoup trop de religion dans ce pays ». Pour François Fillon, « la question fondamentale est celle de l’intégration de la communauté musulmane. […] Le dire n’est pas stigmatiser les musulmans. […] Il faut que les musulmans eux-mêmes se révoltent contre la montée de l’intégrisme et qu’ils aident la République à éradiquer cette montée ».


 

Benoît Hamon a dénoncé « une instrumentalisation de l’immigration » et proposé la création d’un « visa humanitaire ». Pour Jean-Luc Mélenchon, toutes les solutions visant à limiter l’immigration ne fonctionneront pas. « Chiche ! » lui a lancé Marine Le Pen, qui parle d’« un droit d’asile totalement dévoyé » et critique le fait « que l’on “dispatche” les immigrants dans les régions sans même leur demander leur avis ».


 

Contrairement à Emmanuel Macron, qui a récemment été reçu par Angela Merkel, François Fillon a critiqué la façon dont la chancelière allemande a géré l’accueil des migrants. « La manière dont cette crise a été conduite pose aujourd’hui un énorme problème à l’Europe », dit-il.


 

Les candidats se sont aussi écharpés sur le nucléaire. François Fillon a qualifié la sortie du nucléaire prônée à gauche par Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon d’irréaliste. Accusé par Marine Le Pen de brader l’indépendance de la France à cause de son adhésion ferme à l’Union européenne, Emmanuel Macron a affirmé : « Je défendrai et je défends l’indépendance de la France. » Quant à François Fillon, il dit refuser une défense européenne, ce qui n’empêche pas des coopérations. « Nous devons conserver notre indépendance », dit-il.


 

Si les attaques personnelles ont été rares, Marine Le Pen n’a pas hésité à viser Emmanuel Macron en affirmant qu’« il y a des candidats qui défendent des intérêts de grands groupes ». Une critique que ce dernier a qualifiée de « diffamation ». Si les « affaires » sont demeurées en trame de fond, Jean-Luc Mélenchon a ironisé sur les « pudeurs de gazelles » de ceux qui hésitent à reconnaître que cette campagne « a été polluée », dit-il, par les scandales qui ont touché François Fillon et Marine Le Pen.


 
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