Pourquoi pas une souveraineté-association?

Entre le Québec et la France

Tribune libre

Je soutiens que le rapprochement politique du Québec avec la France serait souhaitable pour relancer l’idée de la souveraineté du Québec. La France constitue la mère patrie du Québec. Le Canada, lui, est lié à la Grande-Bretagne par la reine d’Angleterre qui n’en est rien de moins que le chef d’État.

Pourquoi ne pas rapprocher le Québec de la France dans la politique constitutionnelle d’un Québec souverain dans un contexte de souveraineté-association, par exemple ? Une confédération francophone transatlantique pourrait aussi être envisagée.

Une entente France-Québec, permettant la libre circulation totale des personnes, des biens et des services entre nos deux pays, assurerait un marché commun intérieur de 74 millions d’habitants à nos entreprises et aux citoyens des deux pays. La France est la sixième puissance économique mondiale. La France possède la plus vaste zone économique exclusive (ZEE) océanique de la planète avec toutes ses îles et territoires répartis dans tous les océans. Unie au Québec, cette zone deviendrait encore plus grande. Le territoire des Québécois et des Français s’étendrait pratiquement à travers toute la planète. Le Québécois deviendrait véritablement ouvert sur le monde avec un accès à l’Europe et à l’Amérique du Nord en plus de tous les autres territoires français dispersés à travers le monde. Mais surtout, ce nouveau territoire serait francophone !

Il serait logique d’utiliser l’armée française dans un Québec souverain ayant un statut d’État associé français. L’armée française serait actuellement la sixième en importance sur la planète, selon un récent classement effectué par la revue Business Insider, derrière les armées américaine, russe, chinoise, indienne et britannique. L’armée canadienne viendrait en seizième position selon ce même classement. La France est une puissance nucléaire reconnue, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU avec droit de veto. La sécurité d’un Québec souverain serait ainsi augmentée avec la souveraineté.

D’un point de vue démographique, la venue encore plus nombreuse de Français au Québec assurerait la survie du français, de plus en plus menacé à Montréal. En ce qui concerne la culture, un espace culturel commun France-Québec serait renforcé par une telle entente qui s’appliquera bien entendu à notre culture commune.

Des ordres professionnels communs aux deux pays pourraient être mis en place pour assurer la fluidité professionnelle sur tout le territoire.

L’embarras du choix

Le Québec, en matière de politique monétaire, aurait alors l’embarras du choix : en plus de la possibilité de créer sa propre monnaie québécoise ou d’utiliser les monnaies canadiennes ou américaines, le Québec pourrait aussi utiliser l’euro.

Stratégiquement, une souveraineté-association du Québec avec la France assurerait au moins l’accès au marché français à un Québec souverain dès la déclaration de souveraineté. On imagine difficilement la France déclarer officiellement qu’elle refuserait une telle entente avec un Québec avant un référendum québécois sur la souveraineté du Québec. Alors que le reste du Canada et les États-Unis maintiendront toujours officiellement (même si c’est un bluff) qu’ils n’accepteraient pas le Québec automatiquement comme membre du libre-échange nord-américain avant le référendum.

Le point faible fondamental des propositions de souveraineté-association et de partenariat économique, lors des référendums de 1980 et en 1995, était d’être officiellement rejetées par le gouvernement fédéral avant même la décision référendaire. Cette proposition-ci a l’avantage de contrer le principal argument fédéraliste contre la souveraineté : la peur.

Cette proposition n’empêchera aucunement le Québec de devenir membre de l’ALENA une fois indépendant et associé à la France. L’UE négocie d’ailleurs déjà une entente avec l’ALENA et si cette entente est réalisée avant le prochain référendum québécois, cela signifierait que la France serait déjà liée par entente de libre-échange avec les États-Unis et le Canada.

N’est-ce pas la France, par l’entremise de la célèbre déclaration du général de Gaulle, qui a donné la crédibilité nécessaire au mouvement indépendantiste québécois en 1967 ? Vive le Québec libre !


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4 commentaires

  • Jacques Bergeron Répondre

    27 octobre 2016

    Souveraineté association
    C'est exactement ce qu'a toujours prôné René Lévesque qui n'a jamais été indépendantiste quoi qu'en pensent certains indépendantistes. Celles et ceux qui utilisent le nom de René Lévesque comme grand indépendantiste devraient relire et écouter les paroles de ce grand politique qui ne fut qu'un grand associatif recherchant une certaine autonomie pour le Québec à l'intérieur du Canada et rien d'autre, ce que la question référendaire de 1980 peut démontrer assez facilement.
    Nos ami-e-s indépendantistes devraient comprendre que la souveraineté d'un État peut s'exercée à l'intérieur d'un pays , dut-il s'appeler Canada, Belgique ou Suisse ou dans toute autre fédération ou confédération, ces États possédant une certaine autonomie .Je suis toujours perplexe devant les indépendantistes voulant se donner un État souverain ce que possède déjà le Québec dont la souveraineté fait l'envie de plusieurs pays. On doit donc arrêter de s'inspirer de René Lévesque qui était un associatif et rechercher l'indépendance du Québec possédant tous les pouvoirs d'un État indépendant. Ceux qui croient que rechercher un État associé avec le Canada est nouveau, devraient lire et écouter les propos de ce grand politique pouvant leur démontrer que René Lévesque ne fut jamais d'autre chose qu'un associatif pan canadien. Prétendre le contraire est une erreur que font nos ami-e-s indépendantistes.

  • Normand Paiement Répondre

    19 octobre 2016

    Monsieur Capuano,
    Excellente proposition!
    En tant que Français d'adoption né au Québec, je m'étonne que les ténors souverainistes n'aient jamais exploré une telle possibilité. Ça tombe pourtant sous le sens!
    D'ailleurs, pourquoi les Québécois qui en feraient la demande ne pourraient-ils pas obtenir la nationalité française et, inversement, pourquoi les Français qui en feraient la demande ne pourraient-ils pas à leur tour obtenir la nationalité québécoise, une fois le Québec devenu indépendant? Cette double nationalité permettrait de la sorte aux Québécois qui le désireraient de voir les portes de l'Europe s'ouvrir à eux. En échange, Québec constituerait un pied-à-terre idéal pour les Français tentés par l'aventure sur le continent américain!
    Votre suggestion intéressante mérite certainement d'être examinée plus avant. Je vous invite donc à promouvoir votre idée auprès des dirigeants péquistes et des militants indépendantistes.
    Cordialement,
    Normand Paiement

  • Archives de Vigile Répondre

    18 octobre 2016

    J'aime beaucoup votre idée, c'est peut être l'élément manquant pour convaincre les Québécois de faire l'indépendance du Québec mais en association avec la France, nos destins sont liés entre la France et le Québec par notre langue et culture commune.

  • Jean Lespérance Répondre

    18 octobre 2016

    La France n'est plus la France, un pays souverain. Elle s'est dissoute dans la marmite de l'Union Europaïenne. J'aimerais mieux l'Islande, ce pays intelligent qui a mis des banquiers en prison.