Encore une tuile qui tombe sur la tête du maire de Montréal, Gérald Tremblay. Encore des affaires embarrassantes.
Il y a trop de tuiles, trop de scandales, trop de liens incestueux.
Chaque fois, le maire a la même réaction. Il est soit 1) étonné; 2) troublé; 3) préoccupé; 4) ignorant; 5) toutes ces réponses.
Après la SHDM et les compteurs d'eau, deux nouvelles affaires frappent l'administration Tremblay. Jusqu'au mois de septembre, un vice-président de Dessau, Jacques Fortin, a fait partie du comité de vérification de la Ville.
Dessau, une firme d'ingénieurs qui a des centaines de mandats de Montréal et qui a décroché le contrat des compteurs d'eau, sur lequel flotte une odeur de scandale.
Les membres du comité de vérification ne doivent entretenir aucune relation directe ou indirecte avec la Ville, car ils analysent de l'information financière stratégique. Alors que faisait le vice-président de Dessau dans ce comité? Le loup dans la bergerie.
En 2005, l'arrondissement de Saint-Léonard, dirigé par le président du comité exécutif, Frank Zampino, a accordé un contrat de 32 millions à une filiale de Dessau, la SOGEP, qui a embauché le beau-frère de Frank Zampino.
Les liens sont tissés serré. Trop serré.
Dessau a embauché Frank Zampino six mois après son retrait de la vie politique; Dessau a une filiale impliquée dans le scandale de la vente du Faubourg Contrecoeur au promoteur Catania; Dessau a obtenu, avec Tony Accurso, le contrat des compteurs d'eau; Frank Zampino s'est baladé sur le yacht de Tony Accurso en plein processus d'appel d'offres pour le contrat des compteurs d'eau; etc., etc.
Au coeur des histoires qui éclaboussent la Ville depuis quelques mois, on trouve souvent - trop souvent - le même monde: les compagnies Dessau, Simard-Beaudry, Catania, le directeur général de la Ville, Claude Léger, le directeur des affaires corporatives, Robert Cassius de Linval, Frank Zampino...
Et on n'est plus dans le potin ou la rumeur. Trois rapports du vérificateur général de la Ville ont soulevé des questions troublantes sur des ventes au rabais de terrains qui appartenaient à la Ville, sans oublier un document costaud de la firme Deloitte qui a disséqué la vente du Faubourg Contrecoeur à Catania, vente entachée de nombreuses irrégularités.
Les dossiers sont maintenant entre les mains de la Sûreté du Québec. La police à l'hôtel de Ville de Montréal! L'heure est grave.
Et que fait le maire, à part prendre des airs de martyr? Il tombe des nues et jure qu'il ne savait rien. Que fait la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau? Elle s'en tire avec une ou deux déclarations molles et peu compromettantes. Elle s'en lave les mains. Que Montréal s'arrange avec ses problèmes!
* * *
Alors, qu'est-ce qu'on fait? Le maire démissionne?
Pourquoi pas? Sa crédibilité est nulle. Ou il ne savait rien, ce qui prouve qu'il n'a aucun ascendant sur son entourage. Comment peut-on prétendre gérer une ville quand on ignore ce qui se passe sous son nez? Ou il était au courant, et c'est la démission sur-le-champ, car le maire aurait menti en affirmant qu'il ne savait rien.
Mais la démission de M. Tremblay ne changera rien au problème de fond, soit la corruption qui semble érigée en système. Car si on additionne les scandales, on conclut qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à l'hôtel de ville, quelque chose de grave. Il n'y a peut-être pas de collusion, mais il existe assez d'éléments inquiétants pour se poser de sérieuses questions.
La SQ enquête, mais ce n'est pas suffisant. Existe-t-il un système organisé de corruption? Si oui, qui tire les ficelles?
Un grand ménage s'impose, un ménage qui va au-delà de la démission du maire.
Mettre Montréal sous tutelle? Peut-être. Mais c'est le ministère des Affaires municipales qui va l'imposer par un décret du Conseil des ministres. Pour l'instant, la ministre Normandeau ne nous a pas prouvé qu'elle avait le coffre nécessaire pour mettre la ville au pas.
Il ne reste qu'une solution: créer une commission d'enquête publique. Mettre cartes sur table, tout déballer et obliger les Zampino de ce monde à donner des réponses. Des vraies.
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