Pour un moratoire complet sur l’ensemble de l’œuvre de JJ Charest

Gaz de schiste

Depuis la prise du pouvoir de l’équipe libérale de JJ Charest en 2003, l’anarchie linguistique, sociale, économique et environnementale se retrouve systématiquement au menu législatif et budgétaire de ce gouvernement de la dénationalisation tranquille programmé par une minorité linguistique et des promoteurs comme ceux des PPP friands de fournir des services publics pour leurs profits et ceux qui se sont déjà positionnés pour exploiter nos ressources naturelles telles que les gaz de schiste, au profit des portefeuilles privés, surtout étrangers.
Tenu dans l’ignorance comme tous les Québécois, j’ai appris en fin de semaine dernière que le budget de 2009-2010 recelait une exonération importante pour l’industrie tant chérie par André Caillé: un allègement fiscal de cinq ans qui n’avait pas fait l’objet d’un article de journal digne de mention ou d’un débat quelconque face au public auquel on n’a pas révélé ce généreux cadeau consenti à l’industrie du gaz lors du dévoilement du budget 2009-2010, même après.
Michel David, chroniqueur souverainiste très timide du journal Le Devoir, a offert un texte portant le titre [«Les boulets»->30636] dans l’édition de samedi passé. M. David rapportait que «Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a rapidement perdu patience, jeudi, quand une journaliste lui a demandé si c’était encore pour avantager des amis libéraux que le budget 2009-2010 prévoyait la mise en place d’un congé de redevances de cinq ans pouvant atteindre 800 000$ pour chaque puits de gaz naturel mis en production avant la fin de 2010?»
M. David ne mentionne pas le nom de la journaliste ayant posé cette question des plus pertinentes. Une chose est à peu près certaine: c’est que ce n’est pas tout à fait le type de question que poserait quelqu’un de TVA ou du Journal de Montréal, tout comme on ne s’attendrait pas tellement à ce genre d’interrogation de radio-cadenas, de la grosse presse épaisse ou du journal Le Devoir.
En lisant un texte paru sur Vigile en date de lundi le 20 septembre, je pense avoir trouvé l’identité de cette mystérieuse journaliste. Vendredi le 17 septembre, Rue Frontenac publiait [un texte de Jessica Nadeau coiffé du titre «Gaz de schiste – congé de redevances pour cinq ans».->30624] Le texte de Mme Nadeau dévoilait un extrait très révélateur des intentions réelles de la nébuleuse à Charest cachées dans la masse de données du budget 2009-2010: «Dans le contexte économique actuel, le gouvernement agit afin de poursuivre les activités d’exploration et d’augmenter les possibilités d’une mise en production dans un avenir rapproché, peut-on lire dans le document. Pour ce faire, le gouvernement annonce la mise en place d’un congé de redevances de cinq ans pouvant atteindre 800 000$ par puits à l’égard de tout puits mis en production d’ici la fin de 2010.»
Mme Nadeau ajoute que «…comme le relève le document, c’est particulièrement pendant les cinq premières années que les redevances sont le plus payantes pour le gouvernement. La durée de vie d’un puits est en moyenne de 20 ans et environ la moitié de sa production est réalisée au cours des cinq premières années, peut-on lire dans le budget. En conséquence, plus de 50% des redevances sont versées dans les cinq premières années».
Mme Nadeau rapporte aussi que Jacques Delorme, porte-parole pour le ministère des Finances, «précise qu’il s’agissait d’une mesure qui entrait dans le grand plan d’action pour stimuler la relance économique. Quand le budget est sorti, on était en période de ralentissement économique et le congé de redevances entrait dans une série de mesures qui s’étalaient sur deux ans».
Ça va sans dire que les sociétés pétrolières et gazières sont des plus rentables tout en étant les plus polluantes de toutes les industries de la planète. Ces sociétés pétrolières et gazières ont engrangé des profits gigantesques avant et après l’effondrement boursier de 2008. La question demeure à savoir pourquoi le régime libéral est si généreux envers l’industrie des gaz de schiste de l’Alberta et des États-Unis venue s’installer au Québec à l’insu des Québécois?
En date de vendredi passé, lors d’un point de presse, JJ Charest a déclaré aux médias que son gouvernement a déjà décidé d’aller de l’avant avec l’exploitation du gaz de schiste et ce, avant même que le BAPE ait entendu un témoin ou dévoilé une étude quelconque sur ce sujet méconnu du public québécois.
JJ s’est expliqué ainsi: «Est-ce que le Québec va mettre en valeur son potentiel de gaz naturel? La réponse c’est oui. Est-ce que ça va se faire au détriment de l’environnement? Bien, la réponse c’est non. L’exploitation du gaz de schiste aura certes un impact sur l’environnement, comme toute activité humaine. L’enjeu, c’est de savoir comment nous pouvons minimiser l’impact que nous avons sur l’environnement. C’est ça la vraie question».
Pour renforcer la campagne promotionnelle des ministres Normandeau et Arcand qui sont si gracieusement assistés à leur tour par André Caillé, ce dernier étant solidairement secondé par la firme de positionnement National, le régime de Crapet Charest vise à neutraliser toute forme d’opposition, surtout pas de moratoire face à cette folie furieuse de précipitation pour l’exploitation des gaz de schiste au profit d’industries étrangères qui pourront partir avec la caisse en nous léguant des nappes phréatiques toxiques. JJ Charest a poursuivi son petit point de presse de vendredi en affirmant que l’on «ne réinvente pas la roue, il y a du gaz de schiste ailleurs, puis il y a des expériences ailleurs dont nous allons nous inspirer», tout en reconnaissant que «dans le cas du gaz de schiste, c’est relativement nouveau partout dans le monde».
Attardons-nous quelques instants sur ce que M. Charest dit ce ces «expériences ailleurs dont nous allons pouvoir nous inspirer». La Colombie-Britannique a été évoquée à maintes reprises par la ministre de la donation des ressources naturelles et du chantage économique, Nathalie Normandeau, qui voit la C.-B. comme étant un modèle à suivre au chapitre de l’exploitation des gaz de schiste. Les médias ont rapporté que l’industrie du gaz de schiste qui exploite les gisements de cette province doit débourser autour de 750 millions de dollars par année à son trésor.
On ne sait strictement rien sur l’impact environnemental de cette industrie des gaz de schiste active en Colombie-Britannique. Cependant, cette industrie a été très active aux États-Unis. Elle s’est illustrée dans toute sa délinquance environnementale extrême. On signale des nappes phréatiques intoxiquées par des milliers de sites de forage et d’exploitation gazière des schistes situés dans des états comme le Colorado ou la Pensylvanie, abandonnés aux aléas d’un contexte de dérèglementation environnementale intégrale amorcée sous George W Bush et poursuivie par Barak Obama.
À certains endroits aux É.-U., les compagnies gazières ont pompé des milliards de litres d’eau à haute pression mélangée à plus de 500 produits toxiques pour faciliter la fragmentation des schistes et l’extraction du gaz.
L’État de New York a instauré un moratoire d’exploitation de ce type de ressource gazière sur son territoire pour s’assurer une source d’eau potable pour sa mégalopole, New-York.
Au-delà du danger environnemental mis très clairement en évidence aux États-Unis, on peut tout de même se demander si les très faibles redevances prévues dans le budget 2009-2010 seront bonifiées lors du prochain budget du ministre Bachand? Mme Normandeau a donné quelques indices jeudi dernier. En marge d’une table ronde des ministres canadiens de l’énergie organisée dans le cadre du Congrès mondial de l’énergie à Montréal, elle disait que selon les calculs «qu’on a fait au Québec, on pourrait aller chercher jusqu’à 230 millions par année en redevances».
La ministre des ressources naturelles aliénées pour des miettes de rien a poursuivi son petit exposé en laissant tomber que «Moi je me questionne sur la possibilité qu’on puisse aller au-delà des revenus de 230 millions. On a une opportunité de se questionner sur le régime de redevances actuel», en ajoutant cette mise en garde très bien commanditée: «Il faut trouver le bon équilibre entre un environnement fiscal et réglementaire qui soit attractif (sic) pour les entreprises et qui fasse en sorte que les Québécois soient les premiers bénéficiaires de la mise en valeur de notre potentiel gazier. Il faut tirer le maximum de cette ressource parce qu’elle appartient à l’ensemble des Québécois. C’est possible d’y arriver, la Colombie-Britannique y est arrivée».
Il faut vraiment être complètement déconnecté de la réalité québécoise pour présenter ce développement sauvage et toxique au profit de l’industrie gazière comme étant quelque chose dont les Québécois seraient les premiers bénéficiaires.
En fait, le secret entourant l’attribution de centaines permis de forage et d’exploitation accordés à des intérêts étrangers desquels on récolterait moins d'un tiers de ce qui se perçoit en Colombie-Britannique sur une base annuelle est un scandale en soi, d’autant plus que les cachettes, les mensonges et la manipulation exhibés par JJ Charest et ses ministres impliqués dans la promotion de l’industrie du gaz de schiste militent très fortement en faveur de l'urgence d'un arrêt d'agir ou d’un moratoire complet sur l’ensemble de l’œuvre de ce gouvernement fantoche.
Daniel Sénéchal
Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2010

    Salut M.Sénéchal
    A la période des questions aujourd'hui, JJ Charest a répondu à Pauline Marois à propos de l'exploitation de gaz du schiste:
    " Un moratoire, ça va profiter à qui?"
    Donc, laissons ceux qui ont de l'ADN libéral s'enrichir.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2010

    Bien sur que c'est l'anarchie totale depuis que Charest est au pouvoir.
    On serait donc en droit de penser que le Québec au complet veut le foutre dehors lui et sa gang.
    Mais parlez moi donc d'une élection partielle qui a eu lieu la semaine dernière dans St-Laurent !!!!!
    62% (ou 64 je ne me rappelle plus) qu'il a eu le Charest ?
    Croyez vous vraiment que le bon peuple a compris ? Ben non, le bon peuple en veut encore.
    Incroyable
    Gilles