Pour un financement équitable de l’UQAM et du réseau universitaire francophone

Grève à l'UQÀM


Alors que plus de 85 % des nouveaux arrivants et des allophones s’installent dans la région de Montréal, il est aberrant que les universités francophones à Montréal emploient seulement 43 % des professeurs (57 % pour les universités anglophones). Globalement, les universités de langue française au Québec ne reçoivent environ que 75 % des subventions du gouvernement québécois et 65 % du financement fédéral, alors que les Québécois non anglophones représentent 92 % de la population. C’est pourquoi une majorité d’étudiants allophones étudient en anglais à l’Université. Pourtant, l’enseignement universitaire est fondamental pour la transmission d’une langue et d’une culture. C’est un facteur essentiel d’intégration des nouveaux arrivants et une voie majeure d’insertion à l’emploi, qui déterminent fortement la langue de travail et les transferts linguistiques.
De plus, le sous-financement du réseau universitaire francophone a un impact extrêmement néfaste au moment où le développement économique se fait de plus en plus en fonction de l’économie du savoir. Le surfinancement des universités de langue anglaise aboutit à l’exode d’une grande partie des professionnels formés à même l’argent de nos impôts vers le « Rest of Canada » ou les États-Unis. Par exemple, rappelons encore que plus de 50 % des finissants en médecine de McGill quittent le Québec après la première année de l’obtention de leur diplôme. Comme les diplômés de ces universités refusent souvent de quitter Montréal pour aller travailler ailleurs au Québec, ce surfinancement des universités anglophones accentue la pénurie de professionnels en région. Les ressources consacrées au dédoublement des infrastructures en fonction de la langue à Montréal proviennent des mêmes taxes et des mêmes deniers publics qui servent à financer les institutions dans l’ensemble du Québec. C’est ce qui explique que seulement 23 % des francophones âgés de 25 à 34 ans détiennent un diplôme universitaire comparativement à 31 % des anglophones de la même classe d’âge.
Dans ces conditions, le gouvernement devrait non seulement accepter les revendications des professeurs de l’UQAM, mais aussi donner à cette institution les ressources supplémentaires nécessaires à l’accomplissement de sa mission unique d’intégration et de francisation. En fait, il faut revoir le mode de financement des réseaux universitaires afin de rétablir un équilibre favorisant un taux de diplomation universitaire plus élevé des jeunes francophones, ainsi qu’une meilleure intégration et la rétention des professionnels de toutes origines dans l’ensemble des régions du Québec.
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par Mario Beaulieu
Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

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Mario Beaulieu41 articles

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Député (fédéral) de La Pointe-de-l'Île, 9e et 13e Chef du Bloc québécois, ex-président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et ex-président du Mouvement Québec français.





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1 commentaire

  • Fernand Couturier Répondre

    23 avril 2009

    Monsieur Beaulieu,
    Votre article tombe à point. Un appui précieux. Il devrait réjouir tous ceux qui dans le présent comme dans le passé, dont je suis, sont ou se sont impliqués dans l'enseignement et à quelque niveau de gestion de l'UQAM. Il devrait aussi alerter toute la population, non seulement celle de Montréal mais de tout le Québec.
    Vous relevez avec à propos le déséquilibre budgétaire tout à fait injustifiable qui sévit entre les Universités de langue anglaise et française à Montréal. Un déséquilibre qui affecte bien évidemment la majorité française de tout le Québec.
    À cet égard le gouvernement ne peut pas prétendre qu'il n'a pas plus d'argent à allouer aux Universités. Pour la bonne raison qu'il s'agit tout juste ici d'une répartition plus équitable des argents de tout le monde.
    D'autre part, le gouvernement pourrait rendre disponibles pour les Universités plusieurs centaines de millions de dollars en renonçant au projet injustifiable et condamnable de deux méga-hôpitaux à Montréal, un pour la population française et l'autre pour l'anglaise pourtant quelque 8 fois moins importante en nombre.
    Évidemment, agir dans cette perspective pourrait froisser une part très fidèle de l'électorat libéral. Ce que M. Charest craint comme la pluie en hiver. Mais il ne faut pas le lâcher. Et à l'instar du sociologue Guy Rocher qui disait sa colère hier sur les ondes de Radio-Canada devant l'inéquitable financement des Universités et en particulier celui de l'UQAM, il faut que le plus grand nombre possible de Québécois crient son indignation devant un traitement aussi inéquitable que néfaste et funeste. Car l'Université du Québec, dont l'UQAM, a été fondée par le gouvernement québécois justement pour assurer aux Québécois de langue française toutes les chances légitimes d'accéder eux aussi aux études supérieures. Objectif noble et normal pour une nation. Mais objectif gravement compromis présentement.
    Le français, facteur essentiel de notre identité nationale, en prend actuellement pour son rhume à Montréal sous les bons soins du gouvernement Charest. Sans oublier que les autres gouvernements qui ont précédé ont sans doute quelque mea culpa à faire aussi.
    Montréal et tout le Québec ont besoin d'une UQAM en bonne santé financière.
    Fernand Couturier