L'expression «tir de mortiers» a été très employée ces dernières semaines. A consonance militaire, elle désigne, dans le cas présent, l'utilisation de gros feux d'artifices pour viser les forces de l'ordre. Avec le traditionnel jet de pierre, c'est l'une des techniques les plus employées contre les policiers, mais aussi contre les pompiers, souvent victimes de véritables guet-apens.
Plusieurs cas d'attaques visant ces deux professions du service public ont été commises ces dernières semaines dans l'Hexagone.
Dernière en date, ce samedi 2 novembre, à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. De 19h à 23h, policiers et pompiers ont subi des jets de projectiles, ainsi que des tirs de mortiers. D'autres attaques dans la même ville ont eu lieu jeudi 31 octobre lors de la soirée d'Halloween. Encore dans la même ville, le 28 septembre, des pompiers ont fait l’objet de jets de projectiles. Ils intervenaient pour secourir un homme d’une cinquantaine d’années, blessé au visage par deux individus qui tentaient de lui voler son téléphone portable.
Le 31 octobre, lors de la soirée d'Halloween, des attaques contre les policiers, là aussi avec des tirs de mortiers, ont également eu lieu à Mantes-la-ville, à Trappes ou encore aux Mureaux, ville où des agressions similaires avaient eu lieu le 19 octobre. Les incidents n'ont pas seulement concerné les Yvelines, mais aussi la Seine-Saint-Denis. Une enquête a été ouverte par le parquet après que des tirs de mortiers ont atterri à l’intérieur du commissariat de La Courneuve ce même soir. A Bobigny, une patrouille a également été prise pour cible. A Clichy-sous-Bois, le commissariat a été caillassé. Dans l'Essonne, un policier a été légèrement blessé par des tirs de mortiers à Etampes. Dans la même ville, deux policiers ont été blessés le 16 octobre lors d'une précédente attaque : ils soutenaient des pompiers intervenant dans le parking d'un collège.
Toujours le soir d'Halloween, policiers et pompiers ont aussi été pris pour cible dans la ville de Béziers, où une école et un collège ont été incendiés. Là encore, jets de pierre et tirs de mortiers. En Indre-et-Loire, un groupe de dix à vingt jeunes (trois ont été interpellés, dont deux mineurs) ont tiré des mortiers contre des policiers ce même vendredi 31 octobre dans la métropole de Tours.
Le 24 octobre, dans le quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie, les forces de l'ordre, appelées pour un véhicule en feu, sont tombées dans un guet-apens : pendant une demi-heure, une centaine de jeunes ont affronté une trentaine de policiers. Réagissant aux jets de pierre et aux tirs de mortiers, qui ont fait un blessé parmi les policiers, ces derniers ont fait usage de lanceur de balles de défense et de grenades lacrymogènes. Un jeune a été blessé à l'oeil.
A Champigny-sur-Seine, le 22 octobre, des policiers ont été visés par des tirs de mortiers après avoir été appelés par les pompiers, pris à partie par «une quinzaine d’individus» lors d’une intervention sur des feux de poubelles.
Toujours le 22 octobre, en Côte-d'Or, à Chenôve, commune appartenant à la métropole de Dijon, une patrouille de police a été ciblée par des tirs de mortier. Cette ville avait fait l'objet, cet été, d'un couvre-feu pour les mineurs. Dans la nuit du 2 au 3 octobre, une cinquantaine de jeunes avaient déjà affronté les forces de l'ordre.
Encore le 22 octobre, en Seine-et-Marne, des policiers ont été victime d'un guet-apens à Émerainville : là aussi, tirs de mortiers.
Le 14 octobre, dans le Val-de-Marne à Limeil-Brévannes, un bus du réseau Transdev a été visé par des feux d'artifices puis vandalisé. Les policiers envoyés sur place pour venir porter secours au bus bloqué sur la route, ont à leur tour essuyé des tirs de mortiers et des jets de pierres.
«Concours interquartiers via les réseaux sociaux»
Ces divers exemples repérés dans la presse locale et nationale de ces quinze derniers jours sont loin de représenter une couverture exhaustive de ce phénomène qui touche tout l'Hexagone.
Le 31 octobre, Le Parisien a évoqué une cause possible de cette recrudescence d'attaques. «Tout ça a pu partir d'une sorte de concours interquartiers via les réseaux sociaux», a déclaré un agent des Renseignements territoriaux (ex-RG) au quotidien. «C'est toujours le même scénario. Une voiture ou une poubelle brûle, on intervient et on se fait caillasser. Là-dessus, la police débarque. Et c'est parti!», déclare un pompier.