À propos de la PMA, il disait, le 18 mars dernier (La Croix), avoir essayé « de traiter la part opérable, de là où [il était] », phrase alambiquée laissant entendre qu’il voulait bien s’en mêler, à la condition que ça ne lui porte pas préjudice. Las. Emmanuel Macron semble déterminé à tenir cet engagement qui avait été abandonné par le gouvernement Ayrault, en 2013, concernant la légalisation de la PMA aux couples de femmes. Pour la GPA, on verra plus tard. La légalisation du PACS en 1999 et l’adoption du mariage homosexuel en 2013 ont appris aux progressistes de tous crins qu’il valait mieux temporiser et distiller au compte-gouttes les « avancées ».
Pourtant, on pouvait croire que l’urgence était ailleurs, que l’état du pays secoué par de graves crises identitaires, sociales et démographiques ne justifiait absolument pas l’urgence de cette réforme sociétale. On aurait pu penser que le gouvernement Philippe aurait eu à cœur de ne pas créer, dans la société française, une fracture supplémentaire. Mais il fallait donner des gages à la gauche après avoir envoyé des signaux à droite. La stratégie du en même temps oblige nos politiques en marche à quelques louvoiements. Il faut donc absolument légaliser la PMA, porte ouverte à la GPA et à quelques intérêts financiers. Mais, pour ce faire, l’exécutif a besoin d’une armée en ordre de bataille, quitte à sacrifier quelques pions pour sauver la reine.
Parmi ces pions indisciplinés : la députée de l’Essonne Agnès Thill, dont l’opposition notoire à la PMA (née d’une existence de mère célibataire et de convictions profondes) lui aura valu un procès d’intention en homophobie que n’auraient pas renié les pages les plus noires de l’Inquisition espagnole.
Le député Joachim Son-Forget, poussé par la sortie, certes pour son impertinence digitale. Mais le député des Français de l’étranger, installé en Suisse, a également fait valoir son opposition à la PMA en raison, notamment, de sa propre histoire d’enfant adopté qui ne connaît pas ses parents biologiques.
Et nous apprenons que le député (LREM) Jean-François Mbaye, pourtant juriste en droit de la santé et spécialisé sur les questions bioéthiques, ne fera pas partie de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique. Il devrait cette exclusion à son engagement anti-CETA et s’interroge « sur l’importance de la démocratie au sein de notre famille politique ».
Et il n’aura pas été le seul : neuf députés de la majorité auront voté contre le CETA. Du jamais-vu depuis deux ans, comme un mauvais signal envoyé à ceux qui, pour rien au monde, ne se risqueraient à fragiliser la majorité à l’Assemblée.
On l’aura compris, En Marche ! ne veut pas de vague. Car là-haut, on sait parfaitement que la législation sur la PMA va être ardue et complexe. Et, surtout, qu’elle va à nouveau entraîner la mobilisation de la Manif pour tous (un million de personnes en 2013 !). Comme si, après les gilets jaunes et les débordements algériens, le corps de l’État pouvait se permettre le luxe d’une nouvelle fracture.