GARDERIES

Plan ou ballon d’essai?

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Un gouvernement pris de panique qui tire dans toutes les directions

Il fallait s’y attendre : la fuite au sujet du financement des centres à la petite enfance (CPE) soulève les passions. Ballon d’essai ou projet sérieux, ce n’est pas de cette façon que le gouvernement Couillard ralliera la population à l’objectif de retour à l’équilibre budgétaire.

Avant la création des CPE à 5 $, les parents payaient entre 17 $ et 22 $ par jour, une somme remboursée partiellement sous forme de crédits d’impôt.

Aujourd’hui, il en coûte 7 $ par jour pour envoyer son enfant au CPE, et Québec assume les 40 $ qui manquent. Quant au gouvernement fédéral, il n’y contribue que marginalement par la déduction fiscale consentie sur la fraction de 7 $ des parents.

Voilà d’ailleurs un des vices de forme de la formule adoptée à l’origine puisque le Québec se prive ainsi chaque année de dizaines de millions de crédits fédéraux.

Le régime québécois coûte plus de 2,3 milliards par année à l’État, mais il permet à plus de femmes de travailler et de… payer des impôts.

En campagne électorale, les libéraux avaient promis d’annuler la hausse de 2 $ par jour décrétée par le gouvernement Marois et de limiter l’augmentation au taux d’inflation, ce qui équivaut à 0,30 $ par jour. Une mauvaise décision.

Aujourd’hui, la rumeur veut donc qu’on ajoute une contribution plus substantielle calculée en fonction du revenu familial et payée au moment de remplir sa déclaration de revenus.

Combien ? On n’en sait rien, pas plus qu’on ne connaît le niveau du revenu familial à partir duquel les parents seraient appelés à contribuer davantage.

La formule est dénoncée à droite et à gauche, où on la qualifie de double imposition pour la classe moyenne.

On propose même d’ajouter un cinquième palier d’imposition pour trouver l’argent qui manque. Rappelons à ceux-ci que le premier budget Marois avait déjà haussé les impôts de ceux qui gagnent plus de 150 000 $.

Le programme de garde n’est pas universel puisqu’il touche seulement la moitié des enfants d’âge préscolaire. La question qui se pose ici comme pour la plupart des services publics, à l’exception des programmes vraiment universels et gratuits de santé et d’éducation, est de savoir quelle proportion des coûts l’État doit assumer pour les routes, les transports collectifs, l’université, les médicaments, etc. ?

Certains répondront 100 % à cause de l’aspect essentiel de chacun de ces services. Mais cela implique de faire porter la totalité du fardeau par les 60 % de contribuables qui gagnent des revenus de marché suffisants. Un choix qui ne serait pas sans conséquence sur la motivation des individus à travailler et sur la santé du pacte qui lie l’État aux classes productives.

À l’autre bout du spectre, d’autres voudraient que les individus paient eux-mêmes le panier de services qui leur convient, avec ou sans l’aide de l’État.

L’arbitrage est difficile. Il repose sur les épaules des élus, selon leur orientation politique, le mandat reçu lors des élections, l’état de l’opinion publique et celui des rapports de forces en présence.

En décidant d’équilibrer son budget l’an prochain dans un contexte économique difficile, le gouvernement Couillard se doit de présenter un portrait complet des changements qu’il envisage pour alimenter un débat global. Or, en laissant fuir des informations partielles comme autant de ballons d’essai au lieu d’attendre les recommandations des deux commissions de consultation mises sur pied, il crée un climat malsain qui le fait voir comme un gouvernement pris de panique qui tire dans toutes les directions.


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