Projet de loi sur la laïcité de l'État québécois

Place à la majorité!

Et pourtant, le gouvernement Legault ne fait que réaliser une promesse électorale

070215e86ae9d8e95300fefd2d97a763

Tribune libre

En campagne électorale la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée à proposer un projet de loi sur la laïcité de l’État qui s’appuie sur l’interdiction du port de signes religieux chez les employés de l’État en ligne d’autorité, y compris les enseignants.


Or, il s’avère que le projet de loi 21, une fois présenté par un gouvernement qui a obtenu une majorité des suffrages de la part de l’électorat québécois, donne l’impression qu’il émane de nulle part et qu’il suscite des contestations telles de la part de certains groupes qu’ils semblent sortir d’une autre planète. Et pourtant, le gouvernement Legault ne fait que réaliser une promesse électorale, une démarche que bien des gouvernements antérieurs laissaient dans le placard, une fois élus.


Par ailleurs, le dernier sondage révèle clairement qu’une grande majorité des Québécois sont en faveur du projet de loi tel que présenté. J’en déduis donc que les contestations proviennent d’une minorité de citoyens. Or, dans une démocratie qui se respecte, il est de circonstance que la règle de la majorité (1) l’emporte sur la minorité et que cette dernière se rallie autour de la majorité.


Alors, pourquoi en serait-il autrement en ce qui concerne le projet de loi sur la laïcité de l’État québécois? Pourquoi les travailleurs de l’État en fonction d’autorité ne s’abstiendraient-ils pas de porter des signes religieux ostentatoires qui vont à l’encontre d’une laïcité dont l’objectif premier est de séparer la religion de l’État?


Information complémentaire (1)


« La règle de la majorité est définie comme  (...) une sorte de convention de guerre, laquelle a pour objet, premièrement, de borner la lutte au domaine de l'intelligence et des passions en excluant toutes voies de fait ; secondement, d'obtenir la soumission volontaire des vaincus du scrutin qui doit décider comme ferait ailleurs la force, et par là d'affirmer et de conserver le fait social (...)Issu de l'impossibilité pratique de la paix complète et de la société pure, ce droit est une convention qui fonde la paix possible et la société possible, vise à les affermir, et même à les étendre, en se prêtant à la manifestation de l'unanimité dans la mesure où elle tend à se produire. » 



Charles Renouvier, philosophe français (1815-1903)

 


Catherine Dorion: la métamorphose


Je me souviens d’un temps pas si lointain où je lisais avec un plaisir toujours renouvelé les billets de Catherine Dorion sur cette tribune libre. L’indépendantiste convaincu avait le don de trouver les formulations colorées pour nous décrire ou ses élans souverainistes ou ses frustrations eu égard au fédéralisme.


À cet effet, je vous propose un extrait du discours prononcé par Catherine Dorion à l'occasion du 50ème du RIN le 10/09/10, et publié sur cette tribune le 18 septembre 2010 sous le titre Avancer malgré le trac.


« …Mais en même temps je me dis : « aye, wo ». En 1960 l’avenir de l’humanité n’était pas en meilleure posture, on répétait partout que ce qui nous attendait au prochain tournant c’était l’hécatombe nucléaire. Et puis en 1960 les indépendantistes québécois étaient au plus quelques centaines; aux élections de 1966 ils n’étaient même pas 10%! On envie les membres du RIN parce qu’alors tout était à faire, mais justement : tout était à faire. À nous il ne reste que le dernier mille à faire et dans un sens c’est nous qui sommes les plus chanceux, parce qu’avec un peu de courage et un peu d’intelligence on pourra profiter de ce que d’autres ont mis tant d’efforts à préparer sans jamais, pour beaucoup d’entre eux, pouvoir y goûter. On dit tout le temps que les baby-boomers ont tout pris – mais avec tout le poids de leur génération ils ont aussi semé quelque chose de grand pour nous et c’est à nous d’en faire la récolte. 10% en 1960, 40% en 1980, 50% en 1995 où deux millions trois cent mille personnes ont dit « OUI JE VEUX LE QUÉBEC POUR PAYS ». Juste le nombre de ceux qui ont voté OUI c’est plus que le nombre d’habitants d’une bonne cinquantaine de pays dans le monde. Mais comme il nous faut la majorité on a quoi, 1% à aller chercher? En 1960 c’était 90% qu’il fallait aller chercher!... » 


https://vigile.quebec/articles/avancer-malgre-le-trac


Depuis lors, les temps ont bien changé comme en fait foi la position « multiculturaliste » de Québec solidaire sur la laïcité et pour lequel la députée de Taschereau, Catherine Dorion, milite activement. Où sont passées les valeurs identitaires de celle qui vouait une admiration sans bornes aux membres du RIN pour leur engagement dans la promotion de l’indépendance du Québec? Pourquoi endosse-t-elle aujourd’hui une position mondialiste au détriment de notre propre identité en tant que nation? Où sont passées les grandes envolées oratoires de Catherine Dorion sur sa soif de l’indépendance du Québec?


« OUI JE VEUX LE QUÉBEC POUR PAYS »… Si on demandait aujourd’hui à Catherine Dorion de nous définir quel pays elle souhaite pour le Québec, quelle serait sa réponse? À quel « oui » nous inviterait-elle à adhérer?



Henri Marineau, Québec 


Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2093 articles

  • 1 472 374

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé