Nous savons maintenant qu’en raison des délais rapides d’implantation de la vente légale de marijuana, nous n’aurons pas le temps d’en produire du québécois. Les premiers clients de la SQC (Société québécoise du cannabis, apprenez-le !) en juillet prochain fumeront vraisemblablement en grande partie du produit ontarien.
Progressivement, une production québécoise va se mettre en place, une production qui se fera entièrement en serres. Les propositions de la Fédération des producteurs en serre sont cruciales. Pour éviter que cette manne ne profite qu’à une poignée de nouveaux barons du pot !
Très payant !
Commençons par mesurer l’ampleur de la manne. Pour vous donner une idée, on évalue la valeur de la production requise à près de 500 millions annuellement. Par comparaison, la totalité de tous les légumes et fruits issus des serres du Québec au cours d’une année s’élève à... 100 millions.
Vous avez bien compris : le pot va représenter d’un seul coup cinq fois plus de bidous que tout ce que livrent nos serres ! Cela nous rappelle que nous avons une piètre politique agricole et que nous importons trop. Nous pourrions produire bien plus, surtout avec les surplus d’Hydro-Québec.
Néanmoins, l’arrivée du cannabis constitue une explosion du potentiel de culture en serre. Combien en superficie de plancher en serre faudra-t-il pour produire cette précieuse marijuana ? Selon les experts, environ un vingtième (1/20) des superficies actuelles.
En résumé, le pot est tellement lucratif qu’avec un vingtième de nos superficies en serre, on obtiendra une production valant cinq fois la valeur totale actuelle. Mathématique simple : la culture du pot en serre est presque CENT fois plus payante que la moyenne des autres cultures.
Une poignée de millionnaires ?
Donc, lorsque le gouvernement attribuera un permis spécial tant convoité à un producteur de cannabis, il lui fera tout un cadeau. Le gouvernement, en tant qu’émetteur de ces permis en or, aura la possibilité de mettre au monde des magnats de la marijuana, qui vont imprimer de l’argent.
Et si l’on décidait plutôt que l’on donnera des permis plus petits à des producteurs existants ? Si l’on décidait que ceux qui veulent obtenir un permis pour la marijuana devraient se lancer aussi dans d’autres productions en serre ?
Si l’on décidait qu’au lieu de créer une poignée de gras dur avec ce nouveau marché on en profitait pour développer les serres, un secteur négligé de notre politique agricole ? Répartir la manne entre plusieurs producteurs dans plusieurs régions ?
Peut-être que cela ferait des déçus. Il semble y avoir des amis du Parti libéral de Justin Trudeau qui sont prêts à passer à la caisse. Ces gens-là salivent tellement qu’ils pourraient arroser tous les plants de marijuana du pays.
Est-ce une politique sage de leur donner la poule aux œufs d’or ?
Si le ministre de l’Agriculture Laurent Lessard voulait redorer son blason et faire oublier le fiasco de la tempête, il pourrait devenir le champion d’une stratégie de développement de la culture en serre... par le pot.