Arrêté et libéré sans accusations, Guy Ouellette accuse l’UPAC et son commissaire Robert Lafrenière d’intimider les parlementaires en le coffrant sous de faux prétextes.
«Les évènements de [la semaine dernière] m’emmènent à penser que l’UPAC va tout faire pour me museler, museler un parlementaire, pour que je ne puisse pas [...] informer la population de toutes les manœuvres d’intimidation qui ont cours présentement par cette même unité», a lancé M. Ouellette au micro de Bernard Drainville au 98,5 FM.
Cette entrevue-choc diffusée lundi a été enregistrée vendredi lorsque M. Ouellette s’est réfugié dans les bureaux de Cogeco Média à Montréal en se disant sous filature policière.
Il accuse aussi l’UPAC d’avoir poussé le gouvernement à renouveler le mandat du commissaire Lafrenière en 2016 en l’intimidant avec l’arrestation de Nathalie Normandeau le jour de la présentation du budget. «On a forcé la main du gouvernement [...]. Les gens se sont sentis intimidés pour renouveler M. Lafrenière», a indiqué M. Ouellette. Le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a nié cette affirmation.
M. Ouellette croit également que c’est grâce à l’intimidation que l’UPAC compte inciter l’adoption «à toute vapeur» d’une pièce législative qui lui donne le statut de corps de police indépendant. «[M. Lafrenière] sera encore moins imputable», a-t-il dit. À la suite de la diffusion de son entrevue, le gouvernement Couillard a annoncé qu’il mettait le projet de loi 107 sur la glace le temps de trouver un mécanisme de reddition de compte efficace.
«Je me suis fait "framer"»
M. Ouellette a été arrêté mercredi dernier par l’UPAC et n’est officiellement accusé de rien. Il a révélé que l’UPAC le soupçonne d’entrave à la justice, abus de confiance et complot.
«Jamais dans 100 ans je n’aurais pu croire que je me serais fait “framer” comme je me suis fait “framer”. Je ne pensais jamais qu’en 2017 ça pouvait se faire encore, particulièrement pour un élu de la population qui ne fait que son travail. Je dérange probablement le commissaire (...) son institution», a-t-il affirmé.
L’ancien policier Ouellette croit aussi que son arrestation a été coulée par l’UPAC pour intimider les autres parlementaires. «Pensez-vous que mes 124 collègues de l’Assemblée nationale sont gros dans leur culotte? Pensez-vous qu’ils sont à l’aise de faire leur travail? Pensez-vous qu’ils sont à l’aise de recevoir un citoyen dans leur bureau qui veut dénoncer des pratiques d’enquêtes douteuses de l’UPAC? La réponse c’est non», a-t-il lancé.
Selon Bernard Drainville, le député Ouellette, maintenant indépendant, a donné cette entrevue de crainte d’être arrêté à nouveau avant de pouvoir livrer sa version des faits. Il aurait l’intention de venir à l’Assemblée nationale pour déballer son sac à l’abri des poursuites judiciaires.
Deux citations marquantes de Guy Ouellette
«J’ai enjoint le premier ministre de ne pas plier devant l’intimidation, de ne pas se laisser imposer le choix de renouveler le commissaire. Le lendemain, le gouvernement renouvelait le mandat du commissaire.»
«Les demandes ont été faites par les partis d’opposition pour les résultats d’une enquête de harcèlement à l’UPAC. Vous l’avez vu, la réponse, un rapport de neuf pages totalement caviardé. On empêche les parlementaires dûment élus de faire leur travail. On rit tout simplement des parlementaires.»