Il y a plus de cinq ans, je proposais au commissaire du Commerce de l'Union européenne (UE) de l'époque, Peter Mandelson, qu'il serait opportun que l'Europe s'engage dans une négociation pour un partenariat économique élargi entre le Canada et l'UE. Les négociations multilatérales de l'Organisation mondiale du commerce (cycle de Doha) venaient d'échouer et l'UE allait devoir proposer une nouvelle politique commerciale à ses États membres.
Plusieurs raisons plaidaient et plaident encore aujourd'hui en faveur d'une telle entente entre le Canada et l'UE.
Premièrement, l'UE négocie avec un pays qui, de manière générale, partage les mêmes valeurs que ses États membres. Cette négociation est une occasion unique de créer une nouvelle génération de traités et de tirer le meilleur parti possible de la globalisation respective de nos économies.
Cette entente pourrait par ailleurs innover en prévoyant des dispositions, même si elles sont modestes, en regard de la mobilité de la main-d'oeuvre de part et d'autre des continents et s'inspirer de l'entente la plus progressiste au monde conclue en 2008 entre la France et le Québec.
De plus, une telle entente nous permettrait non seulement de traiter tous les enjeux du commerce (tarifs, règles d'origine, investissements et marchés publics entre autres), mais également d'aborder les dimensions humaine et sociale de nos relations, notamment par le biais de l'environnement, de la recherche, de l'innovation et de la culture.
Pour nous Québécois et Canadiens, l'ouverture de nouveaux débouchés commerciaux dans un marché de la taille de l'Europe devrait contribuer à une plus grande diversification de notre économie et donner une nouvelle impulsion au développement de nos entreprises et de leurs produits et services.
Pour les Européens, cette négociation revêt aussi un caractère stratégique. La perspective d'une entente présente en effet une occasion unique pour l'UE d'entrer dans le marché de l'ALENA par l'entremise d'une relation privilégiée avec le Canada et de bénéficier, à terme, du vaste marché nord-américain.
Plus de quatre ans après le lancement de ces négociations d'envergure, nous y sommes presque. Bientôt, le Canada et l'UE devraient annoncer la conclusion d'une entente de principe. Dès lors, le Canada sera au centre d'un vaste marché, membre de la zone ALENA et ayant un accès unique à l'UE.
Le premier ministre britannique David Cameron a fait inscrire le lancement des négociations entre les États-Unis et l'UE à l'ordre du jour de la réunion du G8, les 17 et 18 juin prochains. Comme prévu, l'UE amorcera les négociations bien préparée, grâce à une entente canadienne sur le point d'être conclue.
Cela pourrait ouvrir la voie à la création d'une des plus importantes zones économiques de libre-échange de la planète, réunissant près de 850 millions d'habitants et représentant plus de 45% du PIB mondial et le tiers du commerce.
Dans un monde où les économies sont de plus en plus interdépendantes, chaque pays doit veiller au renforcement et à la fluidité des échanges commerciaux. La montée en puissance de la Chine (et de tous les pays émergents), tant au plan économique que politique, pèsera de tout son poids dans la décision des États-Unis et de l'UE d'entamer des négociations commerciales dans le but de conclure une entente visant réciproquement un plus grand accès à leurs marchés respectifs.
Si nous souhaitons promouvoir nos intérêts économiques et nos valeurs démocratiques communes, défendre la souveraineté de nos États et garantir un avenir prospère à nos enfants, il faudra plus que jamais développer des alliances et travailler ensemble.
Le Canada, incluant le Québec, est bien placé pour témoigner de l'importance et de l'influence de telles ententes commerciales sur nos vies de tous les jours, nous qui avons prospéré et grandi en ayant comme voisin les États-Unis, première puissance de la planète.
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