Le ministre Laurent Lessard ne sera pas candidat aux prochaines élections provinciales, a appris Le Journal, tandis que son collègue David Heurtel refuse de démentir les rumeurs à son sujet.
Selon nos informations, le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, a pris sa décision depuis plusieurs semaines. Interrogé à l’entrée du caucus libéral mardi, le principal concerné a toutefois refusé de confirmer ces informations, se disant toujours en réflexion.
«Ma réflexion n’est pas terminée, et quand je l’aurai faite, je vais choisir les moyens appropriés [pour vous l’annoncer]. Après 15 ans [en politique active], c’est normal que je me pose la question», a-t-il indiqué en mêlée de presse.
Selon plusieurs médias, le ministre de l’Immigration, David Heurtel, aurait également décidé de ne pas se porter candidat l’automne prochain. Ce dernier a toutefois refusé de répondre aux questions mardi, entrant au caucus libéral sans adresser un seul mot aux journalistes.
Ces départs annoncés s’ajoutent à celui des ministres Martin Coiteux, Jean-Marc Fournier et Stéphanie Vallée, qui ne solliciteront pas, eux non plus, un autre mandat. Au total, 12 députés libéraux ont annoncé qu’ils ne seraient pas candidats en 2018.
Élu de longue date
Élu depuis 2003, le député de Lotbinière-Frontenac a chapeauté plusieurs ministères au cours de sa carrière politique.
Laurent Lessard a eu un parcours pratiquement sans faute jusqu’en 2016, lorsqu’il a été appelé à remplacer le regretté Jacques Daoust à titre de ministre des Transports.
Une histoire de conflit d’intérêts pour une subvention gouvernementale versée à l'un de ses proches collaborateurs avait alors fait les manchettes pendant plusieurs semaines.
Le Journal avait révélé qu’Yvon Nadeau, qui avait travaillé pour le ministre pendant plusieurs années, avait obtenu une subvention du gouvernement libéral pour son entreprise forestière au moment où Laurent Lessard occupait le siège de ministre des Forêts.
Couillard se veut rassurant
À l’entrée de son caucus mardi matin, le premier ministre Philippe Couillard a refusé de faire un lien entre ces départs et une baisse du moral des troupes à la suite de sondages défavorables. «Non, vous avez ça chaque fois qu’il y a une élection, a dit le chef du PLQ. Je dirais qu’en 2014, j’avais de loin la meilleure équipe sur la glace. Ce sera la même chose en 2018.»
«Vous savez, la politique, c’est un parcours qui est exigeant et difficile pour les personnes, pour ceux qui les entourent. Il faut s’attendre à ces choses-là, de plus en plus», a-t-il ajouté.
Philippe Couillard a également démenti formellement les rumeurs suivant lesquelles sa conjointe souhaiterait qu’il quitte la politique. Il assure qu'elle lui apporte toujours son appui. «Bien sûr, bien sûr. Et si je n’avais pas cet appui, je ne serais même pas venu en politique», dit-il.
«Fin de régime»
Du côté de l’opposition, le chef péquiste estime que ces départs évoquent une «fin de régime» libéral.
Jean-François Lisée y voit plusieurs raisons. «Il y a le fait que ces personnes-là pensent perdre leur emploi le 1er octobre, soit perdre l'élection dans leur comté, soit perdre leurs responsabilités, dit-il. Il y a aussi le fait que l'équipe libérale n'est pas soudée, que les gens ne veulent pas rester dans cette équipe. Il y a quelque chose de malsain dans cette équipe qui fait en sorte que les gens sont prêts à partir en nombre assez considérable.»
En tête dans les sondages, la CAQ a fait preuve de retenue dans ses commentaires sur la vague de départs au PLQ. «Ces députés ont fait le travail qui leur a été demandé. Est-ce qu’ils ne souhaitent pas continuer de travailler pour Philippe Couillard? Je ne le sais pas. C’est à eux qu’il faudrait poser la question», a commenté le leader parlementaire de la formation, François Bonnardel.