On savait, depuis deux semaines, que le rapport de la vérificatrice interne du ministère des Transports du Québec (MTQ), Louise Boily, avait été tronqué avant qu’il soit remis aux députés, en Chambre et en commission parlementaire, en deux versions différentes.
Louise Boily, qui relevait directement de la sous-ministre Dominique Savoie, avait été rétrogradée de la direction de l’audit à la révision des programmes, et les parlementaires n’ont pas encore eu accès à l’original de son rapport.
Or, mardi, on apprenait qu’au moins un document de l’enquêtrice, Annie Trudel, a subi le même sort. Elle a constaté, comme d’autres au MTQ, qu’il a été modifié, ce qui l’a forcé à envoyer une lettre aux députés membres de la CAP pour dénoncer cet état de fait. Elle doit avoir l’occasion de s’expliquer à la CAP, au même titre que Robert Poëti et Robert Lafrenière.
Les députés de l’opposition, déjà échaudés par l’arrogance du ministre Jacques Daoust et de sa sous-ministre, Dominique Savoie, qui les ont roulés dans la farine en leur présentant des documents tronqués, sont justifiés de demander des clarifications.
Et que fait le premier ministre ? Il appelle à la prudence ! Et son ministre des Transports, Jacques Daoust, lui, réplique par voie de conférence de presse pour tenter de discréditer Mme Trudel.
Or, de grosses questions subsistent :
1. Si le document de Mme Trudel (un tableau de 4 pages) a été modifié pour en faire 14 pages, qui l’a modifié ?
2. Mme Trudel a remis sa lettre de démission, le 4 avril dernier. Or, le document modifié au MTQ date du 26 mai 2016, soit plusieurs semaines après qu’elle eut quitté ses fonctions. Comment expliquer que ce document ait été modifié sans l’autorisation de son auteure, alors qu’elle ne travaillait plus au MTQ ?
3. Comment se fait-il qu’il ait été modifié a posteriori, une semaine après que la sous-ministre eut été questionnée en commission parlementaire, le 18 mai dernier ?
4. Jacques Daoust a affirmé, en conférence de presse, que c’est Mme Trudel qui a demandé d’avoir les commentaires de la sous-ministre, Dominique Savoie, par rapport à ce document. Exact, mais comment se fait-il que les modifications aient été apportées plus de 6 mois après qu’elle ait envoyé son courriel en date du 23 novembre 2015 ?
5. Le courriel dévoilé par le ministre Jacques Daoust, en conférence de presse, faisait-il partie des documents contenus dans la clé USB remise à l’UPAC ? Si oui, comment se fait-il que le ministre rende public un document qui a été refusé aux parlementaires par le commissaire de l’UPAC et qui leur sera éventuellement déposé, en commission parlementaire, à huis clos ?
Ce que la saga du ministère des Transports du Québec nous révèle à ce jour, c’est que le gouvernement libéral est assis sur des pattes d’argile en ce qui a trait son intégrité. Une telle vulnérabilité est un signal alarmant pour le PLQ, qui est, de tous les partis politiques, le plus visé par les allégations de collusion et de corruption.
Dans le contexte toxique de l’après-commission Charbonneau, on se serait attendu à ce que le premier ministre envoie un message clair à son entourage, à ses ministres et à ses sous-ministres de faire une lutte, sans merci, à la corruption et au trafic d’influence, dans l’ensemble de l’appareil gouvernemental. Or, il n’en est rien.
Nous assistons, depuis plus de deux ans, à un gouvernement sans gouvernail, sans plan et sans objectifs clairs, un gouvernement « en mode réaction », qui gère les affaires de l’État, à la petite semaine. Qu’à cela ne tienne, la méthode Couillard est infaillible, elle finit toujours par d’interminables séances de flagellation publique et de gestion de crise.
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