Fontaine, Hugo; Lessard, Denis - Marquée en grande pompe jeudi en présence du premier ministre Jean Charest, de Monique Jérôme-Forget, et de Raymond Bachand, l'arrivée de la firme financière Morgan Stanley à Montréal ne créera pas les 500 nouveaux emplois évoqués.
L'entreprise pourrait effectivement employer jusqu'à 500 personnes, comme on l'a dit en conférence de presse, mais 200 de ces emplois existent déjà dans la métropole chez Compuware, un sous-traitant de Morgan Stanley.
Ces emplois seront transférés chez Morgan Stanley. Investissement Québec a confirmé que leurs emplois sont admissibles au crédit d'impôt du gouvernement du Québec qui équivaut à 30% des salaires.
Ces 200 employés faisaient principalement du développement de logiciel à titre de consultants et consacraient 100% de leurs tâches à Morgan Stanley.
Depuis jeudi, Morgan Stanley emploie directement une bonne partie d'entre eux. Selon des sources fiables, les employés feront le même genre de travail dans des conditions similaires.
Au mieux 300 emplois
Selon ce qui a été annoncé jeudi, Morgan Stanley emploiera 300 personnes au départs, mais pourrait augmenter son effectif à 500 personnes dans les cinq prochaines années. Si le meilleur scénario se réalise, ce serait donc une création nette de 300 emplois. Dans le pire scénario, la création nette serait de 100 emplois.
Les communiqués de presse publiés jeudi ne faisaient nullement mention de "nouveaux emplois" ou de "création d'emploi". Celui de Morgan Stanley mentionnait l'existence d'une structure mise en place en partenariat avec Compuware.
Mais, répondant à une question d'un journaliste qui lui demandait s'il s'agissait de nouveaux emplois ou d'un simple transfert, le directeur général de Morgan Stanley, Jim Rosenthal, a répondu: "Nous procéderons à des embauches" ("We will be hiring.")
Dans une page de publicité commandée par Investissement Québec et publiée hier dans La Presse, il est écrit: "Tout le Québec est fier de l'arrivée de Morgan Stanley. Ce grand joueur du monde de la finance créera ici même jusqu'à 500 emplois grâce à un investissement de plus de 200 millions."
Depuis 2002, des employés de Compuware travaillaient pour Morgan Stanley en vertu du contrat d'impartition entre les deux entreprises. S'ils n'étaient que trois ou quatre au départ, le nombre d'employés a atteint un sommet de 250 vers 2006, selon une source interne. L'effectif a légèrement diminué par la suite.
"Nous les aurions perdus"
Les cabinets de Monique Jérôme-Forget et de Raymond Bachand ont confirmé que ces 200 emplois faisaient partie des 500 emplois annoncés jeudi.
"Dans la mesure où Morgan Stanley va les payer, ce seront de nouveaux emplois", dit l'attachée de presse du ministre Bachand, Manuela Goya.
"Il faut voir que si Morgan Stanley était allé ailleurs, nous aurions perdu ces emplois-là, dit Catherine Poulin, attachée de presse de Monique Jérôme-Forget. C'est pour ça qu'on parle de 500 emplois."
"Ce qu'on a vu et su avec Investissement Québec, c'est qu'ils auraient pu se départir de ces emplois. On consolide 200 emplois et on en fait 300, dit Manuela Goya. C'est comme ça qu'on le voit."
"Personne n'est de mauvaise foi", a-t-elle dit quand on lui a souligné que partout dans les médias, hier, on parlait de création de 500 emplois.
Selon une source bien informée, Morgan Stanley aurait toutefois perdu beaucoup d'expertise et de connaissances sur ces complexes systèmes informatiques si elle avait choisi cesser toute activité à Montréal.
Selon la porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland, le risque de perdre les 200 emplois n'a pas fait partie du calcul de l'organisme au cours des quatre ans de démarches pour attirer la firme.
Par l'entremise de son attachée de presse, Monique Jérôme-Forget a refusé de commenter. Le cabinet du premier ministre a renvoyé La Presse Affaires au bureau de Raymond Bachand, qui n'avait pas le temps de nous parler. Relancé en fin après-midi, on était clairement embarrassé au cabinet de M. Bachand, insistant pour qu'on s'adresse plutôt à Investissement Québec.
Chez Morgan Stanley, la relationniste Marie Ali a confirmé que certains employés de Compuware seraient engagés par la firme new-yorkaise, sans en préciser le nombre. Elle a demandé qu'on se concentre sur le nombre de 500 emplois.
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