Selon les organisateurs de la manifestation étudiantes, ils étaient 200 000 dans les rues de Montréal pour dénoncer la hausse des droits de scolarité.
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La réaction du gouvernement Charest
Relire le texte de Lisa-Marie Gervais: L'imagination au pouvoir
Plusieurs dizaines de milliers d’étudiants ont marché dans les rues de Montréal, cet après-midi, pour protester contre les hausses annoncées des droits de scolarité.
Pendant un long moment, le début de la manifestation atteignait l’angle des rues Sherbrooke et Berri, alors que la queue de la manifestation était encore à l’angle des rues Sainte-Catherine et Metcalfe. La manifestation devait faire plus d’un kilomètre et demi.
Au porte-voix, un des leaders de la manifestation a alors affirmé qu’ils étaient 129 000, puis la foule s’est mise à scander «200 000, 200 000». Selon les leaders étudiants, ils étaient 300 000 à boycotter leurs cours, cette journée-là, à travers la province.
La pluie s’est brièvement mise de la partie un peu après 15h30, ce qui n’a pas dissuadé les manifestants de poursuivre leur marche jusqu’à la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, lieu où devait se terminer le rassemblement.
Ils étaient certes nombreux et la manifestation s’est déroulée dans la bonne humeur, sous les habituels slogans «on veut étudier; on veut pas s’endetter» et le chant «les étudiants sont endettés, manifestons».
La marche a été continue; même devant leurs traditionnels points de rassemblement, comme le bureau du premier ministre Jean Charest ou ceux de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, les étudiants ne se sont pas arrêtés.
Il faut dire que les policiers à cheval, à bicyclette, à pied et dans divers véhicules étaient là pour surveiller non seulement la manifestation, mais aussi les lieux «névralgiques», sans compter les services de sécurité visibles à l’extérieur et à l’intérieur de plusieurs édifices.
Point culminant
Cette manifestation, qui a engorgé le centre-ville de Montréal, était le point culminant de la campagne contre la hausse des droits de scolarité, qui a commencé il y a plus d’un mois. En fait, dès le budget du printemps 2011 de Raymond Bachand où ces hausses avaient été annoncées, les premières protestations s’étaient fait entendre.
«Étudiants, syndicats et partis de l’opposition vont travailler en équipe, en étroite collaboration, pour mettre la pression qu’il faudra sur le gouvernement Charest pour trouver une issue à cette grève», a lancé le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, qui a rencontré la presse avant la manifestation.
«Ce qu’on veut c’est que l’éducation reste abordable pour les familles de la classe moyenne du Québec, qui, en ce moment, sont laissées pour compte par un programme de prêts et bourses qui est déficient», a-t-il ajouté.
Les premières «grèves» étudiantes ont débuté il y a environ un mois. Les hausses des droits de scolarité seront de 325 $ par année pendant cinq années consécutives, commençant l’automne prochain. Ces droits passeront ainsi de 2168 $ en 2011-2012 à 3793 $ en 2016-2017.
Manifestation matinale
Quelques centaines d'étudiants se sont d'abord réunis à la Place Émilie-Gamelin, qui est devenue au fil des manifestations leur lieu de rassemblement privilégié, promettant de commencer la journée par une action d'éclat ayant un impact économique.
Ils se sont alors rendus en métro dans l'est de la ville et se sont dirigés vers les entrées du Port de Montréal. De nombreux policiers ainsi que le service de sécurité du Port avaient toutefois bloqué les accès.
Les étudiants, après avoir joué au chat et à la souris avec les policiers dans les rues environnantes, sont revenus devant le Port et ont amorcé une marche vers l'ouest sur la rue Notre-Dame, principale artère reliant l'est de la métropole au centre-ville, causant à nouveau d'importants problèmes de circulation.
L'action se voulait la première d'une série de gestes des étudiants devant culminer par une manifestation majeure dans les rues du centre-ville.
Plusieurs associations étudiantes dressent par ailleurs des lignes de piquetage devant leur institution d'enseignement.
Les porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois et Jeanne Reynolds, affirment que si la mobilisation d'aujourd'hui ne fait pas plier le gouvernement, les associations membres de la Coalition détermineront la suite des moyens à adopter.
Le gouvernement Charest immuable
Pendant que ce temps, le premier ministre Jean Charest est demeuré inébranlable. À Québec, il a réaffirmé que la hausse des droits de scolarité était inéluctable.
De l'avis du premier ministre, les leaders étudiants ont tort d'accuser le gouvernement de faire la sourde oreille, eux qui avaient claqué la porte de la Rencontre des partenaires de l'éducation en 2010 pour ne pas débattre de l'augmentation des droits de scolarité.
«Ils ont choisi de boycotter la discussion, malheureusement. Depuis, nous avons fait une réflexion. Nous avons fait un choix fondé sur notre volonté d'avoir un système d'enseignement postsecondaire de calibre mondial et de se donner les moyens pour y parvenir», a dit M. Charest.
Le débat sur les droits de scolarité perdure depuis des années au Québec et la décision du gouvernement, longuement mûrie, «reflète une politique juste», a poursuivi le premier ministre.
Même après la hausse de 1625 $ sur cinq ans des droits de scolarité, l'effort financier des étudiants québécois sera moindre – en proportion – que celui exigé à la cohorte des années 1960, a-t-il justifié.
Au terme de l'exercice, ce sont les contribuables qui continueront d'assumer l'essentiel de la facture alors que la part des étudiants ne sera que de 17 % du coût total de leur formation, a insisté le premier ministre.
Plus tôt en matinée, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a de nouveau fait la leçon aux leaders étudiants à l'origine des entraves à la circulation et des gestes de «perturbation économique».
S'en prendre aux travailleurs qui paient la note n'aidera pas la cause étudiante, a-t-elle soutenu. «C'est un peu mordre la main qui nous nourrit. Les étudiants disent: "je ne veux plus rien payer du tout ou je ne veux pas augmenter ma contribution". Mais l'argent doit venir de quelque part. Si on nuit à l'activité économique, si on empêche des gens d'aller au travail, c'est carrément mordre la main de celui à qui on veut refiler la facture», a a dit la ministre.
Les enjeux occultés, dit Khadir
Pendant qu'il est question de coups d'éclat et de blocus des voies publiques, les vrais enjeux du débat sont occultés, a de son côté déploré le coporte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir.
«Le débat aujourd'hui, c'est le débat sur l'avenir de l'éducation, l'accessibilité de l'éducation, l'avenir de tout le Québec. Tout le reste, ces histoires de contestation, de manifestation, de blocage de pont, de quelques grabuges ne font que dévier du véritable enjeu», a argué le leader de gauche en point de presse.
S'il ne cautionne pas «tout le détail de ses actions», le député de Mercier s'est dit "fier" de l'engagement de sa fille, interceptée par la police après avoir participé mardi au blocage du pont Champlain sur la Rive-Sud de Montréal avec un groupe de manifestants.
«Je suis solidaire de ma fille, j'aime ma fille et je suis fier de ce qu'elle fait. Elle est très engagée, c'est ce qu'elle a reçu comme éducation de ses parents. [...] Si elle a besoin de moi pour payer sa contravention, je vais la payer», a-t-il dit.
Le premier ministre a quant à lui décoché quelques flèches en direction de sa vis-à-vis de l'opposition péquiste, Pauline Marois, qui évite de révéler ses vues sur le financement des études postsecondaires.
Mme Marois promet en effet d'annuler la hausse décrétée par les libéraux une fois portée au pouvoir mais ne formule aucune proposition de rechange, si ce n'est la tenue d'un vaste sommet sur l'enseignement supérieur.
Le refus de Mme Marois de prendre position sur la question du financement universitaire est un «échec de sa part» et un «manque de leadership», a déclaré M. Charest.
«Après des années de débat, elle devrait être en mesure [de prendre position]. Je regrette infiniment qu'elle n'assume pas de leadership sur cette question et qu'elle choisisse d'écouter l'aile gauche», a-t-il relevé.
En vertu du rajustement annoncé par le gouvernement libéral, les droits annuels de scolarité au Québec passeront de 2168 $ à 3793 $.
Pour Mme Marois, il s'agit-là d'une augmentation «brutale» que n'ont pas les moyens d'encaisser les étudiants.
«Les jeunes ont parfaitement raison de se battre contre cette hausse. Aucun n'accepterait une hausse des tarifs d'électricité, de taxes ou d'impôts de 75 %», a-t-elle lancé à l'occasion d'une activité à Montréal.
En musique
Après la grande manifestation de l’après-midi, la journée doit prendre fin par un spectacle au Métropolis de Montréal, qui regroupera des artistes dont Paul Piché, Dan Bigras, Martin Léon, Jérôme Minière, Paul Ahmarani, Chloé Ste-Marie, Manu Militari, Nomadic Massive, Ivy et Paul Cargnello.
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