Ce dimanche 7 mai, jour du second tour de la présidentielle française, je pris un taxi afin de me rendre à la fameuse tour de Radio-Canada dans le but de débattre face à un partisan d’Emmanuel Macron. Je devais évidemment défendre Marine Le Pen dans un climat – disons les choses franchement – plutôt hostile aux idées patriotes et souverainiste. Malheureusement, en raison de l’émission spéciale de RDI sur les inondations, le débat fut retardé, puis en fin de compte, annulé. J’appris donc le résultat de la présidentielle française dans l’épicentre de la propagande fédéraliste du Québec : la salle des nouvelles de Radio-Canada.
J’eu donc le déplaisir d’endurer pendant environ une heure les commentaires incroyablement insipides de l’ancienne ministre péquiste – et maintenant chevalier de la Légion d’Honneur – Louise Beaudoin. Pour être franc, je rigolais en mon fort intérieur en entendant cette pseudo-souverainiste se désoler de la montée des partis patriotes en Europe et féliciter le peuple français pour sa « sagesse » électorale. En fait, ces propos auraient pu être tenus par sa très fédéraliste amie, l’ancienne ministre libérale canadienne Liza Frulla. Symptomatique de l’état d’esprit qui anime l’establishment « souverainiste »; les positions européistes, fédéralistes et bassement consensuelles de Mme Beaudoin me rappelèrent l’état lamentable de l’analyse politique québécoise, et ce, au sein même du camp nationaliste.
Une rencontre inespérée
En rentrant dans le taxi qui devait me conduire à la tour de Radio-Canada, je remarquai le crucifix qui était suspendu au rétroviseur de la voiture. En entendant son accent, je savais que j’étais en présence d’un chrétien d’Orient. Dès qu’il comprit où nous nous dirigions, le chauffeur me demanda si j’allais participer à une émission de télé. Je décidai de déballer l’affaire : j’allais défendre Marine Le Pen lors d’un débat contre un sympathisant de Macron.
Il se montra tout de suite sympathique.
Le chauffeur me parla de la faiblesse des derniers présidents Sarkozy et Hollande et du fait que Macron lui semblait un homme faible en raison de son mariage avec une femme pouvant avoir l’âge de sa mère. Il évoqua également le refus de Marine Le Pen de se couvrir la tête d’un voile lors de son passage au Liban. Je lui demandai donc tout naturellement s’il était Libanais. Je m’étais trompé de quelques kilomètres. Il était Syrien.
Je n’eus pas à trop approfondir la conversation sur l’état catastrophique actuel de la Syrie, puisqu’il me déclara tout de go : « Moi monsieur, je suis avec notre président ». J’approuvais sa déclaration en lui disant que les Occidentaux étaient devenus fous sur la question syrienne et que le départ de Bashar Al-Assad serait du pain béni pour tous les islamistes de la région. Il me répondit simplement que la non-soumission aux Américains faisait de tout dirigeant arabe un dictateur, alors que l’alliance avec les États-Unis rendait des pays despotiques – tel l’Arabie saoudite – fréquentables d’un point de vue médiatique.
La messe était dite. En sortant de la voiture, je lui lançai un « Vive le Québec ! Vive la France ! Vive la Syrie ! » avant de m’engouffrer dans la tour de la société d’État canadienne. J’entrais dans le temple fédéraliste du Québec avec l’impression d’avoir – à mon échelle – le devoir de défendre les positions pleines de bon sens de ces chrétiens d’Orient malmenés par la politique internationale catastrophique de la France et de l’Occident.
Un quinquennat pénible
En voyant l’annonce des résultats sur un des écrans de la salle de nouvelle, je me suis immédiatement dit que les Français venaient de s’acheter un autre quinquennat très pénible. Ils ont en effet optés pour plus d’immigration massive, plus d’insécurité, plus de Djihad, plus d’Union européenne, plus de déconstruction nationale, plus d’inféodation à l’Allemagne et aux États-Unis et plus de soumission à l’ordre néolibéral actuel. Car ne soyons pas dupes, l’élection d’Emmanuel Macron ne représente en rien une rupture avec les politiques passées, mais bien une continuité, voire une radicalisation des politiques du mandat de M. Hollande, qui était lui-même en continuité totale avec la présidence Sarkozy.
Il est assez clair que sous Macron, nous aurons droit à une poursuite de la provincialisation de la France dans l’Union européenne, une tendance lourde depuis des décennies qui ne fera que s’accélérer avec ce nouveau président. Macron souhaite créer un ministère des finances européen et intégrer des élus français locaux aux institutions européennes. C’est le président qui affiche des convictions fédéralistes les plus décomplexées de toute la cinquième République.
D’ailleurs, s’étant débarrassé de l’épithète « socialiste », la gauche française pourra pleinement assumer son tournant libéral et devenir une sorte de parti démocrate à l’américaine, abandonnant pour de bon les classes populaires et devenir le parti des minorités ethno-confessionnelles et des classes urbaines bobos et mondialisées. La fracture politique entre les déçus et les enthousiastes de la mondialisation ne risque pas de se refermer de sitôt. En 2022, lors de la prochaine présidentielle, la France sera probablement encore plus divisée, tendue et délabrée.
La suite des choses pour les patriotes
Considérant le niveau d’hostilité médiatique entourant la candidate patriote, il est tout de même encourageant de constater que le tiers des électeurs ayant exercé leur droit de vote ont donné leur soutien à Marine Le Pen. Enthousiasmés par la victoire du Leave lors du référendum britannique et par la victoire de Donald J. Trump, certains patriotes ont peut-être étés naïfs quant à la capacité réelle de Marine Le Pen d’affronter quasiment à elle seule l’ensemble de la classe politique, des médias et des institutions françaises.
Face à ce résultat, Mme Le Pen a annoncé une recomposition majeure du Front National qui se transformera sans doute en une coalition beaucoup plus large. On invoque maintenant ouvertement la fin du FN et la création d’un nouveau parti patriote. Car ne nous leurrons pas, le nom Front National demeure rédhibitoire pour de nombreux Français qui sont sensibles aux idées identitaires et souverainistes, mais demeurent méfiant face au passé sulfureux du parti. Le départ de la députée Marion Maréchal-Le Pen et le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan permettent de penser qu’une recomposition majeure au sein du camp patriote est en train de se produire. Personne ne sait encore ce qui en résultera, mais le camp souverainiste risque d’être grandement transformé dans les prochaines années.
Le troisième tour
Les 11 et 18 juin prochains, les Français seront appelés à élire leurs députés à l’Assemblée nationale alors que se produit un bouleversement majeur de la scène politique. Avec un président sans réel parti, une droite en crise de leadership, un Parti Socialiste mort-vivant, une extrême-gauche en pleine ascension et un camp patriote récoltant 33% des voix, les élections législatives françaises pourraient nous réserver de nombreuses surprises.
Avec un tiers de l’électorat de son côté, et des régions où le vote en faveur de Marine Le Pen a dépassé les 50%, le camp patriote pourra largement faire élire plus que les deux députés actuels, alors même que le système électoral lui est défavorable. Sachant que le soi-disant « Front républicain » n’a pas réellement fonctionné à la présidentielle, il est tout à fait possible de concevoir que ce sera la même chose aux législatives et que la gauche radicale n’appellera pas à faire barrage aux candidats patriotes.
Dans ce contexte d’effervescence politique, les souverainistes français pourraient bien avoir une chance d’envoyer un contingent non-négligeable de députés à l’Assemblée nationale afin d’imposer leurs thèmes à la caste politique française qui gouvernera le pays pour les cinq prochaines années. C’est en cette période de grands troubles qu’il est plus nécessaire que jamais de relever la tête afin d’affronter ce qui pourrait être le quinquennat le plus difficile que les Français aient à supporter depuis des décennies.
Hollande réélu
Macron président
La suite des choses
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 juillet 2017Scénario négatif
Quand, dans quelques années, les gens de partout comprendront que la France n’est plus qu’une succursale de l’UE, déconstruite par une propagande totalitariste violente (c'est-à-dire « culpabilisante »), où cohabiteront probablement deux nations, le tourisme en ex-France perdra l’essentiel de son intérêt et chutera fortement. Versailles ne sera plus Versailles mais le vestige d’une histoire piétinée, d’un suicide expiateur. Alors, un vestige en valant un autre, beaucoup préféreront aller photographier des temples mayas ou visiter des vignobles chiliens.
Scénario positif
Le gouvernement Macron est éjecté avant la fin de son mandat.
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2017Analyse très intéressante d’Alexandre Cormier-Denis.
« Il est assez clair que sous Macron, nous aurons droit à une poursuite de la provincialisation de la France dans l’Union européenne, une tendance lourde depuis des décennies qui ne fera que s’accélérer avec ce nouveau président. » (A. Cormier-Denis)
Très clair. La France, c’est le grand laboratoire du mondialisme. Elle est en pleine modélisation depuis des décennies, alors pas question de changer de cap maintenant, après avoir tant investi dans cette expérience de mise en tutelle. Ce qui inquiète le plus, c’est que les promoteurs de Macron viennent de démontrer qu’on peut facilement tromper un fort pourcentage de gens lorsque les médias se transforment en parti politique. Souhaitons que ce genre de “victoire » ne serve pas d’inspiration pour les arrogants Couillard et Justin.
Le mot « provincialisation » décrit bien ce qui se passe en France. Il est d’ailleurs très étonnant de constater que les Français parlent encore de la France comme d’un pays. La France n’est plus un pays. Les bonzes de l’UE savent très bien que tant que les français penseront vivre dans un pays, l’utopie mondialiste pourra plus facilement y construire sa prison.
En terminant, je souhaite adresser mes voeux post-électoraux aux néo-colonisés français et françaises qui travaillent au Québec et qui ont voté Macron. Par association, ces vœux s’adressent aussi à tous les « souverainistes-mondialistes » du Québec, ce qui inclut un pourcentage déplorable de péquistes confus et confuses.
« Félicitations pour cette victoire du Canard Enchaîné, du Figaro, de Libération, etc…. Vous pouvez désormais être rassurés sur l’avenir de la province de France. Mais oui, car si un jour, au moindre petit sursaut souverainiste, l’UE envoyait sa future armée à Paris, comme le gouvernement fédéral d’Ottawa avait envoyé son armée à Montréal en octobre 1970, vous n’aurez rien à craindre puisque l’ex-France sera alors tellement communautarisée, tellement divisée, tellement babelisée que tout soulèvement général sera devenu impossible. Ce soir là, à la télé, un idiot utile viendra vous dire de ne pas vous inquiéter car il s’est donné pour mission présidentielle d’apaiser « la colère » des hommes et des femmes souverainistes. Ce sera le classique diagnostique diabolisant pour laisser sous-entendre que les souverainistes ont perdu le contrôle de leurs émotions (« colère »), qu’ils sont atteints de pathologies très graves, soient la fermeture sur le monde et le « racisme », qu’ils sont coupables aussi d’ingratitude envers leurs maîtres de l’UE qui font tout pour les rendre heureux, coupables finalement de vouloir être Français dans un vrai pays, un pays souverain. »
Marc Huber Répondre
15 mai 2017Je viens d'écouter un physicien traiter de la masse noire qui composerait 90% de l'univers. Elle est là. Elle est importante. Mais malgré cela, nous avons élaboré durant des nombreuses années différentes théories sans en faire mention. Que dire de la politique? La présidentielle de Macron est composée de 75% de masse noire. 40 % provient de l'abstention et 35 % du vote au FN. Devant ce fait, nous pouvons opter pour un accélérateur de particule pour agiter ce 75% (manif) ou espérer que Macron se positionne plus à droite pour l'éviter l'explosion en liant ses 25% d'électeurs à un consensus social. L'art de faire croire que ton 25% représente la majorité qui décide. Une recette qui marche très bien au Québec.
Archives de Vigile Répondre
13 mai 2017C'est le nom du Front National qui pose problème et le fait qu'il a été un parti d'extrême-droite sous le règne du père de Marine LePen.
Ce parti doit disparaître pour le bien de la France car il est catalogué extrémiste et radicale et un parti du Peuple ni de gauche ni de droite mais qui veut reprendre le contrôle du pays et de l'État français doit le remplacer.
Les Français ont aussi rejeté la rupture avec l'Union Européenne et la victoire de Macron veut dire cela et le rejet de l'extrême. Il sera le Président en attendant une véritable alternative. La France va devoir avec l'Allemagne réformer l'Europe et négocier la sortie de la Grande-Bretagne.
L'Europe va devoir limiter la mise en commun à quelques domaines comme un meilleur contrôle de ses frontières et des douanes, une gestion de la dette commune plus efficace et des mesures pour améliorer la productivité de tous les pays de la zone Euro, créer une véritable monnaie européenne libérée de la création monétaire par les banques privés et envisager sa cohabitation avec les monnaies nationales ou locales qui pourraient avoir un rôle. Les pays de l'union doivent aussi rendre plus démocratique les institutions européenne et réduire la bureaucratie.
Archives de Vigile Répondre
11 mai 2017À la fin de son discours de victoire, Macron a clamé : "La France, je vais la servir en votre nom".
Quand on sait à quel point chaque mot d'un discours de ce genre est pesé, scruté, soupesé, ..., ça m'étonnerait que le choix de ces mots soit pur hasard, et je crois bien que ce que Macron disait réellement à la face de la foule à ses pieds, c'est:
"La France, je vais l'asservir en votre nom".
Marcel Haché Répondre
10 mai 2017Je l'ai écouté jaser Louise Beaudoin.Et je me suis dit que le mot péquisteux- dans ce cas-ci péquisteuse- n'était pas un vain mot. Quelle clairvoyance en effet .
Paraît que c'est cette sorte d'indépendantiste qui voulait faire l'Indépendance. Méchante misère.