M. Facal. Les vraies bêtises.
Dans son article de ce matin « Le dernier géant », M. Facal nous fait part de quelques bêtises, dont :
1) « Au Québec il y a les vrais & les faux progressistes… Lucien Bouchard expose l’irréalisme de ces derniers ». L’irréalisme est de continuer de croire que la croissance économique est sans fin (ce en quoi M. Bouchard, M. Facal, les Lucides sont des ardents défenseurs), que les ressources pour supporter cette dépendance sont illimitées. Nous savons tous & toutes, aujourd’hui, contrairement à nos croyances d’il y a 50 ans, que cela n’est pas le cas. D’ailleurs, nous avons déjà atteint cette limite. Nous nous dirigeons donc vers un précipice.
2) « M. Bouchard n’a jamais traité les Québécois de paresseux. Il a évoqué des statistiques… établissant notre faible productivité ». Or (1) :a) En 2009 le Québec a été le champion de l’augmentation de la productivité : 2 %, Ontario -0.3 %, la C.B. 1.2 %, l’Alberta -1.3 %. En 2010, un résultant décevant de +0.3 %;
b) En 2009, selon les calculs de M. Pierre Fortin, la valeur de la production par heure travaillée était de 44,79 $ au Québec et de 42,58 $ en Ontario;
c) Les Américains sont nettement plus productifs, avec un taux 53,12 $ par heure. Mais attention. Jacynthe Tremblay (2) explique cette performance : « Depuis 2001, la majorité des P.D.G. des entreprises américaines poursuivent deux objectifs : maximiser le rendement des actionnaires et encaisser des fortunes en options sur les actions. Pour y parvenir, ils ont licencié des milliers de travailleurs, accru les pressions sur les cadres, affaibli les syndicats, réduit la qualité des produits et du service à la clientèle… On détruit les entreprises, mais on est incroyablement productifs. » N’est-ce pas là une vraie bêtise?
Je ne suis évidemment pas aveugle en ce qui concerne les défis actuels & futurs (dans les 20 prochaines) du Québec. Par contre de communiquer que notre modèle économique, celui qui a créé nos problèmes et continue d’en créer a les solutions, est non seulement une bêtise, mais irresponsable. Il est inquiétant de noter que M. Facal, M. Bouchard et autres livrent tous le même message : « L’urgence pour le Québec d’augmenter sa productivité pour reprendre le chemin de la prospérité ». N’assistons-nous pas à un bel exemple de désinformation? Je vous laisse la réponse.
Si le « Productivisme » (qui oblige une augmentation constante du PIB) ne fonctionne plus, a-t-il une alternative?
Oui, la prospérité sans croissance.
1) C’est le titre d’un rapport britannique (3). Il contient d’excellents arguments pour en finir avec les idées reçues sur la productivité comme impératif de croissance et de prospérité.
2) M. Jean Gadrey(4), Alternatives économiques, « Nous pouvons améliorer notre bien-être tout en renonçant à chercher l’augmentation de la productivité. Cela implique une autre manière d’aborder l’emploi et le travail, & d’autres indicateurs pour piloter la société ».
3) Mme Dominique Méda (5), « Le progrès ne consiste pas à produire toujours plus. Une longue tradition philosophique a conduit à assimiler la croissance économique au progrès. Ce qui importe aujourd’hui c’est de prendre soin de notre patrimoine commun ».
M. Facal, M. Bouchard, vous avez un grand privilège, et je considère que la façon dont vous l’utiliser aveugle les québécois, les paralyse dans leurs réflexions. Vous nous éteignez.
Michel Aubin
Cultivateur
Twitter : f4Y maubin1
Facebook : http://www.facebook.com/michel.aubin.90
1. Extraits du récent livre de M. Jean-François Lisée « Comment mettre la droite K.O. » qui démontre le contraire. Notons que les données de référence proviennent de Statistiques Canada.
2. La journaliste Jacynthe Tremblay (auteur du Livre Comment la productivité a tué l’entreprise américaine).
3. Publié en 2009. Il a été rédigé par le très officiel commissaire au Développement durable du Royaume-Uni, M. Tim Jackson.
4. Professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1, publiait en décembre dernier un article dans la revue Alternatives économiques.
5. Directrice de l’Unité de recherche, Trajectoires, Institutions et Politiques d’Emploi au Cee, publiait un article en août dernier intitulé :
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
18 septembre 2012Nous parlez-vous de ce M. Facal qui n’arrive plus à suivre celui qui fut déjà son chef, Lucien Bouchard ? De ce chef progressiste qui est passé d’un parti progressiste, mais conservateur, fédéraliste aussi, à un autre parti progressiste, mais social-démocrate celui-là, et souverainiste en plus ?
Nous parlez-vous de ce M. Facal qui, pour des peccadilles, a demandé à la direction de Vigile.net de retirer ses textes en mémoire sur le site ? Si oui, on comprend alors qu’il s’agit du même M. Facal.
Alors, n’en doutez pas comme de son ancien chef : il s’agit véritablement d’un souverainiste. Mais il s’agit dans son cas d’un souverainiste qui aurait bien aimé que la C.A.Q. le soit aussi. Allez savoir pourquoi, il y a des souverainistes comme ça, qui préfèrent leurs ennemis à leurs amis. Khadir en est un autre comme ça, mais lui, c’est avec le N.P.D. qu’il chemine progressivement.
L’exemple vient de très haut. L’ancien premier ministre Bouchard, lui, n’a que des amis dans tout le spectre politique du Québec. Et s’il n’a pas été décoré à titre d’ancien premier du Québec par son compagnon d’armes Jean Charest, il peut garder espoir d’être décoré par le chef de son parti d’origine, à Ottawa, toujours aussi progressiste par ailleurs, à titre d’ancien chef de l’opposition officielle.
C’est Joseph Facal qui serait content.