Tous les yeux ont beau être tournés vers la campagne électorale fédérale (et vers le combat McCain-Obama), la politique provinciale nous offre un spectacle franchement divertissant ces jours-ci.
Jean Charest, jadis qualifié par plusieurs de «premier ministre du Québec le plus fédéraliste de l'histoire», marche désormais dans les traces de tous ses prédécesseurs et multiplie les reproches et revendications à l'endroit du gouvernement fédéral. De son côté, Mario Dumont, autrefois souverainiste puis chantre de l'autonomie du Québec, accuse M. Charest... de trop critiquer le fédéral!
La conférence de presse tenue lundi par le chef de l'Action démocratique était tout simplement surréaliste. Dans le but de démontrer que le premier ministre du Québec n'est pas sincère dans ses attaques contre les politiques du gouvernement Harper, M. Dumont a sorti du grenier la plateforme du Parti conservateur pour les élections de 1997, alors que M. Charest dirigeait ce parti. En ce temps-là (Mario Tremblay était alors l'instructeur du Canadien!), M. Charest prônait des compressions dans le budget de Patrimoine Canada, des sentences plus sévères pour les jeunes contrevenants et l'élimination du registre des armes à feu. «Sur le plan des convictions, on oubliera ça», a laissé tomber M. Dumont.
Soit, Jean Charest ne dit plus aujourd'hui sur ces questions ce qu'il disait il y a 11 ans. Qu'y a-t-il là d'étonnant ou de déplorable? Qui n'a pas changé d'idées sur diverses questions au cours des 11 dernières années? En tout cas, venant de quelqu'un à qui le qualificatif de «girouette» a collé à la peau, le reproche sonne particulièrement faux.
D'autant plus qu'en 1997, quel parti fédéral avait mérité la sympathie du chef de l'ADQ? «C'est le chef conservateur Jean Charest qui tient le discours le plus intéressant», disait M. Dumont à quelques semaines du scrutin...
Cela dit, sur le fond, Mario Dumont a raison de soulever une question qui n'a pas suffisamment retenu l'attention jusqu'ici: il est dans l'intérêt du Québec que le prochain cabinet fédéral compte un bon nombre de Québécois. Des ministres qualifiés, capables de faire efficacement valoir la perspective québécoise auprès de leurs collègues.
Les bloquistes rétorqueront que la présence de Québécois au sein du cabinet Harper n'a pas empêché les conservateurs de mettre un terme à certains programmes de soutien aux arts. C'est un fait. Le point de vue québécois ne triomphera pas toujours à Ottawa, pas plus que le point de vue d'une région donnée l'emportera toujours au conseil des ministres à Québec. Mais quel que soit le parti qui l'emporte le 14 octobre, s'il y a moins de Québécois au sein du cabinet ou si le futur premier ministre peut seulement choisir nos représentants parmi un petit nombre de députés, «ce sera un affaiblissement pour le Québec», comme le dit M. Dumont.
«Dans l'équilibre des rapports de force, quand vient le temps de débattre des grands dossiers économiques, ce n'est pas négatif d'espérer avoir, autour de la table du Conseil des ministres, un certain nombre de personnes qui vivent dans le Québec, qui le connaissent, qui l'aiment», a dit le chef de l'ADQ. C'est un aspect des choses que les électeurs québécois devront avoir à l'esprit au moment d'inscrire leur marque sur le bulletin de vote.
apratte@lapresse.ca
M. Dumont a raison
Élection Québec - 8 décembre 2008
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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