(Photo Archives AP)
Violaine Ballivy - La Montréalaise Louise Arbour rentre à la maison. Elle quitte aujourd’hui ses fonctions de haute commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Son mandat aura duré quatre années des plus chargées.
Juriste renommée, ancienne procureure du Tribunal international, celle qui a inculpé Slobodan Milosevic, osé décrié les États-Unis de George Bush, parcouru des dizaines pays pour jeter la lumière sur les abus et les insuffisances des systèmes juridiques du monde entier entend maintenant «se reposer».
Femme d’action et de terrain, Louise Arbour laissera un grand vide derrière elle. Quand elle annoncé son départ, à la réunion annuelle du Conseil des droits de l’homme, presque tous les représentants des 47 pays membres lui ont rendu un vibrant hommage.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a immédiatement déclaré qu’il avait été «extrêmement impressionné par l’immense courage» de la commissaire, qui «n’avait jamais hésité à s’exposer aux critiques des États ou d’autres entités».
Cette semaine, à la veille de son départ, les organisations humanitaires ont été tout aussi élogieuses. Elles s’en souviendront comme de celle qui a permis de doubler les effectifs du Haut Commissariat et donc de renforcer sa présence dans de nombreux pays. «Elle a été une vraie championne des droits de l’homme, et la remplacer ne sera pas facile. C’est une avocate puissante et formidable pour la protection des droits de l’homme», a relevé Amnistie internationale.
Née à Montréal en 1947, Louise Arbour est devenue mondialement célèbre en 1999 lorsque, procureure du Tribunal pénal international, elle a traduit en justice l’ancien chef d’État Slobodan Milosevic pour crimes contre l’humanité. Mais faire respecter les droits de l’homme sur la planète s’est révélé parfois plus difficile que de traîner en justice des criminels de guerre.
Le régime qu’elle s’est imposé pendant son mandat fut des plus exigeants. Du Darfour à Guantánamo, de l’Ouganda au Népal, Louise Arbour est allée partout, s’attirant souvent les foudres des pays dont elle critiquait la politique. En 2005, elle a même eu droit aux semonces des États-Unis quand elle a dénoncé le scandale des prisons secrètes de la CIA. «Rechercher la sécurité à tout prix peut créer un monde dans lequel nous ne serions en fait ni plus sûrs ni plus libres», avait-elle déclaré.
Mais puisque nul n’est prophète en son pays, le 17 juin dernier, le président du Conseil du Trésor du Canada, Vic Toews, a déclaré aux Communes qu’Melle était une «honte» en raison des propos qu’elle avait tenus à l’été 2006, durant la guerre au Liban. Elle avait dit qu’aussi bien Israël que le Hezbollah pourraient être accusés de crimes de guerre si des mesures n’étaient pas prises pour protéger la population civile.
Certaines de ces attaques, «extrêmement injustes», l’ont «blessée». «Ce travail est très dur», a-t-elle confié à l’AFP au moment d’annoncer son départ.
Les nouveaux défis
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, n’a pas encore désigné le successeur de Louise Arbour, mais elle voit déjà plusieurs défis pour lui.
Dans une entrevue publiée samedi dernier par le quotidien français Le Monde, elle s’est montrée très préoccupée par les conséquences de la crise alimentaire. «On ne va pas pouvoir continuer à accepter longtemps encore des inégalités aussi profondes et injustifiables entre les pays et à l’intérieur des pays. Face aux émeutes, le débat a porté sur les aspects économiques: protectionnisme, biocarburants, spéculation, etc. Qu’en est-il du droit à l’alimentation, du droit à un niveau de vie adéquat? (...) On a entendu les pays occidentaux se dire fermement engagés à prohiber le génocide... mais quelle est la différence entre un gouvernement qui tue une partie de sa population et un gouvernement qui la laisse mourir de faim ou de maladie par négligence criminelle?»
Quand vient le temps de parler de son avenir, Louise Arbour, mère de trois enfants, se montre plus avare de mots. «Jusqu’à maintenant, j’ai bien tenu mon engagement de ne prendre aucun engagement formel avant d’avoir pris de longues vacances et une longue période de réflexion, a-t-elle dit au Figaro. Je reviens à la maison.»
Louise Arbour rentre à la maison
Après un mandat chargé de quatre ans à la tête du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Louise Arbour entend désormais se reposer.
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