Foi de Jean-François Lisée, la modération a bien meilleur goût, surtout en matière de mises en demeure. Le député péquiste a ainsi félicité lundi son chef, Pierre Karl Péladeau, pour avoir réfréné ses ardeurs judiciaires.
« J’étais content de noter qu’il n’a pas fait de mises en demeure ni pour les libéraux ni pour La Presse ou Radio-Canada [qui ont fait des reportages sur les pratiques fiscales de Québecor], a lancé avec sérieux le député de Rosemont en marge d’une conférence de presse, lundi matin. Je pense que c’est la bonne décision. »
La réponse de M. Lisée suivait une question demandant ce qu’il pensait de la décision de M. Péladeau d’avoir mis en demeure la Coalition avenir Québec (CAQ), tout en menaçant de faire la même chose contre le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier.
Dans les deux cas, le chef péquiste n’avait pas apprécié des commentaires portant sur le financement du futur Institut québécois de recherche appliquée sur l’indépendance. Mais la réaction du chef péquiste avait fait dire à M. Fournier que « quand une richissime personne considère que la façon de mener les débats publics démocratiques, c’est d’envoyer des mises en demeure, [on] est dans le domaine de l’intimidation juridique ».
Jean-François Lisée a rappelé avoir lui-même menacé la ministre Christine St-Pierre d’une mise en demeure en juillet 2014, parce qu’elle s’était attaquée à son « intégrité personnelle ». Mme St-Pierre avait laissé entendre que, lorsqu’il était ministre, M. Lisée avait multiplié les missions à Paris dans le but d’y visiter sa conjointe et leurs enfants. Mme St-Pierre s’était finalement rétractée et excusée.
« Je suis content de l’avoir fait », a commenté M. Lisée lundi. Mais déposer une mise en demeure « est un jugement que chaque politicien doit faire » selon l’importance du dossier, a lancé le député… avant de féliciter M. Péladeau pour sa retenue dans certains dossiers.
Turbulences
Le débat soulevé par la volonté de Pierre Karl Péladeau de poursuivre ses opposants fait partie d’une liste de controverses qui touchent le chef du Parti québécois depuis la fin de l’année dernière.
Propos confus sur la partition du Québec, grogne autour de son chef de cabinet (Pierre Duchesne), doutes sur les pratiques fiscales de l’entreprise dont il est l’actionnaire de contrôle, questionnements sur l’institut qu’il veut mettre sur pied, les nouvelles sont rarement bonnes autour d’un chef qui a avoué avoir encore des « croûtes à manger ». Sans compter, sur un plan personnel, sa séparation d’avec l’animatrice et productrice Julie Snyder.
Tout cela constitue une « période de turbulences », reconnaît Jean-François Lisée. Mais pas question de paniquer : « on est à la fin des turbulences », croit le député. « J’aime distinguer les choses et le bruit des choses », fait valoir M. Lisée, qui estime que le PQ va globalement mieux depuis l’arrivée de M. Péladeau à sa tête, au printemps dernier.
« On est sur une pente ascendante, et on a de bonnes raisons de penser qu’on est en train de faire des progrès » même si « ça ne paraît pas à l’externe », juge le politicien-blogueur en évoquant des sondages situant le PQ plus haut qu’il ne l’était dans la période où le parti n’avait pas de chef. « Je ne suis pas inquiet du tout, il y a des hauts et des bas » dans tous les partis, soutient Jean-François Lisée.
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MISES EN DEMEURE
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