Mme. Marie-Claude Lamarche signe en page A-6 du Devoir d’aujourd’hui (mardi le 23 novembre) dans la rubrique Libre opinion, une lettre que j’oserais qualifier de cri de désespoir. Mme. Lamarche est conseillère municipale de Terrebonne et vient tout juste d’être nommée mairesse suppléante. Le titre de son texte est : Nouvelle Inquisition.
Mme. Lamarche,
Selon toutes les apparences, vous êtes une femme honnête qui a décidé de servir ses concitoyens. Vous êtes abasourdie par ce tsunami d’accusations à tous les niveaux de la politique et cela, c’est compréhensible. Cela vous déstabilise, vous démotive. Là où je ne vous suis pas c’est quand vous accusez tout le peuple québécois d’être porteur d’une maladie celle de la dénonciation gratuite. Je pense qu’à un certain moment vous inversez les rôles. Pour vous, les gens qu’on accuse deviennent des victimes. Pauvre mafia, on parle en mal d’elle, elle fait vraiment pitié. Pendant très longtemps, trop longtemps, les Québécois sont demeurés passifs et c’est ça d’ailleurs leur faute. La Magouille avec un M majuscule, part du premier ministre lui-même et descend tout le long de la pyramide du pouvoir pour atterrir dans les mairies des plus grosses de nos villes et, d’après vous, il faudrait laisser faire parce que plusieurs d’entre vous, qui se targuent d’être honnêtes, craignent que cette glu de la corruption finisse que par vous atteindre vous aussi et déteindre sur vos familles et connaissances. C’est vrai que la corruption n’a pas touché tout le monde mais sans enquête publique sérieuse, vous aussi aurez à subir l’opprobre.
Comparé à l’époque de Duplessis, celle-ci est catastrophique. On blâme souvent des dénonciateurs de ne pas avoir dénoncé avant mais souvent la peur les a empêché, la peur de perdre un emploi, peur de la violence, peur de ne pas être cru, etc. Quand j’étais aux études classiques, j’ai eu connaissance de la pédophilie des clercs. Il y en avait même un que nous appelions "reptilicus" car il rampait à travers les rangées de lits jusqu'à celui de ses victimes. Si j’avais dénoncé, qui m’aurait cru? C’est moi qui aurais subi de forts désagréments, on m’aurait traité de menteur, on m’aurait chassé du collège. En politique, c’est la même chose et en plus, il est très difficile de prouver sans preuve matérielle. Que certains abusent de la situation pour exercer quelque vengeance, c’est toujours possible mais, à mon avis, très improbable. En général, les personnes que l’on veut dénoncer ont plus de moyens financiers pour faire taire les dénonciateurs mais il y a des limites au laisser faire. Pour dénoncer, il faut qu’ils en aient véritablement ras-le-bol.
Je me doute que pour vous et ceux qui se savent honnêtes, cette période est difficile mais, et je me répète, tant qu’il n’y aura pas de commission d’enquête sérieuse, toutes les personnes impliquées dans la politique auront à subir ces ignominies. Au lieu d’accuser toute la population de tous les maux, accusez donc celui par qui le scandale arrive et qui s’obstine qu’à ne jouer que d’un petit marteau, utile bien sûr, mais très incomplet.
Conservez votre probité, ce ne sera pas facile dans cette mare à grenouilles et bon courage.
Ivan Parent, Terrebonne