Monsieur Lachance,
J’ai vu le reportage de l’émission « Enquête » concernant le rapport final de la commission Charbonneau. Il y était question de votre incompréhensible dissidence. Nous avons eu accès à des échanges de courriels assez prompts entre vous et la juge Charbonneau.
Vous dites que rien ne vous a convaincu que le parti libéral avait usé de moyens illégaux concernant le financement de son parti. Malgré le fait que sous le règne de Jean Charest, tous les députés devaient amasser 100,00$ par année, vous avez aimé mieux fermer les yeux sur cette réalité que bien des témoins ont pourtant allégués devant vous cette réalité. Vous avez interrogé Marc Bibeau, le supposé grand argentier du Parti libéral en huis clos. Pourquoi en huis clos? Nous pouvons supposer que cet homme a eu une forme de protection.
Vous avez rapporté qu’un seul témoin aurait confirmé que Bibeau faisait du financement illégal pour le parti libéral. Vous savez très bien que c’est faux puisqu’au moins six personnes ont affirmé ces faits devant vous à la commission. Vous n’avez jamais invité Jean Charest ou Pauline Marois, dont les noms ont été écorchés par plusieurs pour qu’ils puissent venir s’expliquer. Avouez qu’il est facile pour nous de tomber dans le cynisme!
Que dire des enregistrements de Charest avec Michel Arsenault? Que dire du rapport Duscheneau? Que dire du témoignage de Lino Zambito. Vous avez protégé (vous et la juge Charbonneau) Nathalie Normandeau, quand elle est venue témoigner, en la sécurisant avant son témoignage comme si elle était une pauvre victime obligée de venir se faire humilier publiquement, en la poupounant devant la commission. Pourtant, Lino Zambito n’avait-il pas été clair à son sujet? Les petits cadeaux et les soirées de financements.
Aujourd’hui 15 décembre, vous avez écrit une lettre dans les médias pour finalement, ne rien expliquer de votre différend d’avec la juge Charbonneau. Vous vous refusez à toute explication publique. En fait, vous vous êtes assis sur un certain devoir de réserve en prétextant être victime de votre supposée rigueur. Vous nous reprochez, nous simples citoyens, d’être plus agressifs envers vous que nous ne l’avons été envers les bandits qui ont défilé devant vous à la commission.
En fait, Monsieur Lachance, il est bien plus choquant de voir que vous n’êtes pas allé au bout de l’histoire du financement des partis politiques pour des raisons qui vous appartiennent. Tout était en place pour la divulgation de cette corruption politique. Là est notre frustration.
Voyez-vous Monsieur Lachance, nous avons l’impression de nous être faits berner pour un beau 45 millions de dollars dont vous avez bénéficié largement et que nous avons payés collectivement. Vous avez été choisi comme commissaire de la commission Charbonneau, à cause de votre probité comme vérificateur général et nous nous serions attendus à plus de jugement de votre part, surtout dans vos critiques à la rédaction du rapport final de la commission.Vous auriez pu éviter de vous opposer à la juge. Est-ce que votre opinion était plus importante que la sienne? Cette femme est juge et dans un effort de probité, vous auriez pu éviter cette dissidence. Cette femme doit avoir un minimum de jugement. Elle a fait enfermer Mom Boucher quand même.
Vous, qu’avez-vous fait Monsieur Lachance au niveau de la justice pour que votre opinion prédomine sur la sienne? Vous êtes un comptable qui trouve « ridicule » que la juge veuille inscrire des blâmes contre des membres de votre cher parti libéral? Vous auriez pu trouver un compromis avec France Charbonneau. Vous avez eu quatre ans pour vous entendre tous les deux. Vous deviez bien savoir que votre geste de dissidence, comme l’a dit France Charbonneau, détournerait l’attention de l’opinion publique sur le contenu du rapport? Pourquoi avoir accepté ce travail si, au bout du compte, vous vous en dissociez ouvertement. Vous auriez pu régler vos différents en vous accordant sur la finalité, pour ne pas nuire à la crédibilité de la commission?
Notre cynisme de citoyens est causé par des gens comme vous qui priorisent leurs croyances au détriment d’une justice vérifiable. Il est facile pour nous de penser que vous étiez sûrement à la solde du parti libéral et que vous avez été payé pour mettre des bâtons dans les roues de la Commission. Vous n’avez pas entendu les personnes les plus importantes pour affirmer autant que la juge Charbonneau, dans son contraire, que ces personnes n’étaient coupables de rien. Le fait qu’aucun blâme n’ait été émis envers personne de la classe politique, nous laisse croire les pires choses envers vous.
Vous vous dites victimes mais en fait, nous en sommes les seuls, nous les citoyens à nous être faits berner par des gens comme vous qui se sont crus autoriser à déconstruire l’aboutissement d’une enquête si longue et si importante. Monsieur Lachance, les citoyens ne connaissent rien en politique. Les gens voulaient que les bandits payent pour leurs gestes illégaux. Le but de cette commission ne consistait pas à assister à vos différents d’avec la juge Charbonneau. Vous n’aviez pas le droit de finir cette enquête comme ça. Il était de votre devoir de vous entendre sur la finalité. Mais ne soyez pas surpris que votre dissidence nous laisse croire que vous avez été acheté.
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3 commentaires
Gélinas Claude Répondre
16 décembre 2015Une occasion manquée de transmettre un message clair que le copinage cela suffit !
Désormais en l'absence de blâmes clairement précisés il est raisonnable de penser que les mauvaises habitudes reprendront et que les tentations seront fortes de revenir aux pratiques passées.
Pourtant les nombreux témoignages sur le rôle significatif joué par le grand argentier du PLQ étaient démontrés. Comment expliquer que le commissaire dissident n'ait rien vu ? Se pourrait-il que son absence de formation juridique l'ait amené à apprécier les témoignages sous un angle déficient. Dans ce contexte, afin d'éviter les dérives, il aurait mieux valu que le commissaire dissident laisse ce travail à la Présidente de la Commission.
Une Présidente qui a bien tenté d'atténuer la portée du rapport en remplaçant probablement le lien direct par le lien indirect et ce, afin d'éviter la discutable dissidence.
François Ricard Répondre
16 décembre 2015Nous avons un système de gouvernement qui est une terre fertile à la corruption, la collusion et le népotisme.
Un gouvernement véritablement démocratique fait une nette distinction entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire.
Chez nous, les trois pouvoirs sont entre les mains d'une seule personne: le premier ministre. Il contrôle de façon absolue les députés (le législatif); il nomme et dégomme les ministres(l'exécutif); il nomme les juges (le judiciaire). De plus, il nomme tous les hauts fonctionnaires et institue les commissions (enquête, administration, finance).
Pendant tout son mandat il fait absolument tout ce qu'il veut, de la façon qu'il le veut. Un véritable dictateur. Il pourrait décider de jouer tout l'argent de la Caisse au casino et personne ne serait en mesure de l'arrêter. Et, à la fin de son mandat, il n'est imputable de rien.
Même le président des USA a moins de pouvoir que notre premier ministre.
Vite un régime républicain qui nous donnera un véritable pays.
Archives de Vigile Répondre
16 décembre 2015Très bien élaboré, Renaud Lachance a protégé la clic à Charest et vient de se faire juger sur la place publique comme étant un protecteur hors pair du parti libéral du Québec et tous leurs amis.