Hydro-Québec est parvenue à augmenter ses profits nets au deuxième trimestre de 2018 grâce à la vente de 55 % des actions de sa filiale TM4 à la société américaine Dana.
Les résultats trimestriels de la société d'État, rendus publics vendredi, montrent en effet un bénéfice net de 623 millions de dollars, soit 264 millions de plus que les 359 millions enregistrés à la même période en 2017.
Cependant, la vente des actifs de TM4, sa filiale de Boucherville qui fabrique des moteurs électriques, a généré une entrée de fonds de 277 millions de dollars, soit un montant supérieur à l'augmentation de ses profits. En d'autres termes, sans cette vente, le bénéfice net aurait été en légère baisse par rapport à l'an dernier, en chute de 13 millions de dollars.
En conférence téléphonique, vendredi, le vice-président directeur chez Hydro-Québec, Jean-Hugues Lafleur, a imputé une bonne part de ce recul à la hausse des taux d'intérêt.
« Nous avons un bon programme d'emprunts, ce qui fait qu'à eux seuls les intérêts sur titres d'emprunts représentent une augmentation de 39 millions de dollars », a-t-il expliqué.
Un coup d'oeil sur les résultats montre en effet que les frais financiers sont passés de 615 millions de dollars au deuxième trimestre de 2017 à 654 millions cette année. Depuis le début de 2018, en fait, ce sont 80 millions de plus qu'Hydro-Québec a dû verser en frais financiers.
« Un problème de riches »
Les ventes d'électricité au Québec sont restées stables en matière de volume, soit 37 TWh, mais Hydro a encaissé 48 millions de plus auprès de ses clients. « Ça tient compte évidemment de la hausse tarifaire », a reconnu M. Lafleur.
Hydro signale par ailleurs des exportations records, avec des ventes nettes de 8,9 TWh, en hausse de 20 % par rapport aux 7,4 TWh du deuxième trimestre de 2017.
Et pourtant, les profits tirés de l'exportation n'ont pratiquement pas bougé, à 349 millions de dollars. Le problème, c'est qu'Hydro a dû composer avec d'importantes baisses de prix sur le marché. Ainsi, le prix moyen du kWh, qui était de 4,7 cents l'an dernier, a chuté à 3,9 cents en 2018.
Jean-Hugues Lafleur rappelle toutefois que le coût de production de la société d'État se situe à environ 2 cents le kWh et que de vendre à 3,9 cents « est très profitable quand même ».
Par ailleurs, même si Hydro se précipite pour vendre durant les heures de pointe où le prix est le plus élevé, il fait valoir que les réservoirs des barrages sont pleins. « Ça fait en sorte que nous sommes capables d'utiliser au maximum nos lignes [de transport] et on en profite; on préfère vendre même les fins de semaine plutôt que de les garder dans nos réservoirs », a précisé M. Lafleur.
D'ailleurs, Hydro a même dû procéder à « certains déversements », a-t-il dit, ajoutant que « c'est sûr qu'on préfère vendre notre énergie que de la déverser ».
Il y a une limite à [la quantité d'eau] qu'on peut mettre derrière nos barrages. C'est un problème de riches qu'on a, c'est un beau problème qu'on a d'avoir plus d'eau.
Semestre positif
Avec ce deuxième trimestre, la société d'État montre des résultats positifs pour les six premiers mois de l'année, soit une augmentation de 365 millions de dollars de ses profits nets pour un total de 2,267 milliards de dollars, comparativement à 1,902 milliard au premier semestre de 2017.
Outre la vente de TM4, Hydro-Québec a profité de températures normales à l'hiver 2017-2018, après un hiver plus doux l'année précédente, ce qui lui a permis d'engranger une augmentation de 52 millions de dollars au premier trimestre, portant l'augmentation totale de revenus sur le marché québécois à 100 millions pour le semestre.
Le volume de ventes est en légère hausse, à 89,9 TWh au premier semestre de 2018, comparativement à 89,3 TWh pour la même période l'année précédente.
Les exportations, elles, poursuivent leur progression, atteignant le volume record de 18,7 TWh, en hausse de 7 % par rapport aux 17,5 TWh de la première moitié de 2017, les revenus se chiffrant à 835 millions de dollars, en hausse plus faible de 2,1 % en raison de la chute des prix sur les marchés.