Pendant que les exportateurs québécois espèrent l’accélération de la demande aux États-Unis, leurs homologues du Nord-Est américain comptent sur le Québec et l’Ontario pour se remettre en selle.
Durement frappé par la Grande Récession, le secteur manufacturier américain est en train de rebondir. Il rebondit même si bien, à la faveur entre autres de la baisse des coûts de l’énergie et de sa main-d’oeuvre, que certains vont jusqu’à parler de « renaissance manufacturière ». Mais les moyennes nationales qui annoncent un retour de la production à son niveau d’avant crise cachent des divergences importantes entre les différentes régions du pays, notamment que les États du Nord-Est accusent encore un retard de 16 %.
« Cette contre-performance est le fait d’une coïncidence malchanceuse de nombreux facteurs », observe l’économiste de la Banque TD Ksenia Bushmeneva, dans une analyse dévoilée lundi.
L’un de ces facteurs est une plus grande exposition que les autres régions des États-Unis au commerce international en général et à celui avec l’Europe en particulier alors que les économies mondiale et européenne n’ont pas été au mieux dernièrement. Sur la scène intérieure, les manufacturiers du Connecticut, du New Jersey, du Maine, de New York ou encore du Vermont, ont aussi fait les frais des réductions de dépenses des gouvernements, notamment dans le secteur de la défense. Forts dans les secteurs pharmaceutique, électronique ainsi que du bois et du papier, ils y ont fait les frais de politiques de rationalisation et de consolidation des entreprises. Presque totalement absents du secteur automobile, ils n’ont pas pu bénéficier de sa forte reprise des dernières années, poursuit la Banque TD, non sans souligner que des différences s’observent aussi à l’intérieur de cette grande région et que des États comme le New Hampshire et le Massachusetts se tirent mieux d’affaire que les autres.
La région apparaît aussi victime de facteurs plus structuraux, tels qu’une productivité plus faible et des coûts de main-d’oeuvre et une fiscalité des entreprises plus élevés que dans le reste du pays. Dans ce contexte, l’appréciation du dollar américain n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour des exportateurs qui ont déjà du mal à vendre leurs produits à l’étranger.
Il y a néanmoins de l’espoir, fait valoir Ksenia Bushmeneva. Le Nord-Est américain est un pôle important de la recherche universitaire et peut compter sur une main-d’oeuvre qualifiée de grande qualité. Les gouvernements ont aussi mis en place toutes sortes politiques visant à attirer les investisseurs et stimuler l’innovation qui devraient finir par donner des résultats.
L’accélération de la croissance en Europe, mais aussi de la production manufacturière des provinces canadiennes voisines du Québec et de l’Ontario devrait aider au cours des prochains mois, estime la TD.
Après vous. Non, après vous.
Cette dernière observation est ironique quand on sait comment au Québec et en Ontario on attend et même on espère depuis des mois, sinon des années qu’une reprise économique américaine relance les exportations manufacturières canadiennes. Selon les statistiques officielles, plus de 70 % des exportations de biens du Québec à l’étranger ont pris le chemin des États-Unis en 2013. Presque 9 % ont été vendus dans l’État de New York seulement, premier partenaire commercial du Québec, suivi par le Vermont (2e) avec 5 % ainsi que par la Pennsylvanie (3e) et le Connecticut (5e) avec environ 4 % chacun. Les principaux produits exportés par le Québec aux États-Unis cette année-là avaient été de l’aluminium brut (9 %), des avions (7,6 %) et des huiles de pétrole (4,12 %).
La semaine dernière, on rapportait une forte accélération des exportations québécoises depuis le début de l’année. De 6,6 % au cours des six premiers mois de 2015, cette hausse est près de deux fois plus rapide qu’en 2014 et contraste fortement avec la moyenne canadienne, qui est plombée par la chute des prix mondiaux auxquels peut se vendre le pétrole albertain.
Les analystes attribuaient ce rebond à la faiblesse du dollar canadien et à la reprise américaine. On se gardait bien cependant de triompher, préférant attendre que les prochaines statistiques confirment la tendance.
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