Les sondages semblent indiquer que le PQ aura du mal à faire mieux que le plus mauvais score de son histoire, soit 23 % du vote, en 1970, alors qu’il n’existait que depuis deux ans.
Pourquoi ? Parce que le PQ a laissé grandir, sur sa droite, une formation qui lui a volé une partie de son discours et de ses électeurs.
Pourquoi vouloir la souveraineté ? Pour nous gouverner nous-mêmes.
Pourquoi se gouverner soi-même ? Parce que les Québécois ont une identité distincte qui vaut la peine d’être défendue.
Toutes les autres motivations du combat national sont secondaires.
Maison
Or, ce thème fondamental du nationalisme et de l’identité, le PQ l’a laissé en partie filer à la CAQ.
Je peux comprendre que la défaite référendaire de 1995 ait démobilisé le camp nationaliste.
Mais admettre que la souveraineté était plus éloignée que prévue ne justifiait pas de se détourner des raisons fondamentales de la vouloir.
Aujourd’hui, malgré ses multiples maladresses, la CAQ est perçue par beaucoup, à tort ou à raison, comme un parti qui pourrait, lui aussi, défendre le Québec français.
Or, c’est le PQ qui a cédé un terrain qui lui appartenait pour que la CAQ y construise sa maison.
Le PQ ne peut prétendre avoir été pris par surprise.
Dès 2007, l’ADQ avait surfé sur le thème de l’identité, à l’occasion de la « crisette » des accommodements raisonnables, pour reléguer le PQ au 3e rang.
L’avertissement venait d’être donné.
La CAQ vint ensuite s’installer sur les fondations posées par l’ADQ et poursuivit la construction de la maison.
Pour l’essentiel, le PQ laissa faire. Il tenta brièvement de se réapproprier la question identitaire avec la charte des valeurs.
L’erreur ne fut pas le projet lui-même, c’est d’avoir voulu l’instrumentaliser pour en faire un cheval de bataille lors de l’élection de 2014.
Après la défaite, le PQ acheta la lecture que ses adversaires firent de l’épisode.
Obsédé par la peur de passer pour raciste, le PQ s’enfonça dans l’erreur : il s’éloigna de la question de l’identité et du centre de la glace.
Pire, comme il avait laissé la CAQ s’installer sur sa droite, il choisit de s’en aller à gauche, devenant une sorte de NPD québécois.
L’arithmétique était pourtant claire : le PQ perdait plus de votes sur sa droite que sur sa gauche.
Coincé
Tout cela a correspondu aussi à une transformation interne du PQ. Les ténors plus conservateurs de jadis – les Bouchard, Brassard, Garon, Léonard, etc. – n’eurent pas de successeurs.
De surcroît, Québec solidaire s’était entre-temps installé du côté gauche de la clôture.
Aujourd’hui coincé, le PQ, qui n’a pas su demeurer une coalition large, récolte les fruits amers d’une mauvaise lecture et d’un mauvais positionnement qui ne datent pas d’hier.