Bien qu'Obama ait décommandé mercredi le sommet de Moscou qu'il devait avoir avec le président russe Vladimir Poutine avant le sommet du G20, c'est un changement relativement insignifiant. Les États-Unis ont apparemment accepté le fait que la Russie ait accordé un asile d'une année à Edward Snowden, le dénonciateur de la National Security Agency.
La Russie a impressionné le monde. Celui-ci considère le Kremlin comme le « gagnant », et la Maison-Blanche, comme la « perdante ».
Ce jugement est juste. Dans l'affaire Snowden, tous les autres pays impliqués sont des gagnants, tandis que les États-Unis sont les seuls perdants. Washington a mis en scène une bravade, mais finalement, elle n'a pas réussi à faire extrader Snowden. En revanche, Moscou a présenté ses caractéristiques nationales d'esprit de décision et d'audace et a gardé Washington à distance.
Beaucoup d'internautes chinois croient que la Chine aurait dû faire de même, mais qu'elle n'a fait preuve que d'hésitation et de faiblesse.
Si la Chine avait gardé Snowden, son attitude à l'égard des relations sino-américaines aurait grandement changé, et elle aurait dû prendre des risques liés à un tel changement.
Pourtant, la Chine a apparemment choisi de ne pas s'ingérer. Maintenant, la décision semble avoir produit de meilleurs résultats. L'hypocrisie de certaines des politiques nationales des États-Unis a été exposée, et Snowden n'a pas été extradé aux États-Unis. L'opinion internationale est cinglante envers les États-Unis et les questions de sécurité de l'information. Parallèlement, les relations sino-américaines n'ont pas été grandement affectées.
Moscou a renforcé la fermeté de son attitude diplomatique envers Washington et son statut diplomatique s'est rapproché de celui de cette dernière, alors qu'un écart existe toujours pour ce qui est de la puissance réelle des deux. Moscou est disposée à prendre la direction de l'affaire Snowden et a de l'expérience à le faire. Cela s'harmonise parfaitement avec les intérêts de Beijing.
Tout le monde sait que la concurrence entre la Chine et les États-Unis est le point crucial des relations internationales au XXIe siècle. Mais la puissance de la Chine est toujours à la traîne par rapport à celle des États-Unis. En qualité de partenaire stratégique global de la Chine, la Russie a pris l'initiative dans l'affaire Snowden et s'est placée au premier plan de la rivalité avec les États-Unis, ce qui montre la flexibilité multipolaire de la géopolitique mondiale. L'action de la Russie mérite le respect de Chine.
La Chine n'est pas disposée à s'engager dans une confrontation frontale avec les États-Unis, mais elle a déjà eu la capacité de s'unir à ceux qui peuvent limiter les abus de pouvoir des États-Unis. Nous n'avons pas confronté directement les États-Unis, et cela sert les intérêts à long terme de la diplomatie chinoise.
Cette fois-ci, Washington a mordu la poussière, mais cela ne signifie pas nécessairement qu'elle est vraiment intimidée par Moscou. De la même manière, Washington est peu susceptible de craindre Beijing, et Beijing n'a pas besoin de craindre Washington. Beijing devrait s'inquiéter davantage de la façon de maximiser ses intérêts dans ses relations avec Washington.
Snowden peut faire plus dans un pays comme la Russie. L'affaire qui a déshonoré les États-Unis est loin d'être terminée.
Les gagnants et les perdants dans le fiasco de Snowden
Li Zhijian
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