La démocratie et la liberté des citoyens sont menacées, affirme l’avocat et écrivain François Sureau. Il dénonce un gouvernement qui ne traite pas les Français comme des adultes responsables et penche vers un renforcement permanent des mesures sécuritaires liées aux périodes de crise.
Écrivain et «défenseur des libertés publiques», François Sureau a exprimé ses inquiétudes sur France Inter dans la matinée du mercredi 1er avril. À propos des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19, il craint que le gouvernement puisse en profiter pour instaurer certains points de l’état d’urgence de manière permanente, comme cela a été le cas lors des attaques terroristes.
Rappelant un «Président de la République précédent», François Hollande, qui sur fond de terrorisme avait affirmé que «les Français ont avant tout besoin d’être protégés», l’avocat affirme que ceux-ci ont surtout besoin «d’une autorité politique qui leur dise la vérité, qui les traite comme des citoyens adultes». «Les Français ne sont pas un troupeau de moutons ou une garderie d’enfants», a-t-il ajouté.
Des mesures d’urgence qui deviennent permanentes
Ainsi, il alerte sur le fait que si des mesures d’urgence, comme la suspension de certains droits, sont nécessaires en temps de menace terroriste ou de crise sanitaire, il est parfois difficile de savoir quand celles-ci prennent fin. «Comme le terrorisme ne semblait pas s’éloigner, on a vu la prolongation de l’état d’urgence puis l’inclusion de certaines de ses dispositions dans le droit commun», a-t-il rappelé au micro de France Inter.
«Je suis inquiet sur le fait qu’un jour on nous dira: les pandémies peuvent revenir, il peut y avoir d’autres épidémies… Et donc qu’on conserve dans le droit commun ces dispositifs exceptionnels», a-t-il poursuivi, citant notamment le geotracking, soit le suivi des personnes grâce à la géolocalisation dans leurs appareils mobiles.
François Sureau rejoint ainsi son confrère Thierry Vallat, qui émettait les mêmes doutes quant à la volonté des autorités de revenir en arrière une fois la crise sanitaire terminée. Il faudra «une conscience civique et une force morale chez les dirigeants» pour abandonner des mesures acceptables en temps de pandémie, mais liberticides en temps normal.