Les États-Unis ont abattu jeudi un drone iranien qui s’était approché d’un navire américain dans le détroit d’Ormuz, dernier incident en date dans une région sous haute tension depuis plus de deux mois.
C’est le président américain Donald Trump lui-même qui a annoncé que les États-Unis avaient abattu cet appareil iranien qui s’était approché dangereusement d’un navire américain, après avoir ignoré de multiples appels à s’éloigner.
Selon lui, le drone iranien s’est approché à moins de 1000 mètres du navire amphibie USS Boxer, qui a entrepris « une action défensive ».
« Le drone a été détruit immédiatement », a-t-il dit.
Interrogé peu après lors de son arrivée au siège de l’ONU à New York, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a affirmé n’avoir « aucune information sur la perte d’un drone ».
Le milliardaire américain a relevé que l’approche de ce drone était « la dernière des nombreuses actions provocatrices et hostiles de l’Iran contre des navires opérant dans les eaux internationales ».
« Les États-Unis se réservent le droit de défendre leur personnel, leurs équipements et leurs intérêts et appellent toutes les nations à condamner les tentatives de l’Iran pour perturber la liberté de navigation et le commerce international », a-t-il poursuivi. « J’appelle aussi les autres pays à protéger leurs navires qui franchissent le détroit et à coopérer avec nous à l’avenir ».
Un porte-parole du Pentagone Jonathan Hoffman a précisé que l’incident était survenu à 10 h locale, alors que l’USS Boxer s’apprêtait à pénétrer dans le détroit d’Ormuz.
L’Iran a abattu le 20 juin un drone américain qui se trouvait, selon Téhéran, dans son espace aérien.
Donald Trump a affirmé deux jours plus tard avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l’Iran pour éviter un lourd bilan humain, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran.
La région du Golfe et du détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se retrouve au coeur de vives tensions géopolitiques, sur fond de bras de fer entre l’Iran et les États-Unis.
Alors que Washington cherche à former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe, le chef du commandement central américain Kenneth McKenzie s’est engagé jeudi à agir « énergiquement » pour assurer la sécurité du transport maritime dans le Golfe, lors d’une visite sur une base aérienne en Arabie saoudite, pays rival de l’Iran dans la région.
Accusations croisées
Quelques heures avant ce nouvel incident, les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont annoncé avoir arraisonné le 14 juillet dans le détroit d’Ormuz « un navire-citerne étranger » et son équipage soupçonnés de se livrer à de la « contrebande » de carburant.
Le guide suprême iranien Ali Khamenei avait annoncé deux jours auparavant que son pays répondrait « au moment et à l’endroit opportuns » à l’interception le 4 juillet d’un pétrolier iranien par les autorités britanniques, au large de Gibraltar.
Les États-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région, accusant l’Iran d’être derrière des actes de sabotage ayant visé quatre navires autour du détroit d’Ormuz en mai et deux attaques d’origine inconnue ayant visé en juin deux pétroliers (un japonais et un norvégien) au large des côtes iraniennes en mer d’Oman.
Téhéran rejette ces accusations.
Après être sorti de l’accord international sur le nucléaire conclu en 2015, Washington a rétabli des sanctions qui ont fait plonger l’Iran en récession et lui font perdre les acheteurs de son pétrole.
Depuis mai, l’Iran a commencé à s’affranchir de certains de ses engagements pour, dit-il, forcer ses partenaires à prendre des mesures garantissant ses intérêts et permettant de préserver l’accord. Berlin et Paris ont appelé séparément Téhéran à respecter pleinement ses engagements.
Le président iranien Hassan Rohani a appelé jeudi l’Europe à « intensifier ses efforts » pour sauver l’accord, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron.
Et M. Macron et le président russe Vladimir Poutine sont convenus, lors d’une conversation téléphonique, de « consolider les efforts » pour maintenir en vie l’accord nucléaire.
Mais, signe que les États-Unis ne semblent pas près de relâcher la pression sur l’Iran, ils ont annoncé des sanctions contre quatre Irakiens, dont deux dirigeants de milices que le vice-président Mike Pence a accusé d’être liées à l’Iran.