Les élections et le système d'arraisonnement utilitaire qui régit le Québec

Tribune libre

Les électeurs savent que les élections telles qu'on les connaît ne changent pas grand chose à l'environnement politique, économique et social.
En général, le bien commun est desservi alors que l'élite financière et d'affaires y trouve son compte. Ce qui nous gouverne, c'est une union du gouvernement avec le monde de la finance et des affaires. Le rôle des médias, propriété de l'élite, est de mousser la candidature de l'un ou l'autre leader politique afin d'avoir en tête du gouvernement une personne et un parti voués à la défense des intérêts de cette élite. Cette élite est regroupée autour de ce qu'on appelle communément le "marché".
En juillet dernier, l'humoriste Antony Kavanagh, en entrevue avec un journaliste français, qualifiait à juste titre le Québec de "méritocratie".
http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/antony-kavanagh-le-quebec-est-une-meritocratie-la-france-reste-une-aristocratie_1131069.html
L'idéologie du mérite est issue du système utilitaire qui régit la société québécoise. L'auteur français Yvan Blot a longuement analysé ce système utilitaire qu'il nomme "Gestell" du terme employé par le philosophe allemand Heidegger. Monsieur Blot dit ceci:
"La société actuelle, société du « Gestell » est construite autour de quatre idoles majeures, la technique, l’argent, la masse et l’ego."
http://www.polemia.com/article.php?id=4815
Comme je l'ai mentionné plus haut, l'idéologie du mérite ou "méritocratie" est un produit du système d'arraisonnement utilitaire ou "Gestell". Les "méritants" sont en fin de compte ceux qui peuvent répondre aux besoins du marché par leurs talents et leurs aptitudes qui les rend utiles au marché.
Cependant, la méritocratie a des effets pernicieux sur la société. Par exemple, j’avais lu il y a une vingtaine d’années de la plume de monsieur Guy Paiement, alors directeur de la revue "Relations", que c’était dans les classes les plus défavorisées au Québec qu’il y avait le plus de solitude et le moins d’enfants.
Je ne crois pas que les choses aient bien changé depuis 20 ans.
Ce qui me fait dire que l’idéologie du mérite, produit du "Gestell", en est une de "sélection naturelle" motivée par l’utilitarisme ambiant.
Personnellement, ce n'est pas ma définition de "civilisation".
Et malheureusement, il ne semble pas que ce soit les élections qui s'en viennent qui vont changer quelque chose à l'idéologie qui régit le vie des Québécois du 21e siècle.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 août 2012

    Merci monsieur Haché pour votre commentaire.
    Vous savez, j'ai été élevé à penser que tout le monde avait droit à une vie épanouissante et heureuse. Que de jouir de la vie et d'être heureux quand d'autres à côté n'avaient pas droit à ce bonheur, c'était à quelque part immoral.
    C'est pour ça que je trouve scandaleux la situation décrite dans l'article par monsieur Guy Paiement.
    Et c'est pour ça que je suis si farouchement en faveur de ce que le regretté Michel Chartrand (quel bon monsieur!) voulait pour le Québec, c'est à dire un revenu de citoyenneté universel afin que tous sans exception puissent vivre décemment et heureux.

  • Marcel Haché Répondre

    24 août 2012

    Je suis assez d'accord avec vous.Cependant,et selon votre propre analyse,il est arrivé et il peut arriver encore que les dominants trouvent leur compte en même temps que les dominés.L'élection de 1962 au Québec était de cette farine qui a levé définitivement la révolution tranquille.
    Cela pourrait se produire à nouveau.Un concours de circonstances pourraient créer une conjoncture favorable.Très évidemment,une telle conjoncture résulterait de la volonté et de l'action des "chefs" au Québec, et le chef de l'État,parmi eux,ne serait pas le moindre des personnages.
    Le Québec est bloqué.Beaucoup moins en haut qu'en bas.Et c'est parce qu'il est bloqué en bas,dans l'électorat,qu'en haut certains peuvent en profiter.
    Tous les mafieux qui avaient compris que l'arrivée inéluctable en 1963 des libéraux au pouvoir, se sont collés sur le pouvoir politique,grand dispensateur de richesses.C'est ce qui pète maintenant dans le visage des libéraux.
    Il y a une fin de régime en vue.Difficile de prévoir la tournure des prochains événements