-Traité transatlantique et irruption des « réfugiés »: une même logique, l’abaissement des états européens-
Après le Marché, l’Entreprise, la Concurrence libre et non faussée, après la Compétitivité, la Russophobie (etc…), la sphère du « Sacré de circonstance » s’est élargie : la preuve ? Les mécréants antidroitdlhommistes (de plus en plus nombreux) sont eux aussi brûlés en place publique. La liberté de penser et de s’exprimer s’use même si l’on s’en sert. Raison de plus pour écrire ce que l’on pense.
Le déferlement des migrants sur l’Europe, en majorité pour l’heure des hommes jeunes, vivement encouragés à nous rejoindre par Mme Merkel et si mollement combattu par l’UE (ou ce qui en tient lieu), pose plusieurs questions essentielles, qui ont le mérite d’ouvrir sur des réflexions que l’on voudrait rationnelles en dépit de la tragédie qui a commencé à se jouer à nos portes et dont l’issue reste largement incertaine. Dans le même temps, sur fond de cacophonie entre les « partenaires » européens, l’Allemagne peine à associer les membres de l’UE à une répartition des nouveaux arrivants par quotas surtout après les événements déplorables qui ont eu lieu au moment des fêtes de Noël, et les révélations en chaînes qui ont suivi sur le comportement insupportable d’une partie des nouveaux venus dans plusieurs pays de l’UE.
Pour aborder ce sujet polémique, il faut prioritairement se garder d’une approche morale, voire moralisatrice, et éviter de brandir « les droits de l’homme » sous leur acception médiatique et politique actuelle, comme si ces derniers excluaient tout autre droit historiquement et politiquement fondé dans les pays d’accueil du fait de l’urgence soudaine de la situation.
Car il convient que « les droits de l’Homme », pour n’être pas attentatoires aux « droits des hommes » qu’ils devraient englober, se déduisent, au moins en ce qui concerne l’Occident (et quelques autres contrées), d’un cadre légal, réglementaire, démocratique, et donc politique, et non de grands sentiments oublieux des contraintes qui ordonnent notre vie dans la Cité et les droits (et devoirs) précis et concrets structurant la société qui fonde cette dernière. (Ceci posé, il sera temps d’évoquer dans un prochain article les droits de réfugiés, et de tenter d’évaluer réellement ce drame humain insupportable).
Le danger est donc d’opposer « les droits de l’Homme », concept idéaliste car visant à l’universel et à la transcendance, à ceux « des hommes », nous tous, entités matérielles bien vivantes enracinées dans un cadre, des lois, une culture, des frontières, ici et maintenant.
En ce qui concerne l’Europe, en butte à ce flot de nouveaux venus aux abois qui partagent tant de choses qui nous rapprochent, tout en véhiculant tellement de caractéristiques qui nous séparent profondément, les états sont une réalité première.
Les droits de l’homme, qu’il est préférable de qualifier de « droits des hommes », y sont le fruit d’un cheminement long et douloureux, géographiquement situé, spécifique, qui « nationalise » les différentes spécifications de ces derniers et les différencient selon les états, mais avec des permanences essentielles, telle celle du statut des femmes, si éloigné de celui des pays d’Islam. De l’Est à l’Ouest du vieux continent, la perception de ce trésor accumulé par les européens au fil d’un temps long n’est pas forcément le même, quoi qu’on en pense à Bruxelles (ou à Washington) et dans ce que l’on nomme la grande presse en France.
Ne pas opposer « droits de l’homme » et droits des citoyens, qui ne devraient faire qu’un
Devant la violence des débats qui accompagnent cette tragédie humaine sans exemple en tant de paix, des foules errantes quittant tout pour tout recommencer, il faut de toute urgence éviter que ces « droits de l’homme » si tendance, si vagues, nourris de bons sentiments, médiatiquement transmutés en droit des individus, en « droit de l’autre », et en priorité humanitaire, envers et contre toute réalité sociale et politique en Europe, s’opposent aux droits des citoyens. Car les uns risquent de balayer au moins en partie les autres sans aucun bénéfice pour personne, hormis peut-être pour une frange de l’appareil productif soucieuse de payer toujours moins les salariés, en dépit du droit du travail en vigueur dans ces pays.
L’appui médiatique massif à un accueil présenté si souvent par nos bonnes âmes comme moralement obligatoire et économiquement fructueux à terme, se heurte à une légitimité sociale enracinée dans nos démocraties et consubstantielle aux valeurs qui les portent.
Notons que l’on doit, en dépit des discours cyniques sur l’aspect bénéfique de cette arrivée de « sang frais » dans une Europe vieillissante, nourrir un doute fondé quant aux retombées véritables d’un tel événement, si l’on se souvient des promesses mirifiques qui ont enchanté la naissance de l’UE puis de l’Euro, surtout quand ce sont en gros les mêmes titres, personnalités et journalistes qui s’expriment dans l’une et l’autre opération de communication.
On devrait également rappeler avec force que les politiques natalistes sont une réponse sérieuse au déséquilibre démographique. L’immigration à ce titre n’est pas une fatalité.
Le fait, le moment, sans doute appelé à durer, l’accident, que représente le surgissement de ces populations en déshérence, ébranle l’organisation sophistiquée et les limites financières bien réelle des pays d’accueil, appauvris par l’austérité généralisée régnant dans l’UE depuis tant d’années. Ces états ont en outre vocation à préserver leurs équilibres internes et à faire prévaloir leur sécurité économique et sociale, sans même évoquer les risques bien réels de voir des terroristes profiter de ces flux pour s’installer sur le futur théâtre de leurs exploits.
Où sont par ailleurs les appels à faire payer « les riches », afin de donner un vernis égalitaire à ce grand bazar de la charité publique ? Peut-on se contenter comme tel ministre allemand de proposer une taxe sur l’essence pour assumer financièrement la lourde charge de l’accueil ?
Des voix s’élèvent pour souligner l’infime nombre de migrants relativement à la population de l’UE. Ce regard comptable ne tient aucun compte du fait que l’on ignore l’ampleur exacte du flux, qui devrait reprendre massivement au printemps, et oublie que l’on ne dispose pas des êtres humains comme de chiffres abstraits sur un ordinateur. Les premières et graves conséquences de la présence de ces « autres » sont là pour le prouver.
Quand l’individu prime sur le citoyen dans tant de discours publics, quand tout est fait pour imposer cette idéologie de la charité au nom d’une valeur mythique patiemment construite à partir de drames hélas très concrets, notamment au XXe siècle, le danger est extrême.
« Les droits de l’homme », qui seraient supérieurs à toutes les autres valeurs vivantes, porteuses concrètement de ces fameux droits acquis qu’il est de bon ton de mettre en cause au nom de la « modernité », risquent d’ouvrir la porte au chaos, négateur de ces derniers.
Les droits acquis sont pourtant la matrice des droits de l’homme. Par exemple, parmi d’autres, en ces temps de chômage massif, le droit au travail (qui ne figure pas dans le traité de Lisbonne), ou dont on parle trop pour le détruire, le droit du travail, le droit à un revenu décent, ou encore le droit de ne pas être mis sous surveillance très légalement depuis la « loi sécurité », et encore le droit à la souveraineté nationale (inscrit dans le statut du chef de l’Etat tel qu’il est défini dans la Constitution de la Ve République). Ils structurent l’univers donc chacun est l’héritier, le bénéficiaire et l’acteur, ce qui a tant manqué aux nouveaux arrivants.
Dans une situation normale, qui a prévalu jusque dans les années 60-70 du XXe siècle, intégrer de nouveaux arrivants en vue de les assimiler, c’était leur faire une place dans notre vaste héritage et non nier l’héritage au nom du mélange, de la mixité, comme c’est le cas aujourd’hui.
On voit donc qu’une légitimité, celle de l’identité, culturelle, nationale, historique, artistique, celle aussi d’une sensibilité, qui faisait office de norme première dans nos pays occidentaux, est aujourd’hui contestée par les médias et nombre d’experts ou d’intellectuels au nom de croyances « marketing» supposées transformer, l’UE avec l’assentiment des sociétés concernées, en un immense hall d’accueil sans limite de l’ « autre », cet autre qui serait le garant d’un avenir harmonieux et prospère. Car il serait ridicule de penser que cette migration de masse s’arrêtera d’elle-même quand tant d’êtres humains ont été acculés à des conditions d’existence déplorables, mettant souvent en cause leur survie, essentiellement du fait des pays occidentaux depuis au moins 2003.
Cette solidarité proclamée, sans frontière et donc sans fondement, apparaît comme une véritable idéologie de combat massivement à l’oeuvre contre l’idée même d’état, de souveraineté, de choix démocratique. C’est peut-être, sous des vocables trompeurs, la tentative très politique d’opérer symboliquement une rupture entre la vie démocratique interne des états et la contrainte des vents violents du large que porte la mondialisation, fût-elle en crise. Tout obstacle, les droits acquis au premier chef, étant dans le collimateur, ce que les négociateurs du traité transatlantique savent parfaitement. Ce n’est donc pas un hasard si les tractations si discrètes autour du Traité transatlantique vont dans ce même sens que le phénomène des « réfugiés » tellement encouragé par Mme Merkel, celui de la mise sous tutelle des puissances publiques de l’UE.
Nos racines, qui sont tout autant culturelles que de volonté d’appartenance, fondent notre existence en tant qu’êtres humains nés quelque part, même si la mondialisation a donné naissance à des « êtres universels » généralement intégrés aux groupes économiques qui bénéficient de cette dernière (par ailleurs largement minoritaires, mais si puissants !), même si les aventures guerrières et néocoloniales de l’Occident nourrissent les flots de réfugiés qui tentent à présent de rejoindre l’Europe sans susciter trop d’émois chez nos dirigeants, et même si condamner les racines et l’appartenance est devenu un sport de combat prisé dans notre pays à la faveur de cette mondialisation si faussement heureuse.
En outre, les principes sont les fruits et non les prémisses de l’organisation sociale. Sortir à l’occasion un mot d’ordre incitatif voire comminatoire moralisant (arme qui sert quotidiennement dans les querelles dites sociétales) n’en fait pas un principe, et encore moins une obligation, simplement et très clairement une idéologie, par définition contingente, voire dans ce cas précis une religion séculière dont les fidèles sont aujourd’hui nombreux, souvent laïques, et républicains. Ces « droits de l’ homme » deviennent alors une nouvelle croyance, avec ce que cela entraîne d’adhésions pulsionnelles, de refus de l’argumentation, d’emportements généreux, d’absence de regard politique, bref, il s’agit trop souvent d’une foi comme une autre, inventant une fois de plus une humanité irénique sans exemple passé ou présent, et susceptible comme telle d’analyses et de critiques.
Clivage « de classe »
L’opposition conceptuelle citoyen-individu (que l’on retrouve en sociologie avec le clivage Bourdieu-Boudon) peut donc aussi être analysée comme un clivage « de classe » ainsi que disent les marxistes, et la défense aveugle et éperdue « des droits de l’homme » hors sol comme une machine idéologique visant à casser les solidarités sociales et nationales et à promouvoir l’ « Homme », un produit comme un autre. C’est une construction symbolique sans chair, avec en point de mire le mythique « homo economicus » inventé ou utilisé par des économistes et des sociologues ultra libéraux, contre une société politiquement organisée, étrangère aux aléas du nomadisme cruel qui jette ces vagues de fuyards vers notre continent, et par conséquent vivante, et résistante.
En d’autres termes, il est possible de considérer le « droitdlhommisme » comme une arme du néolibéralisme, et donc comme une idéologie de droite.
L‘« Homme » en soi n’existant pas, nous arrivent des gens porteurs de leur propre univers, de leur Islam revendiqué et d’une épaisseur culturelle qui devrait nous éviter de les considérer à priori comme naturellement « solubles » dans un monde qui n’est pas le leur. Les respecter, c’est prendre en compte leur humanité, elle-même façonnée par une identité autre qui n’est pas celle des sociétés européennes, pour l’essentiel de souche culturelle judéo-chrétienne.
Les droits de l’homme au vrai sens du terme sont un fait historique et politique. Vouloir les muer en une transcendance, et donc en faire un nouveau sacré, est une manipulation qui tend à effacer le réel structurant la vie de chacun d’entre nous. Ils n’existent pas de toute éternité comme une valeur en soi, hors tout contexte, ce qu’apparemment, la doxa actuelle voudrait nous faire croire.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé