Permettez-moi de commenter un peu l’indignation très sélective de certains quand il est question de dénoncer les dérives des extrémistes.
Je dois l’admettre, j’ai beaucoup de misère avec des groupes comme La Meute, Atalante, etc. Pas capable. Cette manière de tout dépeindre de manière manichéenne; les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Toujours à couteaux tirés, toujours dans la dynamique de confrontation.
Sur les questions de l’immigration et de repères identitaires, cette manière de voir les choses est délétère, contre-productive. Comme l’est aussi, et l’expression est faible, le fait de croire que c’est une bonne chose de s’associer à ces groupes pour faire avancer une cause. Comme notre lutte d’émancipation nationale par exemple.
Si tu penses que La Meute peut faire avancer cette lutte-là, tiens-toi loin de moi.
Ainsi, j’ai publié un tweet direct, véhément pour dénoncer la tentative de certains de vouloir faire entrer dans le débat électoral un groupe comme La Meute :
« La Meute demande... »
Fuck you.
La dernière chose dont on a besoin c’est que cette bande réussisse à s’immiscer dans la campagne. https://twitter.com/guycrete/status/1034173386098925573 …
Sans détour. On ne règlera rien avec ces gens-là.
Aussi, aux nombreuses critiques ou accusations que m’ont valu ce tweet de la part de quelques « identitaires » fâchés, j’ai répondu que je préférais cent fois les propositions d’une voix de raison en telle matière.
Comme celle de Me Stéphane Handfield par exemple. Un spécialiste des questions d’immigration et du dossier, complexe, de l’accueil des migrants IRRÉGULIERS.
Confidence; à titre de directeur de publication de l’ouvrage collectif Démantèlement tranquille, je ne crois pas que nous aurions traité de ces dossiers de fronts sans l’apport, salutaire, de Stéphane Handfield. Son texte dans cet ouvrage me servira de base de réflexion. Je vous en cite un court passage :
« Il faut savoir accueillir, mais il faut surtout savoir intégrer adéquatement et efficacement. Dans ce contexte, une question se pose : comment le Québec peut-il faciliter l’intégration des immigrants?
Cela passera inévitablement par la maitrise du français, la diminution des délais de traitement, l’accès rapide au travail et les modifications à l’Entente sur les tiers pays sûrs. »
Le texte de Me Handfield explore ensuite ces thèmes de façon intelligente, posée. Voilà comment il faut discuter de ces enjeux, loin des égosillements des extrêmes. Toujours.
Les doubles standards de l’indignation
Sans surprises, quand je dénonce de façon véhémente le discours « meutien » et ceux qui l’encouragent, on me félicite, on partage aisément mon indignation. Tant mieux.
Si d’aventure je m’adonne à dénoncer, mettons, les dérives de l’extrême gauche?
Bruit de criquets.
Et pourtant, il faut bien l’admettre, ceux qui, le plus souvent, ont prêché par la violence au cours des derniers mois, ce ne sont pas les extrémistes de la droite identitaire et Meute de tout acabit; c’est l’extrême gauche, ce sont les groupuscules hyper violents liés à la mouvance antifasciste et antiraciste.
Dans ces groupuscules-là, on fait l’apologie de la violence comme d’un outil pertinent, voire nécessaire, afin de lutter contre leur conception de l’intolérance. Et attention, on ratisse large quand il est temps de procéder aux accusations de racisme.
Au début du mois d’aout, lors d’une manifestation à Toronto où participaient nombre de ces militants violents, un journaliste a été brutalement agressé en faisant son travail.
En avez-vous beaucoup entendu parler?
Facile. Comparer cette situation avec la stupide agression de la salle de presse du média Vice par les identitaires du groupe Atalante. Tout ce qu’il y a de bien-pensance journalistique a dénoncé, en cœur. Et avec raison.
Sauf qu’au début de mois d’aout, à Toronto, comme l’a rappelé la journaliste de la CBC Robyn Urback, le journaliste agressé travaille pour un média plus à droite, le Toronto Sun; et l’agression a été faite par des militants d’extrême gauche. Résultat? Discrétion, voire indifférence. Extrait du texte de Urback :
« Pardonnez-moi d'employer une technique rhétorique un peu simpliste ici, mais c'est peut-être encore le meilleur moyen de bien marquer l’ironie de la situation : si ce manifestant avait été un fanatique de droite et que le journaliste travaillait pour une organisation de presse plus centriste de gauche, on aurait tant traité de cet incident que ce serait déjà une vielle nouvelle. »
Je ne saurais mieux dire.
Et quand la bien-pensance médiatique décide de fermer les yeux en ce qui concerne la radicalisation de l’extrême gauche et son emploi répété de la violence, même à l’endroit des médias, implicitement, elle prend position. Un extrême est moins condamnable que l’autre.
Voilà pourquoi je continuerai de dénoncer, avec véhémence, les dérives du discours des groupes identitaires radicaux tout en faisant de même quand il s’agit de l’extrême gauche, des groupes violents de la mouvance antiraciste et antifasciste.