Les créoles de souche...

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Le haut-le-coeur du citoyen minoritaire






La récente décision du gouvernement Couillard touchant l’affichage commercial m’a rappelé des souvenirs. Il m’est revenu comme un haut-le-cœur, le déplaisir du citoyen minoritaire.




C’était dans un édifice fédéral, à Ottawa. Une affiche indiquait, en français et en anglais, un ascenseur défectueux. «Hors d’usage» écrit au-dessus de «Out of order»...




Mais «Hors d’usage» avait été barbouillé de traits rouges, colériques. On avait ajouté à côté: «Under» et une flèche menant sous «Out of order»... On voulait manifestement «faire sûr» que le franco en service n’oublie pas son rang.




Créoles...




On ne voyait plus ça au Québec. Or, le même rabaissement apparaît dans la politique d’affichage du gouvernement Couillard. Sous la raison sociale «Toys “R” Us», on suggère d’ajouter des mots: jouets, super centre...




La majorité concernée n’étant pas susceptible, la prédominance de sa langue n’est plus exigée. On espère une «présence suffisante» du français.




Mais suffire rime avec réduire. On dit «suffisant», comme on dit «pas trop». Comme on dit «juste assez». Jusqu’à ce qu’on réduise encore un peu plus. Comme ailleurs dans ce pays où les créoles de souche seront dénombrés un jour par Statistique Canada...




Manitoba




Ce qui ramène un autre souvenir. C’était durant une campagne électorale. Jean Chrétien courtisait le Manitoba. On se retrouva dans un bled du sud de Winnipeg à flâner en l'attendant.




Sur une porte blanche, une petite fleur de lys bleue, sculptée. L’endroit est sens dessus dessous. Tout a été saccagé. Le verre brisé craque sous nos pas. C’est le club social des quelques francophones du coin. Ils ne parlent plus français au restaurant, sauf à voix basse, quand l’endroit est vide. Hors de leur refuge, ils n’ont plus, depuis longtemps, une «présence suffisante» pour être eux-mêmes. Mais juste assez nombreux pour goûter au racisme. Un vieil homme, accroché à son balai, laisse tomber: «Ils reviennent de temps en temps, pour tout casser»...



 




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