Il y a en France des municipalités qui détruisent délibérément leurs églises. Il y a des chrétiens - oh, combien nombreux, hélas ! - qui ont intériorisé le déclin de l'Eglise et de la foi au sein de la société. Il y en a cependant qui refusent le déclin et qui, au contraire, fortifient la Foi. Au point que leurs églises sont remplies, et même qu'ils se voient obligés d'en construire de nouvelles.Née du refus de la nouvelle messe issue du concile Vatican II, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) fait partie de cette « tradition » chrétienne toujours vivace en Bretagne, plus qu'en France. Les cinq départements bretons comptent ainsi 35 lieux de culte où sont célébrées des messes traditionnelles, d'après une carte établie sur le média régional indépendant d'information Breizh Info. L'association Renaissance catholique, qui milite pour le développement des messes traditionnelles dans les diocèses, affirmait en juillet que les chrétiens traditionalistes représentent un cinquième des ordinations de prêtres en France et une bonne partie des vocations... alors qu'il s'agit de moins de 5% de catholiques pratiquants. Cela dit, ils pratiquent régulièrement - une fois par semaine au moins -, sont portés par une démographie favorable, les familles étant souvent nombreuses voire très nombreuses, et leur vie quotidienne est marquée par la Foi.
Ils ont par ailleurs leurs propres établissements scolaires et ceux-ci se développent. Ainsi, près de Nantes, l'école primaire - collège (hors contrat) de la Placelière. Acquise en 2009, cette ancienne maison de retraite aménagée dans un manoir du XVIIIe étendu dans les années 1950, au milieu des vignes, compte maintenant 140 élèves de la primaire à la troisième. C'est là-bas que la FSSPX construit une église neuve pour remplacer une chapelle (provisoire) installée dans l'orangerie, qui sert dans la semaine de réfectoire aux élèves.
Pour 1,2 millions d'euros, la FSSPX y construit une église qui conjugue tradition et modernité. Le plan général, avec grande nef et bas-côtés, est traditionnel. Comme la façade rhabillée en pierres de taille, le clocher-mur sous le pignon, le toit d'ardoises, l'orientation d'ouest en est, les voûtes et les piliers en bois, de section quadrilobée comme les piliers romans. Mais les matériaux sont modernes : béton pour les murs pignon et parpaings sur les bas-côtés et la sacristie, fermes en lamellé-collé, et voûtes en éléments préfabriqués fabriqués par l'entreprise mayennaise Cruard, et assemblés sur place.
Cet assemblage, hors du commun, a d'ailleurs participé à retarder l'achèvement de l'église, qui devait être prête à l'origine pour la Toussaint, puis pour la Noël 2016. Mi-octobre, le gros œuvre était en cours de finition, l'église étant couverte, la toiture du préau en cours d'achèvement, et les menuiseries - en aluminium pour les fenêtres en anse de panier, en bois pour les portes - en train d'être installées.
Jérôme, menuisier, avoue « travailler sur un chantier hors du commun. Même si on travaille assez souvent pour des églises », son entreprise ayant réalisé la voûte en bois et la porte de la chapelle du Christ Roi à Nantes, qui est celle des sédévacantistes, et où l'on fait aussi des messes traditionnelles en latin, « c'est sûr que c'est un chantier plus serein, plus reposant. Et puis on fait des travaux plus intéressants ». Pour son collègue, « c'est clair qu'il y a un décalage entre les murs en béton et la voûte en châtaigner, qui est très belle. Mais le rendu final est intéressant ». Denis, maçon de l'entreprise Rey, n'est pas dépaysé : « on a fait l'extension du Rafflay avant », l'école de filles qui dépend de la FSSPX et qui est située à quelques kilomètres. « C'est très agréable, ce chantier, il n'y a pas de chef pour nous engueuler et on vient travailler ici en joie, ça change de l'habitude ».
La chapelle devrait être prête « pour le 12 mars », avance l'abbé Lajoinie, directeur de l'école. D'ici là, il va falloir la meubler. « Nous recherchons 34 bancs de 4 m de long, une trentaine de bancs de 1m50 voire 2 mètres de long, 4 confessionnaux, le tout en bois clair de préférence, 3 autels - un maître-autel et deux latéraux, un chasublier pour la sacristie, des fonts baptismaux, un chemin de croix modeste - pas plus de 50 cm de hauteur - et quatre statues de 80 cm de hauteur, et si possible réalisées dans le même style ». Un appel aux bonnes volontés qui ne devrait pas laisser indifférent, pour une fois qu'une église est construite, ex nihilo, en France.
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