Ces arguments que tout premier ministre, ministre, politicien et citoyen doivent connaître

Les arguments de principe

Tribune libre


La connaissance des grands principes permet de trouver en toutes circonstances les solutions qui conviennent - Sun Tsu
Strictement obligatoire dans les cours de stratégie militaire, la connaissance des principes universaux qui gouvernent toute stratégie d’État en temps de guerre est absente ou presqu’absente en temps de paix. Elle est absente des programmes des sciences politiques, qui ont tendance à y substituer l’étude des idéologies et des systèmes, même s’il existe des différences majeures entre idéologies, systèmes et principes. D’autre part, des circonstances peuvent forcer un État à mettre les principes en pratique, comme par exemple lorsqu’il est au bord de la faillite ou de la guerre.
Élément intangible de la réalité, qui est relation en Acte et en Puissance, le principe est imperceptible sur le coup du moment. Par exemple, un État dépense trop ou mal dans ses infrastructures, contrairement aux principes suivants : appréciation du contexte et de la situation; concentration et économie de l’effort et des moyens, simplicité, logistique, il existe de bonnes chances que personne ou presque ne s’en rende compte avant qu’il ne soit trop tard. D’autre part, les quelques individus dont la compétence les place à cheval sur les principes, ne seront écoutés que lorsqu’il sera trop tard. Les commissions d’enquête suivront mais ne changeront pas grand-chose, comme nous en avons fait l’expérience au Québec. Il aurait mieux fallu tenir compte des principes.
Le pire est lorsque quelqu’un voit venir une guerre que les autres refusent de voir et qu’il aurait été possible de prévenir par des mesures diplomatiques adéquates, alors qu’il était encore temps. Qui s’y connaît en matière de guerre peut voir venir trente ans d’avance l’éclatement d’un conflit dont les assises sont en place depuis longtemps. Toutes les guerres se rapportent aux matières premières et aux communications, principales sources des pouvoirs politiques et économiques. Lorsque tout le monde, ou presque, finit par s’en rendre compte, il est trop tard pour éviter l’éclatement du conflit en guerre ouverte à moins bien de faire preuve d’une détermination exceptionnelle qu’il aurait fallu avoir depuis longtemps.
C’est dans l’aménagement de l’espace qu’on trouve la pire ignorance et les pires négligences. Par exemple, en géographie à l’Université de Montréal en 1950, nous avions des textes venus d’Europe et qui nous avertissaient de l’importance de préserver les espaces agricoles, d’aménager les espaces urbains avec soin afin de rendre vivable la vie en ville, et de préserver l’environnement. Il a fallu plus de 30 ans avant de comprendre l’importance de ces textes, qui nous offraient de profiter de l’expérience des autres, et lorsque la politique a finalement pris la décision de passer des lois pour protéger les espaces agricoles, il était trop tard. La loi 78 sur la protection des sols agricoles n’a eu que peu d’effets.
De plus, la spéculation foncière avait été jugée comme une plaie majeure qu’il fallait interdire et que les pays d’Europe interdisaient effectivement. Partout en Amérique du nord, rien n’a été fait pour mettre fin à la spéculation foncière et les spéculateurs continuent de faire fortune sur le dos des populations sans défense.
Parlons d’indépendance. La Norvège, indépendante de la Suède depuis 1905, s’en portait beaucoup mieux par la suite. Les principes en cause : tous les principes de base qui doivent gouverner toute stratégie d’État : appréciation du contexte et de la situation; détermination et maintien d’objectifs praticables et réalisables en termes de temps et d’espace; maintien du moral; concentration et économie de l’effort et des moyens, simplicité, souplesse, coordination, coopération, administration et logistique. Jamais les Norvégiens n’ont regretté leur indépendance. Et pourtant, leur territoire est beaucoup plus petit et leur population beaucoup moins nombreuse que celle du Québec.
De même l’indépendance de la Finlande avec le traité de Tartu en 1920. Jadis inféodée à la Suède pendant 600 ans, la Finlande est tombée sous domination russe après le Congrès de Vienne qui mettait fin aux guerres napoléoniennes. C’était vers 1815. En 1917, les Finlandais ont profité de la révolution bolchévique pour demander et obtenir leur indépendance de la Russie, sauf que tous les Finlandais n’étaient pas en faveur de l’indépendance. Il y a eu des « fédéralistes » finlandais pour vouloir demeurer sous domination russe dont ils tiraient avantage et comme résultat : une guerre civile entre Finlandais.
Vingt ans plus tard, lorsque la Russie envahit la Finlande pour se protéger contre une invasion allemande, les Finlandais avaient changé et se tenaient d’une pièce pour défendre leur territoire, à la fois contre la Russie et l’Allemagne, ce qui est incroyable pour un si petit peuple. La population de la Finlande à l’époque dépassait à peine quatre millions à se battre contre deux géants et effectivement, les chasser de leur territoire. En dépit de pertes territoriales, les Finlandais ont réussi à préserver leur indépendance.

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 mars 2014

    Bonjour M. Sauvé, contactez moi à mon courriel je vous laisserai mon numéro ou me joindre nous nous connaissons , voisin à institut cardiologie, une retrouvaille merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2014

    - 1 Appréciation du contexte et de la situation ;
    - 2 Détermination et maintien d’objectifs praticables et réalisables en termes de temps et d’espace ;
    - 3 Maintien du moral ;
    - 4 Concentration et économie de l’effort et des moyens ;
    - 5 Simplicité ;
    - 6 Souplesse, ;
    - 7 Coordination ;
    - 8 Coopération ;
    - 9 Administration et logistique.
    On peut appliquer aussi la recette dans la vie de tous les jours. Il suffit de l'avoir toujours en tête et de la retenir. COPIEZ-LA ET METTEZ-LA SUR VOTRE TABLE DE TRAVAIL. Si j'étais Mme Marois, c'est ce que je ferais.
    Pierre Cloutier