Bousculé par l’arrivée de Pierre Karl Péladeau, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, sent l’urgence de revoir l’offre politique de son parti en se positionnant sur la question nationale.
Finie la parenthèse de dix ans où toute discussion sur la souveraineté ou encore sur le statut constitutionnel du Québec au sein de la fédération canadienne était reportée, position qui fut celle de la CAQ dès sa création. Nationaliste, la CAQ revendiquera une forme de statut particulier pour le Québec au sein du Canada, a appris Le Devoir. Plus question de se poser fermement sur la clôture : la CAQ s’affichera pour un Québec dans le Canada mais avec de nouveaux attributs constitutionnels, notamment en matière d’immigration. L’option de la souveraineté se marginalise au sein de l’électorat, n’en déplaise à Pierre Karl Péladeau : elle n’a pas d’avenir, analyse-t-on.
Le chef caquiste a promis de dévoiler les détails mercredi de la position constitutionnelle de son parti. « On doit avoir une réflexion sur notre positionnement sur la question nationale », a-t-il dit.
« Aujourd’hui, l’arrivée de Pierre Karl Péladeau change la donne. Il faut réagir », a affirmé François Legault lors d’une conférence de presse à l’occasion du caucus présessionnel des députés caquistes. Le nouveau chef péquiste « ne parle à peu près que d’indépendance, sa seule priorité », a-t-il fait observer.
François Legault a réitéré que la CAQ pâtit de la polarisation autour de la question nationale. Mais c’est une situation « temporaire », estime-t-il, le chef péquiste bénéficiant d’une « lune de miel » qui n’aura qu’un temps, comme celle dont le chef caquiste dit avoir joui quand il a lancé la CAQ.
Dissiper toute ambiguïté sur l’appartenance du Québec à la fédération canadienne est essentiel pour contrer le Parti libéral de Philippe Couillard qui profite de cette polarisation, croit-on, un parti qu’à la CAQ, on associe au statu quo constitutionnel.
En plus de doter son parti d’une position sur la question nationale, François Legault a parlé d’« un retour aux sources » pour la CAQ, quand elle n’était qu’un mouvement, et aux quatre sujets dont il traitait : l’économie, l’éducation, la santé et l’identité. Mardi, le chef caquiste a insisté pour reparler de l’éducation, qui doit devenir « la vraie priorité » du Québec. « C’est l’avenir de notre nation francophone qui est en jeu », a-t-il affirmé.
Le chef caquiste a mandaté son porte-parole en matière d’éducation, Jean-François Roberge, qui enseignait avant d’être élu député de Chambly, de faire la tournée du milieu et de formuler de nouvelles propositions. « On va mieux définir notre offre, entre autres en éducation », a-t-il indiqué.
Cet été, François Legault a visité l’Allemagne et la Scandinavie. Il s’est rendu à Munich, à Hambourg, à Copenhague et à Stockholm. Il a souligné qu’en Suède, 35 % de la population avait un diplôme universitaire alors que cette proportion n’est que de 25 % au Québec. Il a fait valoir qu’en Allemagne, presque deux fois plus de travailleurs, toutes proportions gardées, ont une formation professionnelle et technique. Ce sont des facteurs qui expliquent leur succès économique. « Je me suis toujours battu pour l’éducation, a-t-il dit. Ça n’a peut-être pas beaucoup paru dans les derniers mois. Donc ça va paraître dans les prochains mois. »
« On va continuer de se battre contre les réductions de services en éducation, contre le gel [de salaire des enseignants] », a-t-il déclaré, dénonçant « le manque de vision épouvantable » de Philippe Couillard. « Si on avait moindrement de la vision au Québec, il faudrait investir davantage dans l’éducation, pas réduire les services aux élèves. »
La CAQ a beaucoup parlé de ménage, a reconnu François Legault. « C’était nécessaire de faire le ménage. Mais ce n’est pas vrai qu’on va régler tous nos problèmes au Québec seulement avec le ménage. »
François Legault a répété qu’il sera à la tête de la CAQ en 2018, et même au-delà. « Même si je ne gagne pas la prochaine élection en 2018, je vais rester à la CAQ. Je suis là pour de nombreuses années. »
Quant au départ de la députée Sylvie Roy, qui siégera comme indépendante, il ne met pas en cause son leadership, bien au contraire. « Il y a cinq députés qui m’ont demandé d’agir. Si je n’avais agi, j’aurais manqué de leadership, s’est-il défendu. Il n’y a pas de crise à la CAQ. »
Legault revendiquera un statut particulier pour le Québec
La Coalition avenir Québec n’occultera plus la question nationale
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