François Legault a perdu toute crédibilité en matière éthique en passant l’éponge sur le conflit d’intérêts dans lequel s’est placé son député Éric Caire, estime Jean-François Lisée.
« François Legault a gaspillé son capital de confiance au sujet de l’éthique, c’est un des points tournants de la campagne que nous venons de vivre aujourd’hui », a lancé le chef péquiste hier soir, devant quelque 300 militants péquistes réunis à Sherbrooke.
« Pas une bonne idée »
Le chef de la CAQ a admis que son député a commis une « erreur » en acceptant, avec son ex-conjointe, un prêt de 55 000 $ du maire de L’Ancienne-Lorette, Émile Loranger. Pas question toutefois de l’écarter d’un éventuel Conseil des ministres caquiste. « Ce n’était pas une bonne idée. Il aurait dû consulter le commissaire à l’éthique avant. Mais, c’est réglé. Il a remboursé », a insisté M. Legault, pressé de questions par les journalistes.
Après avoir passé l’éponge sur les activités professionnelles douteuses de Stéphane Le Bouyonnec, qui a finalement démissionné mardi de son poste de président de la CAQ et renoncé à sa candidature dans La Prairie, François Legault vient d’échouer à un second test d’intégrité, croit Jean-François Lisée.
« François Legault, aujourd’hui, a perdu toute autorité morale en matière d’éthique, a-t-il dit. Le vernis éthique de François Legault a fondu complètement aujourd’hui. »
« Shérif »
Éric Caire était considéré comme le « shérif éthique de la CAQ », a rappelé M. Lisée. « C’est l’homme qui était impitoyable envers tous ceux qu’il pensait qu’ils avaient commis une faute éthique », a-t-il dit.
Le libéral Gaétan Barrette s’est lui aussi étonné de l’indulgence de François Legault. « Le député a eu tout le temps de réfléchir à sa décision [d’accepter le prêt du maire Émile Loranger]. Il ne pouvait pas ne pas savoir qu’il se mettait en conflit d’intérêts. Il ne peut pas plaider l’ignorance », a-t-il fait remarquer.
Sans aller jusqu’à demander le retrait de la candidature de M. Caire, Gaétan Barrette réclame que M. Legault réponde à des questions. « Est-ce que le prêt était à zéro intérêt ? Est-ce que c’est un avantage qui était exagéré par rapport au marché ? Est-ce qu’il y a d’autres avantages ? s’est-il demandé. La lumière doit être faite là-dessus par François Legault qui essaye de balayer ça sous le tapis. »
Du côté de Québec solidaire, la candidate Catherine Dorion a dit accorder « le bénéfice du doute [à M. Caire] qui n’a peut-être pas pensé à mal ». Cela dit, l’attitude du député de La Peltrie « dit quand même dans quelle culture les gens qui font de la politique, en général, évoluent. On veut changer cette culture », a-t-elle ajouté.
— Avec Taïeb Moalla et Charles Lecavalier