Le troisième référendum

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Les jeunes ne s'investissent que dans l'action






Commémoration du référendum de 1995 oblige, on a beaucoup parlé de la souveraineté depuis une semaine. Il faut dire qu’on en a surtout parlé au passé. On s’est rappelé le deuxième référendum et on l’a examiné sous toutes ses coutures. Les circonstances historiques qui l’entouraient. La qualité des hommes qui dirigeaient le camp du Oui. La coalition qu’il était parvenu à former. On en a même appris davantage sur les coulisses du référendum.




Pour les plus jeunes, la chose avait peut-être quelque chose d’exotique. Ils n’ont pas connu les grandes heures de la question nationale. Ce n’est pas à travers elle qu’ils ont été socialisés politiquement. Les souvenirs qui font vibrer les générations précédentes leur sont souvent étrangers. Il faut dire qu’ils ont fréquenté, du primaire jusqu’à l’université, un système scolaire qui vise moins à en faire des Québécois enracinés que des petits citoyens du monde.




Division




Une question a néanmoins traversé la semaine: y aura-t-il un troisième référendum? La question peut-elle renaître, et le mouvement souverainiste, rebondir? On peut légitimement pleurer ses défaites, on ne saurait pour autant se fermer à l’avenir. Et la question qui devrait occuper l’esprit des souverainistes est finalement simple: à quelles conditions peuvent-ils espérer le tenir, ce troisième référendum que le Québec n’a pas les moyens de perdre? De quelle manière l’amener à renouer avec la question nationale.








Une idée devrait guider les souverainistes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souverainiste.








Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’éclatement du camp du Oui. État des lieux: la gauche et la droite ne se parlent plus vraiment, les nationalistes civiques et les nationalistes identitaires se regardent en chiens de faïence, les partisans du bon gouvernement suspectent les «pressés» de témérité référendaire qui accusent les premiers d’instrumentaliser l’indépendance. Tous ces gens ne savent plus trop ce qui les rassemble. Ils offrent au grand public, qui s’en lasse avec raison, les sempiternelles querelles souverainistes.




On ne peut pas oublier non plus la division des partis. Le PQ demeure le navire amiral irremplaçable de la cause souverainiste. Mais il ne parvient plus à convaincre tous les souverainistes de l’appuyer automatiquement. Option nationale est un parti groupusculaire mais il rassemble des militants passionnés. Québec solidaire se place en marge du mouvement, mais on ne saurait oublier qu’il canalise une partie du vote souverainiste. On trouve même un bon contingent d’électeurs du Oui à la CAQ. Sans être fermés au pays, ils n’en font plus une priorité.




Une maison ouverte




Une idée devrait guider les souverainistes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souverainiste. Chacun ne voudra pas le pays pour les mêmes raisons. Tous ne se comprendront pas. Mais l’heure est peut-être venue de dépasser ces clivages. Chacun devra faire des concessions. La première d’entre elles consiste à reconnaître qu’aucune tendance ne devrait être exclue du mouvement souverainiste. Pour reprendre les mots de Jacques Parizeau, que le dernier entré laisse la porte ouverte s’il vous plaît.




Une idée fondamentale est susceptible de les rassembler: le Québec devrait faire ses propres choix, sans demander quelque permission que ce soit à personne. S’ils y croient plus que tout, et s’ils parviennent à se donner un bel élan, peut-être parviendront-ils à faire renaître le pays dans le cœur et la tête des Québécois.




 



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