Admettons pour un instant que les végétariens ont raison, que le régime carné est une tradition barbare, néfaste non seulement pour les animaux, mais pour la santé des humains et de l’environnement, ce ne serait pas une raison pour imposer le végétarisme par la terreur, en saccageant les boucheries et les charcuteries comme les végétariens ont fait récemment en France et au Québec. Proposer, mais ne pas imposer par la force ses convictions nous semble être un sage conseil. On ne veut pas d’une révolution, mais d’une évolution afin d’avoir le temps de s’adapter et de ne pas faire fausse route.
Effets de la viande sur la santé
Il est possible qu’un jour nous abandonnions l’alimentation carnée comme l’exigent tambour battant les végétariens, les libéraux et les défenseurs du développement durable (Agenda 2030 de l’ONU), mais c’est loin d’être fait. Selon les chercheurs, Frédéric Leroy et Nathan Cofnas, les études qui pointaient dans cette direction sont en effet sérieusement remises en question. La science utilisée pour élaborer les politiques alimentaires actuelles axées sur l’alimentation végétarienne est en effet trop souvent partielle et inexacte. Elle échoue très souvent lorsqu'elle est testée avec des études randomisées comparatives. Elle est un outil utile pour la génération d'hypothèses, mais ses conclusions en tant que telles ne doivent pas servir à la mise en œuvre des politiques de santé en l'absence de justification supplémentaire. « Cela est particulièrement vrai, précise les chercheurs, Frédéric Leroy et Nathan Cofnas, lorsque les résultats sont contre-intuitifs, comme c'est le cas pour la viande, étant donné sa longue histoire en tant qu'aliment essentiel dans l’alimentation de notre espèce. (1) »
De fait, le régime carné riche en gras saturés et en cholestérol ne semble pas si mauvais pour la santé et l’environnement que le prétendent notamment les autorités canadiennes en nutrition (2((3). Selon le collège des cardiologues américains, « les aliments riches en acides gras saturés comme les produits laitiers entiers, la viande non transformée et le chocolat noir ne sont pas associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires. La totalité des preuves disponibles ne permet pas de limiter davantage la consommation de ces aliments. (4) » Selon les données épidémiologiques actuelles, il n’existe par ailleurs aucun lien causal fiable entre la consommation de viande rouge, par exemple, et les maladies chroniques comme le cancer colorectal (5).
De plus, les données de l’anthropologie et de la biologie évolutionniste sont éloquentes, nous sommes des omnivores à forte tendance carnivores (6). Si nos ancêtres très lointains étaient herbivores, avec l’invention des outils il y a au moins 2,5 millions d’années nous avons en effet évolué vers un régime à base de viande. Nous sommes d’ailleurs merveilleusement bien adaptés, anatomiquement et physiologiquement pour manger de la viande (6). Instinctivement, la viande et ses dérivés sont les aliments les plus recherchés des humains partout dans le monde. Et ce n’est pas un besoin d’origine culturelle qui peut être transgressé facilement (7).
Certes, le fait que nous soyons biologiquement adaptés à un régime contenant une quantité importante de viande ne prouve pas en soi que les régimes végétariens sont malsains. Cependant, lorsqu'il s'agit de pratiquement toutes les autres espèces, nous tenons généralement pour acquis que le meilleur régime pour une espèce en captivité est celui qu’elle mangeait dans la nature. Chez le chat, par exemple, il existe un lien incontestable entre le diabète et le pourcentage élevé de céréales dans la nourriture commerciale. Comment expliquer ce fait ? Eh bien parce que le chat étant un strict carnivore, son organisme est incapable de métaboliser une si grande quantité de céréales (8). Et les humains ne font pas exception à ce principe. En raison de son importance démesurée accordée aux hydrates de carbone et aux céréales, certains scientifiques ont fait un lien entre le fameux guide alimentaire de l’Université Harvard axée sur l’alimentation végétarienne et la source de l’épidémie d’obésité morbide et de diabète qui sévit actuellement aux États-Unis (9) .
Selon les scientifiques, Frédéric Leroy et Nathan Cofnas :
le dossier scientifique contre la viande rouge du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) des Nations unis a été exagéré, rendant “un mauvais service au public”. L’affirmation du CIRC (2015) selon laquelle la viande rouge est « probablement cancérigène » n’a jamais été étayée. De fait, une évaluation des risques par Kruger et Zhou (2018) a conclu que ce n'était pas le cas. De tels systèmes de classification des dangers ont été fortement critiqués, même par l'un des membres du groupe de travail du CIRC sur la viande rouge et le cancer (Klurfeld, 2018); ils sont accusés d'être dépassés et d'entraîner des alertes sanitaires évitables, le financement public de recherches et de programmes nutritionnels inutiles, la perte d'aliments bénéfiques et potentiellement, une augmentation des coûts de santé. (10)
Effets sur le climat
Quant aux effets de l’élevage sur le climat, nous avons montré dans un article précédent que le réchauffement climatique, et sa nouvelle dénomination passe partout, « changement climatique » est une affabulation de l’ONU et du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (11) . À l’instar de la fausse étude de la revue « The Lancet » sur l’hydroxychloroquine (12), la même revue a rejeté la fausse étude (13), « EAT-Lancet », financée entre autres par la Fondation Rockefeller, un membre éminent de la Société Fabienne (14). Cette pseudo-étude recommandait un régime végétarien afin de sauver la planète et réduire l’écart entre les nations riches et les nations pauvres (15).
La souffrance animale
Cela dit, la souffrance des animaux est sans doute le principal souci des végétariens (17). Or, n’étant pas conscients de leur mort, les animaux peuvent être élevés et abattus selon les règles de l’art, en minimisant leur stress et leur souffrance. Ce qui présuppose qu’ils soient élevés dans des conditions qui respectent leur besoin de socialisation, d’espace, d’air frais, d’eau et de nourritures saines.
Comment pensent les animaux ?
Eh bien, c’est simple, ils ne pensent pas comme nous, c’est-à-dire avec des mots et des symboles. Si les animaux ont des émotions et s’ils sont capables de souffrir, exactement comme nous, ils n’intellectualisent pas ses sensations comme nous sommes les seuls à pouvoir le faire. Il leur manque un langage symbolique comme le nôtre qui leur permettrait de nommer les émotions et de les catégoriser selon des conventions artificielles. Le fameux postulat de Hume, « sont-ils capables de souffrir? », n’est pas le seul critère à prendre en compte. Est-ce qu’ils pensent comme nous ? Est-ce qu’ils construisent des idéologies ? Deux questions qui ne nous viennent jamais à l’esprit précisément parce que nous présupposons d’office qu’ils sont comme nous.
La mort
Tout comme les jeunes enfants humains qui n’ont pas encore appris à parler et qui n’ont pas par conséquent de langage symbolique, les animaux sont inconscients de leur finitude. La peur de mourir est un concept humain qui doit être enseigné, car nous ne naissons pas avec cette peur. Pour craindre la mort, il faut d’abord en avoir une idée. Et sans un langage conceptuel, la mort ne peut être décrite ou appréhendée. Un grand nombre d’animaux dans les abattoirs, les fourrières et les cliniques vétérinaires qui attendent d’être détruits sont en général terrifiés, mais incapables d’envisager leur mort prochaine. Ils réagissent à une situation inhabituelle qu’ils ne comprennent pas, mais n’ont aucun moyen de savoir si la personne qui se trouve à leur côté avec une seringue dans la main, par exemple, va les soigner ou les tuer. Autrement dit, sans un langage symbolique, les animaux sont incapables de faire la distinction entre un abattoir, un hôpital vétérinaire et une fourrière ou entre un vétérinaire, un boucher et un préposé à l’euthanasie. De leur point de vue cognitif, pourvu qu’il n’en ait jamais fait l’expérience, la seringue que tient cette personne, et qui va servir à les mettre à mort peut aussi bien être un jouet quelconque.
L’échelle du temps
Le temps newtonien est une échelle du temps inventée par les humains. Les autres espèces ont leur propre horloge interne, mais à la différence des êtres humains, elles ne mesurent pas la qualité de leur vie par sa longueur. Elles ne peuvent même pas conceptualiser la longueur d’une vie. Par conséquent, lorsque nous pensons que c’est une bonne chose pour les animaux de vivre plus longtemps, nous ne faisons que transposer sur eux non seulement notre propre peur de mourir, mais nos notions sur la qualité de vie et son rapport à la longévité. Nous sommes la seule espèce sur Terre à craindre la mort et à confondre longévité et bonheur.
L’élevage concentrationnaire
« Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance, et qu’il domine sur le bétail sur toute la terre », dit en résumé Dieu dans la Genèse (I, 26). Nous sommes bien d’accord avec ce principe de domination des humains sur les animaux, mais nous ne voulons pas être « la crainte et l’effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer » (Genèse 9, 2-3).
Nous nous devons au contraire non seulement de traiter ce cheptel providentiel avec le respect qu’il mérite, mais d’abandonner lorsque c’est possible les usages désuets et remplaçables par des alternatives aussi bien sinon mieux adaptés à nos besoins. Dieu ne nous en tiendra pas rigueur, soyez-en assuré !
Dans cette optique, nous réprouvons fortement l’élevage intensif. À l’instar de l’ethnologue français Jean Pierre Digard, il n’est pas absurde en effet de se demander « si ce type d’élevage ne correspond pas à une logique inconsciente, proche du sadisme, totalement différente en tout cas de celle — productiviste — qui constitue sa raison d’être officielle (17) ».
L’élevage intensif est non seulement un sacrilège, mais une manière malsaine de s’alimenter. Acheté local d’éleveurs respectueux des animaux et évitez par conséquent les produits pollués aux antibiotiques et aux additifs alimentaires issus des élevages concentrationnaires, vous vous en porterez mieux et les animaux aussi (18).
L’abattage rituel
Il va sans dire dès lors que les abattages hallal et casher, deux traditions inutilement cruelles et irrespectueuses des animaux, n’ont pas leur place dans un pays civilisé comme le nôtre. Si les commandements sacrés ordonnent que le sang s’écoule de l’animal vivant, les méthodes modernes d’abattage correspondent aux rituels religieux bien mieux que la méthode religieuse.
Il faut savoir aussi que la méthode juive d’abattage (che’hitat) n’est pas une exigence de l’Ancien Testament, le livre sacré des enfants d’Abraham, mais du Talmud, une collection de malédictions dirigées contre les non-juifs et un recueil de superstitions qui n’a rien à voir avec l’authentique judaïsme de la Bible hébraïque (19).
Par conséquent, saigner un animal à mort en lui tranchant la gorge sans l’étourdir au préalable, à la façon des djihadistes, est un acte que nous réprouvons fermement. Cette pratique ignoble – interdite en Suisse depuis 1893, plus récemment, en Suède, au Danemark et en Slovénie, et depuis janvier 2019, en Belgique – doit cesser.
Les dogmes ne sont pas écrits dans le marbre. Afin de s’ajuster à la modernité, l’Église catholique, par exemple, a changé ses fondamentaux de nombreuses fois depuis Vatican II (1965). Or, rien n’empêche les juifs et les musulmans d’en faire autant. Il faut vivre avec son temps. Où est le problème ?
Voici pour finir les conclusions des chercheurs Frédéric Leroy et Nathan Cofnas :
Nous pensons qu'une réduction importante de la consommation de viande, comme celle préconisée par la Commission EAT-Lancet [financé en partie par La Fondation Rockefeller, un membre éminent de la Société Fabienne], pourrait entraîner de graves dommages. La viande est depuis longtemps, et continue d'être notre principale source de nutrition de haute qualité. La théorie selon laquelle elle peut être remplacée par des légumineuses et des suppléments n'est que pure spéculation. Alors que les régimes riches en viande se sont révélés efficaces au cours de la longue histoire de notre espèce, les avantages des régimes végétariens sont loin d'être établis et ses dangers ont été largement ignorés par ceux qui l'ont approuvé prématurément sur la base de preuves discutables. (20)
Références
1. Frédéric Leroy et Nathan Cofnas. Should dietary guidelines recommend low red meat intake? Journal of Critical Reviews in Food Science and Nutrition; 2020, Vol. 60, Issue 16, p. 2763-2772.
2. Bradley C. Johnston et coll. Unprocessed Red Meat and Processed Meat Consumption: Dietary Guideline Recommendations From the Nutritional Recommendation. Annals of Internal Medicine, 2019.
3. Arne Astrup, MD, DMSC et coll. Saturated Fats and Health: A Reassessment and Proposal for Food-Based Recommendations JACC State-of-the-Art Review. Journal of the American College of Cardiology, Vol. 76, No. 7, 2020.
4. Ibid.
5. Frédéric Leroy et Nathan Cofnas. Should dietary guidelines recommend low red meat intake? Journal of Critical Reviews in Food Science and Nutrition, Vol. 60, 2020 - Issue 16, p. 2763-2772
6. Ibid.
7. Rolf Degen. Seven unflattering truths about vegetarians. PDF en ligne.
8. Rand J. S.. Understanding feline diabetes. Australian Veterinary Practionner ; 27 : 17-26, 1997.
9. Cynthia L. Ogden, Ph.D., and Margaret D. Carroll, M.S.P.H. Prevalence of Overweight, Obesity, and Extreme Obesity Among Adults: United States, Trends 1960–1962 Through 2007–2008. Renters for Disease Control and Prevention, June 2010.
10. Frédéric Leroy et Nathan Cofnas. Article cité.
11. Charles Danten. Tyrannie larvée. Nexus août 2020, no 129.
12. Hervé Morin. « The Lancet » annonce le retrait de son étude sur l’hydroxychloroquine
Le Monde, le 04 juin 2020.
13. Francisco J. Zagmutt, Jane G. Pouzou, Solenne Costard. The EAT–Lancet Commission: a flawed approach? The Lancet Journal. Vol. 394, ISSUE 10204, 2019.
14. Guy Boulianne. La société fabienne. Éditions Dédicaces, 2019
15. Willett W Rockström, J Loken B et coll. Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019; 393: 447-492.
16. John Robbins. Se nourrir sans faire souffrir. Éditions Stanke, 1990.
17. Jean-Pierre Digard. L’élevage industriel. Les Français et leurs animaux : Ethnologie d’un phénomène de société. Fayard, Pluriel Éthnologie, 2005, p. 4.
18. Tiffanie Ardoin Saint Amand. La règlementation européenne face a l’évolution de la societé : les exemples des antibiotiques facteurs de croissance et du bien être animal en production porcine. Thèse pour obtenir le grade de docteur vétérinaire diplôme d’État présentée et soutenue publiquement en 2004 devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse, [en ligne].
19. Abbé Olivier Rioult. La question juive. Éditions Saint-Rémi, 2018.
20. Frédéric Leroy et Nathan Cofnas. Article cité.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé