La semaine dernière, Mathieu Bock-Côté nous disait pourquoi il aimait tant Game of Thrones, la série qui a brisé tous les records de cotes d’écoute du réseau HBO lors de la diffusion de son ultime épisode dimanche soir.
« Cette série a su réveiller le désir du romanesque, écrivait-il. C’est une grande fresque, c’est une épopée, c’est l’univers des extrêmes. C’est un monde voué aux grandes querelles et aux grandes ambitions et non aux petites entreprises d’introspection. »
LE MONDE EST UNE JUNGLE
Bref, pour Mathieu Bock-Côté, GOT (comme l’appellent ses fans) est une grande série, car elle permet à l’individu post-moderne d’arrêter de se regarder le nombril et de se gratter le bobo pour plonger tête première dans l’Histoire avec un grand H, fut-elle fantasmée.
Les lecteurs fidèles du Journal reconnaîtront ici la nostalgie de mon ami Mathieu pour une époque pas si lointaine où les hommes et les femmes se battaient pour des causes qui les dépassaient – que ce soit la survie de leur nation ou la défense de la démocratie.
Comme Mathieu, j’aime GOT, car j’y vois un reflet de mes obsessions personnelles.
À savoir que le monde n’est pas un jardin peuplé de licornes et de lapins, mais une jungle où les faibles sont écrasés et où les plus forts – et les plus futés – gagnent.
Aujourd’hui, on élève nos enfants dans du coton et du papier bulle.
Mais avant, le rôle des parents n’était pas de surprotéger leurs enfants, mais de les préparer à survivre dans un monde cruel.
Les parents ne brossaient pas un portrait angélique et rassurant du monde – ils le montraient tel qu’il était.
Comment ?
En lisant des contes.
Le Petit Chaperon rouge et le loup qui se déguisait en grand-mère, Hansel et Gretel et la sorcière qui attirait ses jeunes victimes avec des bonbons, La Belle au bois dormant et la pomme empoisonnée.
Ces contes étaient une façon de dire aux jeunes : « Prenez garde, le monde est rempli de méchantes personnes qui vous veulent du mal. »
DE L’ENFANT À L’ADULTE
Aujourd’hui, on cache la réalité à nos enfants.
On leur dit que tout va bien aller, que la Commission des droits de la personne va les protéger, que Justin Trudeau est un grand politicien et que l’avenir appartient aux gentils, aux victimes et aux naïfs.
Tous ceux qui ont plus de 50 ans savent que c’est de la bullshit, mais c’est ce qu’on leur dit.
Or, quel est le message de GOT ?
Un : si tu veux gagner contre tes ennemis, tu es mieux d’aiguiser tes lames et d’affûter tes armes, sinon tu vas crever la bouche ouverte.
Et deux : méfie-toi de tout le monde.
Ton partenaire en affaires peut te fourrer, ton comptable peut vider ton compte de banque, ton meilleur ami peut te trahir, ton oncle peut t’agresser et ta patronne peut te sacrer dehors.
Reste sur tes gardes.
GOT, c’est le retour du conte.
« Un conte, disait le pédagogue Bruno Bettelheim, auteur de l’essai culte Psychanalyse des contes de fées, est une histoire où le personnage central passe de l’immaturité à la maturité. »
Bref, de l’enfance à l’âge adulte.
Du lapin au lion.