Je ne me vois pas comme un grincheux de nature, mais je n’ai pas l’optimisme collectif facile. Le vieil indépendantiste impénitent que je suis ne cesse de méditer sur l’échec historique de la souveraineté. Cela me rend normalement d’humeur mauvaise. Le Québec aurait pu devenir tellement plus que ce qu’il est devenu.
CAQ
Et pourtant, depuis le 1er octobre, je sens, comme bien d’autres, que le peuple québécois va mieux. En renvoyant le PLQ sur les banquettes de l’opposition, nous n’avons pas seulement congédié un mauvais gouvernement.
Nous avons commencé à reprendre le contrôle de nos affaires collectives. Ce n’est certainement pas l’indépendance, mais c’est le retour à un peu de fierté collective. Il faut bien recommencer quelque part.
C’est un de mes amis qui a le mieux résumé la situation, le soir des élections, en me disant quelque chose comme: «Ça va être bizarre de se faire gouverner par des gens qui ne méprisent pas les Québécois.»
François Legault a bien des défauts, mais son premier réflexe, devant le Canada anglais, n’est pas de faire la carpette. Quand il affirme l’identité québécoise, il ne se sent pas raciste, et quand il parle du pétrole albertain, il n’a pas peur de le qualifier de pétrole sale.
En fait, il n’a pas l’air de s’excuser d’exister et ne donne plus à répétition des gages aux ultrafédéralistes. Il n’a pas l’air non plus de se définir en fonction de ce que Toronto attend de lui et ne fait même pas de courbettes excessives aux médias.
Le rôle de premier ministre du Québec lui va bien.
Fierté
Tout cela tranche avec l’atmosphère politiquement irrespirable des dernières années. Nous ne vivons pas une nouvelle Révolution tranquille. Mais il se pourrait bien que nous reprenions peu à peu goût au fait d’être Québécois.
Qui sait ce que cela donnera?