Le phénomène woke décrypté dans un nouveau livre qui remet les pendules à l’heure

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« Il présente la civilisation occidentale comme fondamentalement raciste, sexiste et transphobe et nous invite à la déconstruire »

Photo courtoisie, Liber


Le terme «woke» s’est imposé médiatiquement depuis quelques années.


Dans l’esprit public, il désigne cette gauche radicale, venue des États-Unis, qui se veut hypersensible aux revendications des «minorités», même les plus étonnantes, et qui ne cesse de diaboliser la majorité, réduite au visage de l’homme blanc.


Le wokisme arrache les individus à leur identité nationale pour les réduire à leur «race», et il veut nous obliger à séparer le monde entre les Blancs et les personnes racisées, lesquelles seraient apparemment victimes d’une discrimination systémique.


Il présente la civilisation occidentale comme fondamentalement raciste, sexiste et transphobe et nous invite à la déconstruire.




Déconstruction


Mais ce terme, woke, s’est à ce point répandu qu’on a perdu en chemin le sens de sa véritable définition. Il est galvaudé et risque de devenir inutile.


C’est justement pour remettre nos idées en place qu’on doit lire La pensée woke, de David Santarossa, un ouvrage qui paraît aujourd’hui et qui – avantage supplémentaire – décrypte cette pensée telle qu’elle s’exprime dans le contexte québécois.


David Santarossa, l'une des figures les plus importantes de la nouvelle génération intellectuelle, écrit avec une clarté admirable et une intelligence calme et profonde. Il nous plonge dans les contorsions de cette pensée qui marche sur la tête.


Sans compter que Santarossa, excellent pédagogue, propose à la fin de son ouvrage un lexique du wokisme. Ce lexique est essentiel. Car c’est d’abord en imposant son vocabulaire qu’une idéologie s’empare des esprits.


«Racisme systémique», «privilège blanc», «microagressions»: ces termes, et bien d’autres, hier encore ultramarginaux, se sont imposés dans le vocabulaire médiatique.


Et nous sommes obligés de les répéter si on espère être accepté dans les milieux qui comptent, ceux qui assurent l’accès aux meilleures positions sociales.


Il faudra ainsi affirmer, comme si cela allait de soi, que le Québec vit sous l’empire du «racisme systémique», que Montréal est un «territoire autochtone non cédé», que les Québécois, loin d’être enracinés dans leur pays, sont des «allochtones», et ainsi de suite.


Il faudra aussi dire que les femmes subissent une «culture du viol», ou encore que les hommes sont déterminés par une forme de «masculinité toxique».





Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.




Ces termes ont la consistance intellectuelle d’une bouette de fin de saison.


Mais qui refuse de les reprendre, ou pire, qui décide de les critiquer, verra sa réputation compromise et sa carrière entravée.


D’ailleurs, l'un des chapitres les plus importants de l’ouvrage est consacré à l’analyse du wokisme comme idéologie dominante.


Santarossa vise juste: si le wokisme est heureusement minoritaire dans la population, il est hégémonique dans les catégories sociales privilégiées.




Idéologie dominante


Il domine l’université, les médias, mais aussi le monde de l’entreprise, comme on le voit avec les départements de ressources humaines, qui se convertissent à l’approche EDI et qui remplacent le critère de mérite individuel par celui de quotas communautaires.


Le wokisme entend aussi nous rééduquer et nous convertir à ses dogmes. Il est autoritaire, pratique la censure et tolère même la violence contre ceux qui ne s’y soumettent pas.


L’ouvrage essentiel de David Santarossa permet de comprendre sa logique tordue.