Le MQF exige un moratoire sur l’agrandissement de Dawson

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Il faut cesser de financer notre assimilation

Le MQF exige un moratoire sur l’agrandissement de Dawson et s’inquiète de l’absence de vision pour le développement du réseau collégial francophone


« Malgré la chute spectaculaire du nombre d’inscriptions dans les cégeps français, au profit des établissements anglophones, le gouvernement du Québec continue à privilégier le système anglais, provoquant ainsi une concurrence déloyale », dénonce le MQF. 


Le Mouvement Québec français (MQF), par la voix de son président Maxime Laporte, exhorte le gouvernement Legault à suspendre le projet d’agrandissement du cégep Dawson, le temps de tenir un véritable débat sur l’anglicisation du réseau collégial au Québec. « Il faut impérativement cesser de contribuer, à même les fonds publics, à la détérioration de nos cégeps français au profit de l’offre collégiale anglophone ; le Québec doit renoncer à cette idéologie affairiste, néolibérale et anglomane qui concourt en ce moment même au pourrissement de notre système d’éducation post-secondaire. Il est proprement inacceptable que, dans le cadre de la loi 61, les velléités expansionnistes du Collège Dawson aient préséance sur le nécessaire débat entourant le statut linguistique des cégeps, à la veille de la réouverture attendue de la Charte de la langue française. Au strict minimum, le gouvernement aurait-il pu envisager, avant toute chose, un plan digne de ce nom voué à la relance du collégial français, or ce n’est pas le cas. Tout cela témoigne d’un cruel manque de vision de la part de nos dirigeants en ce qui a trait au développement du réseau collégial francophone, sachant qu’il est pourtant urgent et essentiel qu’on agisse dans ce dossier. »


En effet, il y a maintenant plusieurs mois que l’alarme a été sonnée. Et c’est avec stupéfaction que l’opinion publique a pris connaissance ces derniers temps de la grave diminution du nombre d’inscriptions au sein des établissements de langue française, à la faveur de ceux de langue anglaise. À ce chapitre, les cégeps français de l’ile de Montréal seront bientôt surpassés. « Cela se produira non pas dans 50 ans, ni dans dix ans, ni même dans cinq ans, mais bien à partir de l’an prochain ! » La situation est critique. À tel point qu’on reconnaît aujourd’hui que la popularité grandissante des cégeps anglophones constitue la pire cause de l’anglicisation sur notre territoire. Comme l’a révélé le chercheur indépendant Frédéric Lacroix, une part immense des étudiants québécois, « 19 % de l’effectif global temps plein au collégial et 25,4 % de l’effectif universitaire », est diplômée par les institutions postsecondaires anglophones du Québec. Or, une majorité d’entre eux décident ensuite de faire carrière en anglais et optent, ultimement, pour cette langue au quotidien. M. Lacroix rapporte également que « plus d’un étudiant sur quatre qui se destine à l’université choisit l’anglais dès le collégial ». Il s’agit d’une brèche majeure. Le gouvernement québécois a le devoir de la colmater, et non d’alimenter le problème. 


M. Laporte a fait valoir : « Bien souvent, on justifie la non-application de la loi 101 au cégep en s’appuyant sur le concept du libre-choix. Je pose donc cette question : jusqu’où sommes-nous prêts à aller collectivement pour appuyer ce soi-disant libre-choix ? À la lumière des données actuelles, près de 43 ans après l’adoption de la loi 101, il est évident que l’existence parallèle d’un système collégial public en anglais, financé à 100% par nos impôts, porte atteinte au développement du système de langue française, notre langue commune et officielle. Or, notre situation très minoritaire en Amérique du Nord où l’anglais s’impose comme langue hégémonique, nous oblige comme société à mettre les bouchées doubles pour rivaliser. Malheureusement, nos cégeps français peinent à concurrencer, et ce, sur notre propre territoire. Les données ne mentent pas. Le système collégial québécois de langue française se détériore. Le gouvernement doit absolument changer son fusil d’épaule et donner une chance à nos établissements de langue française, forts de la dévotion de leurs professeurs et artisans dévoués, de réussir. »