Plusieurs de mes collègues ont écrit sur le recul du français à Montréal.
Particulièrement chez les jeunes, qui ont l’air de trouver que la défense du français est un combat dépassé, une affaire de vieux, de boomers qui capotent dès qu’ils entendent un ado parler anglais.
LA VIE EST UN RAPPORT DE FORCE
Pour ces jeunes (pas tous, mais beaucoup), il est futile de « monter » une langue contre l’autre.
Le français et l’anglais peuvent très bien cohabiter.
« Il est où, le problème ? Tout est chill, man, relax ! »
On reconnaît là la bienveillance naïve des petits lapins.
« Bien oui, des enseignantes portent le voile, et alors ? »
« Bien oui, les jeunes mélangent le français et l’anglais, et alors ? »
« Bien oui, Ottawa ne s’intéresse plus autant au Québec qu’avant, et alors ? »
Le problème avec ces petits lapins est qu’ils croient au monde merveilleux des licornes.
Ils ne voient pas que tout, dans la vie, est une question de rapports de force.
Tout.
Si l’anglais avance, au Québec, c’est que le français recule.
Si la religion est de plus en plus présente dans l’espace public, c’est que la laïcité l’est de moins en moins.
Plus le poids démographique des francophones ira en diminuant au sein du Canada, moins le gouvernement fédéral sera enclin à défendre la politique des deux langues officielles.
Ce n’est pas tout, la gentillesse et la bienveillance.
On ne change pas les choses en souriant. On change les choses en modifiant le rapport de forces afin de le mettre à notre avantage.
Mais pour les petits lapins, qui ont été élevés dans la ouate et partent à pleurer dès que quelqu’un élève la voix, qui dit « rapport de force » dit « domination », « violence ».
LE LOUP ET LES BREBIS
Mettre l’anglais et le français sur le même pied d’égalité, au Québec, c’est permettre aux loups d’entrer dans la bergerie.
Non, non, ne vous roulez pas en boule et n’appelez pas la police de la pensée, chers lapins ! Je ne dis pas que les anglophones sont méchants et qu’ils veulent tuer notre langue et notre culture !
Je dis que tout, dans la vie, est une question de rapports de force, que vous le vouliez ou pas.
Et mettre l’anglais et le français sur un pied d’égalité au Québec équivaut à changer le rapport de forces en notre défaveur.
Et à nous enlever le gros bout du bâton.
À force de vous faire dire que le monde est un joli pré peuplé de licornes, vous avez fini par le croire.
Eh bien, j’ai des petites nouvelles pour vous : ce n’est pas comme ça que ça fonctionne dans la vraie vie.
Si tu ouvres toutes grandes les portes de la bergerie, le loup ne se couchera pas en cuillère à côté de la brebis.
Il va la manger. Toute crue.
PAS UNE QUESTION DE GENTILLESSE
On n’a pas défendu le français en étant gentil et en croyant naïvement à la cohabitation bienveillante.
On l’a défendu en adoptant une loi qui prévoyait des amendes à ceux qui ne le respectaient pas.
C’est comme ça qu’on se fait respecter dans le vrai monde, mes petits lapins.
Pas en étant bonasses.
En étant fermes et clairs.
Get it ?