Stéphane Dion regarde la soirée des élections avec sa fille Jeanne. Photo: Reuters
(Toronto) « Vous voulez que je sois honnête ? Stéphane Dion n'était pas l'homme de la situation. J'espère qu'il sera remplacé par Michael Ignatieff. »
C'est l'opinion qu'exprimait une militante libérale au Hollywood on the Queensway, le bar où le député sortant d'Etobicoke-Lakeshore et ex-aspirant au leadership libéral, Michael Ignatieff, a réuni ses partisans hier soir.
Cette dame préférait taire son nom, mais d'autres militants n'hésitaient pas à contester ouvertement le chef libéral. « Stéphane Dion était un mauvais choix et ça nous a coûté cette élection », a déploré Debra Selkirk.
« Peu importe les résultats de ce soir, j'espère qu'il y aura une course à la direction », a dit Jason Dehni, selon qui même si les libéraux étaient parvenus à préserver les 95 sièges qu'ils détenaient avant le déclenchement des élections, ils n'auraient fait que bénéficier de la dégringolade boursière et des gaffes de Stephen Harper - des circonstances indépendantes des qualités de Stéphane Dion.
Ces points de vue ont été recueillis environ une heure après la fermeture des bureaux de scrutin, alors qu'une centaine de militants fébriles attendaient Michael Ignatieff dont la réélection venait tout juste d'être confirmée.
Quand ce dernier s'est adressé à ses partisans, son parti menait dans à peine 75 circonscriptions - soit une perte nette de 20 députés.
« Il est certain que c'est un résultat décevant et je compte contribuer à la reconstruction du parti », a dit Michael Ignatieff. Mais il a refusé de faire porter à Stéphane Dion tout le blâme de ces résultats. « Oui, il faut réexaminer notre leadership, mais je fais partie de ce leadership, et nous devons tous nous demander pourquoi notre message n'est pas passé auprès des Canadiens », a-t-il insisté.
Des électeurs croisés plus tôt dans des bureaux de vote de cette circonscription torontoise partageaient les doutes des partisans libéraux. Rafal, analyste financier de Bay Street, avait en tête les turbulences économiques des dernières semaines lorsqu'il a opté pour le candidat conservateur. En ces temps incertains, mieux vaut ne pas s'aventurer sur des terrains inconnus, se disait-il. « Mais si le parti libéral était dirigé par Michael Ignatieff, j'aurais pu voter autrement », a-t-il confié.
Selon un organisateur libéral de Toronto, pour éviter de se faire montrer la porte, Stéphane Dion aurait dû améliorer la position de son parti. « Les conservateurs ont fait une mauvaise campagne, leur chef est impopulaire et l'économie va mal. Si dans ces circonstances, Dion ne parvient pas à décrocher plus de sièges qu'il y a deux ans, alors il devra partir », a-t-il affirmé. Au moment de mettre sous presse, tout indiquait qu'il en au contraire laissé filer deux dizaines.
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