Afin de lutter contre la pandémie du coronavirus, le gouvernement a imposé aux Français une réclusion à domicile. On aurait pu s’attendre à ce que l’urgence sanitaire et la période de confinement agissent comme un buvard sur les taches de la société française. Bien au contraire, la quarantaine agit comme un révélateur de nombreuses faillites que connaît notre pays, des faillites auxquelles les classes dirigeantes qui se sont succédé au pouvoir en France depuis plusieurs décennies ont méthodiquement contribué.
Pendant que l’on soigne en urgence des milliers de Français, le confinement imposé à la population n’apporte pas la paix civile et la tranquillité. Bien au contraire, les faillites que révèlent la pandémie du coronavirus et le confinement sont nombreuses. Sans prétendre à l’exhaustivité, il nous a paru important d’en relever quelques-unes. Elles concernent plusieurs prérogatives majeures du gouvernement et illustrent un aveuglement idéologique certain.
La faillite des frontières
En plein développement de l’épidémie en Chine, le ministre français de la Santé raillait l’idée d’arrêter le virus aux frontières (1). Le président Macron a été l’un des derniers chefs d’État européens à annoncer la « fermeture » des frontières du pays. Il est vrai qu’imposer en même temps une réclusion des Français à leurs domiciles et, « en même temps », laisser des étrangers, légaux et illégaux, arriver dans le pays de façon incontrôlée, aurait été contradictoire.
Comme nous le soulignions récemment, la fermeture des frontières françaises est toute relative. Selon plusieurs témoignages, les contrôles aux frontières sont parfois totalement absents (2). Il est vrai que, à la suite de l’instauration de la libre circulation en Europe il y a 25 ans, les effectifs des douaniers français ont été considérablement réduits.
Alors que l’on confine les Français à leurs domiciles, les arrivées d’étrangers, peut-être contaminés, continuent, ruinant l’effort de la collectivité. Alors que le « stock » des Français est placé en coupe réglée à demeure et menacé de contraventions de plus en plus coûteuses, les flux qui continuent d’arriver rendent possible la circulation internationale du virus. Mais ce gouvernement n’est plus à une contradiction près, comme d’autres exemples en témoignent.
La faillite de la politique de la ville
Selon un faisceau d’indices concordants, un traitement différencié s’applique aux « quartiers » (3). Des consignes seraient données pour ne pas faire de vagues lors des contrôles qui y sont organisés. Les articles consacrés au non-respect du confinement dans les banlieues sont nombreux (4). Le « discernement » demandé aux forces de police semble se traduire par une répression accrue dans les territoires où le confinement est paradoxalement le plus respecté.
Le trafic de drogue continue alors qu’une partie de la population ne semble pas concernée par les consignes sanitaires vis-à-vis de ce qui serait une « maladie de Blancs » (5). La partition et la sécession de nombreux quartiers du reste de la France apparaissent de façon encore plus éclatante pendant la période de confinement. Pire, le non-respect du confinement dans certaines banlieues met en péril l’effort collectif de la société française. En Seine-Saint-Denis comme ailleurs, les restrictions de circulation sont souvent ouvertement bravées alors que les capacités hospitalières dans le département sont arrivées à saturation lors du dernier week-end du mois de mars (6). Ce qui amène un médecin à y demander l’intervention de l’armée (7).
Le désœuvrement de près d’un million de jeunes, qui ne sont ni occupés par un emploi, ni en stage, ni en formation, a créé un potentiel énorme d’agitation sociale et d’émeutes, à l’image de celles que notre pays a connues en 2005 et dont le gouvernement fait tout pour éviter la répétition (8). Plutôt que de faire exploser la cocotte-minute, le gouvernement lâche la pression dans les banlieues, au détriment de tous les Français. Alors que des sauvageons sont parfois les auteurs de la mise en danger de la vie d’autrui, des habitants des quartiers en sont les premières victimes.
La faillite de l’immigration
La déliquescence des banlieues n’a pas empêché notre gouvernement de mener depuis plusieurs années une politique d’immigration totalement débridée. Il ne s’en cache pas : l’immigration est une de ses priorités (9). Le budget dédié à l’asile, l’immigration et l’intégration est ainsi en progression constante. Le nombre de places dans les centres d’hébergement des migrants a considérablement augmenté ces dernières années, passant de 34 000 en 2009 à 98 400 en 2019, une augmentation qui s’accélère avec le gouvernement Philippe (10).
Les clandestins viennent emboliser le système de santé, comme en témoigne l’augmentation du budget de l’aide médicale d’État, qui va atteindre le milliard d’euros, un montant qui ne correspondrait qu’à une partie du coût des soins prodigués aux clandestins (11).
Le gouvernement Philippe n’a en rien remis en cause les droits de tirage illimités à l’immigration, en n’imposant ni plafond ni restriction numérique au droit d’asile, au regroupement familial et à l’aide sociale à l’enfance. Conséquence logique : les budgets qui leur sont dédiés explosent littéralement, la France apparaissant comme un pays de cocagne de l’immigration légale et clandestine.
La faillite du système de santé
Si les gouvernements successifs ont fait le choix tant numérique que budgétaire de l’immigration, ils ont en revanche considéré que la santé des Français était avant tout un coût qu’il fallait réduire. Ceci tout en ne se donnant pas les moyens de combattre une fraude sociale massive (12).
Le budget de l’hôpital public a fait les frais de ces priorités. Le nombre de lits en hôpital a été drastiquement réduit : 30 000 lits en moins de 2003 à 2017 pour les courts séjours, 48 000 lits en moins pour les longs séjours (13). Le nombre de lits en services de soins intensifs a également fait l’objet de fortes réductions (14). Des choix budgétaires que l’on paie chèrement aujourd’hui. Face à des capacités de soins limitées, ce sont bien des « discriminations » qui sont appliquées aujourd’hui aux malades du coronavirus, avec les plus âgés qui ne bénéficient parfois pas des mêmes soins que les patients plus jeunes.
La faillite des prisons
Sur le plan sécuritaire, la situation avant l’épidémie du coronavirus était déjà inquiétante : la délinquance a significativement augmenté en 2019 selon les statistiques du ministère de l’Intérieur (15). De nombreuses infractions, notamment celles commises par des « mineurs » étrangers, font parfois l’objet d’un simple rappel à la loi (16).
Sur le plan répressif, la surpopulation carcérale était connue de tous. Elle était évaluée en 2019 à près de 13 800 détenus (17). La nécessaire construction de places supplémentaires de prison en nombre suffisant a pourtant été sans cesse reportée. Nos gouvernants ont voulu cacher la poussière sous le tapis.
Alors qu’elle souhaitait incarcérer les Français qui ne respectent pas le confinement, la ministre de la Justice envisage maintenant de relâcher par anticipation des milliers de délinquants emprisonnés (18).
Alors que les forces de police sont concentrées sur des missions prioritaires, que la justice tourne au ralenti, la ministre de la Justice va apporter une autre source d’inquiétude aux Français, liée à l’insécurité causée par une délinquance qui est souvent impunie. Elle va les exposer à d’autres risques que le risque sanitaire déjà plus que pesant.
Toutes ces faillites témoignent d’un aveuglement coupable de nos élites. Elles se sont gargarisées pendant des années de formules toutes faites et se sont grisées à l’idée de la France-patrie-des-droits-de-l’homme. De l’idéal à la réalité, il y a un monde. Ces faillites lui explosent en pleine face aujourd’hui, mais ce seront les Français les principales victimes. L’ouverture des frontières était censée nous apporter développement économique et enrichissement culturel. Nous voyons bien aujourd’hui que l’échec est patent. Puisse cette terrible pandémie apporter au moins un enseignement positif à nos « élites ».
Paul Tormenen
31/03/2020
(1) « Un retour des frontières n’aurait scientifiquement pas d’intérêt ». RT France. 15 mars 2020.
(2) « Chronique médiatique du confinement ». OJIM. 26 mars 2020. Tweet de Nicolas Bay à la frontière franco-belge. 26 mars. 2 h 59 p.m.
(3) « Les banlieues, “pas une priorité” : pourquoi Laurent Nuñez a (hélas) raison ». Valeurs actuelles. 27 mars 2020.
(4) « Le difficile confinement des “quartiers” : analyse médiatique ». OJIM. 23 mars 2020.
(5) « Coronavirus et zones de non-droit : une maladie de Blancs ». Présent. 26 mars 2020.
(6) « La situation des hôpitaux en Seine-Saint-Denis inquiète ». France Info. 27 mars 2020.
(7) « “Il faut l’armée dans les rues…” : le cri désespéré d’un médecin de Seine-Saint-Denis ». Valeurs actuelles. 28 mars 2020.
(8) « Les jeunes ni en études, ni en emploi, ni en formation ». DARES. 7 février 2020.
(9) « Immigration : le suicide français ». Paul Tormenen. Polémia. 31 janvier 2020.
(10) « Crise des frontières : la France, pays le plus attractif pour les migrants extra-européens ? » Paul Tormenen. Polémia. 9 décembre 2019.
(11) Cf. note 9. Interview citée de Véronique Prudhomme. Sud Radio. 25 octobre 2019.
(12) « Un chiffrage de l’enjeu de la fraude sociale est-il possible ? » André Posokhow. Polémia. 12 janvier 2020.
(13) « Hôpital : 69 000 lits ont-ils été supprimés ces 15 dernières années ? » LCI. 13 novembre 2019.
(14) « Covid-19 : fin de partie ?! » Jdmichel.blog. 18 mars 2020.
(15) « Insécurité et délinquance en 2019 : une première photographie ». Ministère de l’Intérieur. 16 janvier 2020.
(16) « Délinquance des mineurs étrangers : un phénomène isolé pour les médias de grand chemin ». OJIM. 2 mars 2020.
(17) « Surpopulation carcérale : “L’État ne doit pas vider les prisons mais en construire de nouvelles” ». Le Figaro. 30 janvier 2020.
(18) « Coronavirus : comment Nicole Belloubet a changé de doctrine sur la libération des détenus ». 20 minutes. 24 mars 2020.