Le 8 novembre dernier, s’est tenue une table ronde intitulée Les accommodements religieux « raisonnables » sont-ils en train de broyer la laïcité ? réunissant l’écrivain Pascal Bruckner, la journaliste Denise Bombardier, le sociologue Mathieu Bock-Côté et le rabbin Saadia Elhadad. L’évènement était organisé dans le cadre du Festival séfarad de Montréal
L’évènement s’est déroulé au Centre de conférence Gelber dans un bâtiment qui abrite également la Bibliothèque publique juive et le Musée de l’Holocauste de Montréal.
Il y avait de quoi être surpris de voir un tel évènement se dérouler dans un câdre si ostensiblement communautariste, vu le sujet de la conférence. Cela rappelait immédiatement à l’auditoire ce grand impensé des débats sur les accommodements religieux au Québec : les privilèges communautaires accordés aux juifs ultra-orthodoxes.
Qu’il s’agisse des écoles illégales subventionnées par l’État, des accommodements religieux accordés à Outremont, du racket des aliments cashers imposé à l’ensemble de la population québécoise ou des diverses querelles de voisinage liées par manque de civisme ; rien de tout cela ne fut évoqué durant la conférence.
Disons simplement qu’avec un auditoire composé notamment d’hommes portant la kippa, l’ambiance ne s’y prêtait guère.
Bruckner : le néoconservateur de gauche
Le philosophe et écrivain Pascal Bruckner est ce qu’on pourrait appeler un typique républicain de gauche, c’est-à-dire une sorte de social-démocrate assez centriste qui demeure attaché au mode de vie français et à la tradition républicaine de la France telle qu’elle s’incarnait de 1968 jusqu’au début des années 2000.
Rappelons tout de même qu’il a soutenu la guerre de l’OTAN contre la Serbie en 1999, tout comme l’invasion américaine de l’Irak en 2003. C’est un néoconservateur dans la plus pure tradition des soixante-huitards défendant la géopolitique impériale des Américains, celle-ci ayant comme ultime conséquence de favoriser l’expansion de l’islam politique au détriment des régimes nationalistes arabes. Un homme dont les prises de position l’éloignent passablement du camp nationaliste.
Nous n’avions donc pas affaire à un conférencier particulièrement polémiste.
Il a entamé la table ronde en affirmant que le principal défi à la laicité française était bien entendu l’islam et sa conception totalitaire de la société qui ne sépare pas la sphère religieuse de la sphère politique. Il a rappelé le climat de terreur causé par la série d’attentats de 2015-2016 ; Charlie Hebdo, Bataclan, Nice, etc.
Implicitement, il a laissé entendre que le problème que rencontrait actuellement le modèle laïc français était donc lié à la présence grandissante de musulmans sur le territoire de l’Hexagone. Évidemment, rien de tout cela n’est bien nouveau pour quiconque s’intéresse à l’islamisation rampante que la France connaît depuis maintenant des décennies.
Il faut par contre ajouter que sa méconnaissance de la situation québécoise rendait sa présence un peu superflue, voir carrément inutile.
Bruckner donne raison aux propos que tenait Mgr Lefevbre sur l’islam en France dès 1989
Bombardier : la philosémite inquiète
Denise Bombardier était beaucoup plus dans son élément puisqu’elle est une commentatrice de la vie politique québécoise depuis des décennies. Elle a évoqué la stupeur généralisée des Québécois devant le retour de la question religieuse dans l’espace public, eux qui croyaient en avoir terminé depuis des décennies avec l’Église catholique. Mme Bombardier à rappelé avec justesse que la hiérarchie catholique n’avait pas mené le combat contre la sécularisation des institutions québécoises lors de la Révolution tranquille. C’est l’Église qui a volontairement abandonné ses prérogatives sociales sans réellement résister aux pressions de la gauche.
On a également eu droit à un étrange monologue philosémite où elle nous expliqua qu’elle avait amené son fils à Auschwitz en bas âge pour lui montrer l’horreur des camps de concentration nazis. Elle nous a également raconté qu’elle avait été élevée par deux tantes travaillant pour de riches juifs montréalais et qui auraient voulu qu’elle soit juive afin de recevoir une meilleure éducation.
Dans une sorte d’emballement philosémite, Mme Bombardier a même déclaré « J’aurais dû être juive ! » À voir la conditions des femmes juives orthodoxes, on se met à remercier le ciel – dans son propre intérêt – qu’elle ne le fût pas.
Malgré tout, Denise Bombardier a eu raison d’invoquer sa crainte de voir le gouvernement Legault reculer devant les pressions politiques extérieures qui seront faites pour empêcher tout encadrement des signes religieux ostentatoires.
Elle sait à quel point les Québécois sont facilement culpabilisés dès qu’il s’agit de leur affirmation nationale.
Par ailleurs, elle fut la seule à évoquer directement le seul réel sujet d’importance pour quiconque s’inquiète de l’islamisation du Québec : la démographie.
Le document qui fait écho au pessimisme de Bombardier
Bock-Côté : l’éternel pourfendeur du multiculturalisme canadien
Le choniqueur du Journal de Montréal a souligné que la victoire de la CAQ était en fait une reprise en main des Québécois de leur État national et que cela reflétait une sorte de ras-le-bol collectif envers les tentatives de culpabilisation identitaire dont ils sont victimes.
Il a également souligné que la proposition principale du gouvernement actuel est justement très modérée : interdiction des signes religieux ostentatoires pour le personnel en poste d’autorité dans la fonction publique, incluant les enseignants. Nous sommes donc très loin d’une proposition de laicité intégrale « à la française » où même les élus de l’Assemblée nationale viennent de se faire interdire le port des signes religieux ostensibles.
M. Bock-Côté a également défendu le maintien du crucifix à l’Assemblée nationale en évoquant que celui-ci rattachait les Québécois à leur passé d’avant 1960, soit à la continuité historique avec le Canada français. Le Québec, comme il l’a rappelé avec justesse, n’est pas une page blanche.
Éternel pourfendeur du multiculturalisme canadien, il a également dénoncé cette tendance pernicieuse de la gauche à vouloir ethniciser l’ensemble des rapports sociaux. Si les Québécois et les Canadiens anglais sont tous rassemblés dans une même dénomination d’un Homme blanc colonial et criminel, toute l’histoire des conflits nationaux opposant les deux groupes – et formant le coeur de la dynamique politique québécoise – devient incompréhensible.
Bref, Mathieu Bock-Côté a rappelé que si le Québec n’était pas la France, il n’était pas non plus le Canada et qu’il fallait envisager tout le débat sur les accommodements religieux dans une perspective québécoise et non pas strictement anglo-canadienne.
Elhadad : le délire victimaire
Disons d’entrée de jeu que la présence du rabbin a eu un effet salutaire sur la conférence qui commençait à devenir légèrement lassante. En effet, jusqu’à sa prise de parole, tous les intervenants défendaient le principe de laïcité.
Saadia Elhadad est le fondateur et président de l’Académie Yéchiva Yavné, une école primaire et secondaire juive sépharade orthodoxe et francophone. Il est déjà passé à l’émission radio-canadienne Tout le monde en parle et semble devenir le visage politiquement correct du mouvement hassidique pour les médias québécois.
M. Elhadad commença sa présentation en invoquant son malaise face à l’actuel débat sur les accommodements raisonnables, considérant que la réglementation vestimentaire rappelait des heures sombres pour la communauté juive, notamment concernant le port d’une certaine étoile jaune.
Carrément.
Vous avez bien lu : dès les premières minutes de son intervention, le rabbin fit un parallèle entre le projet de loi du gouvernement Legault et la politique du IIIe Reich allemand sur l’identification publique des juifs par le port d’une étoile de David cousue sur leurs vêtements.
La comparaison est tellement risible qu’il ne faudrait même pas y porter attention, si ce n’est qu’elle révèle la confusion intellectuelle du rabbin, ou sa mauvaise foi.
Soyons clairs : le projet de loi de la CAQ vise à sortir les employés de l’État de toute allégance ethno-confessionnelle et apporter une apparence de neutralité pour les personnes en poste d’autorité. Il s’agit de l’exact opposé de la politique qui visait à identifier les idividus jugés juifs par le port d’un signe distinctif.
Suivant la première prise de parole du rabbin, Mathieu Bock-Côté intervint pour recadrer le débat en affirmant qu’il était inconcevable de comparer les évènements de la Seconde Guerre mondiale au Québec contemporain et que l’inflation verbale ne servait en rien le débat public.
Cela rappelle un évènement qui s’est déroulé en 2013 dans le même bâtiment où se tenait la conférence. Lors d’un rassemblement visant à commémorer la Nuit de cristal où était invitée la ministre péquiste de l’immigration de l’époque, un rabbin avait indiqué qu’il préférait la mort aux interdictions liées à la Charte de la laicité péquiste. L’histoire est relatée dans le livre Rhapsodie québécoise d’Akos Verboczy qui travaillait à l’époque comme attaché politique pour le Parti québécois.
La charte des valeurs dans la tête des juifs hassidiques
Un rabbin contre l’Occident
Mais, M. Elhadad ne s’est pas arrêté là.
Il a également interpellé la révolte des Maccabées contre la politique d’héllénisation de l’empire séleucide au IIe siècle avant notre ère. Cet épisode de l’histoire est souvent évoqué par les juifs religieux comme un exemple de leur détermination à résister aux politiques d’assimilation des Gentils.
M. Elhadad critiqua également la politique assimilationniste envers les juifs marocains – dont il fait partie – qui visait à les sortir des ghettos afin de leur donner accès à la Raison.
Bref, le rabbin fit une exaltation au communautarisme le plus total devant les demandes minimales de l’Occident concernant une forme de civilité commune.
Le rabbin Elhadad s’est inscrit dans la tradition millénaire du judaisme orthodoxe qui voit toute politique d’assimilation culturelle comme le principal danger à l’identité juive. Il eu même le culot d’évoquer son possible départ du territoire québécois si la loi de la CAQ entrait en vigueur.
Il existe un pays tout désigné pour combler les attentes communautaristes du rabbin
Allant jusqu’au bout de sa logique anti-occidentale, le rabbin a même évoqué le colonialisme européen pour justifier la haine des populations musulmanes contre la chrétienté. En ce sens, il tenait un discours très proche de la gauche islamo-compatible qui ne voit dans le djihad qu’une sorte de retour karmique du péché colonial européen. Québec solidaire aurait été fier de lui.
En parlant de son amour pour le Canada, M. Elhadad a indiqué que c’est justement en raison de la création du ministère du Multiculturalisme dès 1973 que son père décida d’émigrer du Maroc pour venir s’installer à Montréal.
Fait intéressant, le rabbin invoqua la gentillesse et l’honnêteté des Québécois, racontant qu’il allait systématiquement faire réparer sa voiture en région car il était sûr de ne pas se faire arnaquer. Ainsi, les Gentils québécois font bien l’affaire du rabbin tant qu’il n’est question que d’échange économique, mais dès que ceux-ci affirment leur existence politique, ils deviennent un problème.
On voit ici toute l’hypocrisie de ces immigrants francophones qui choisissent le Québec pour venir s’y installer, mais qui – une fois sur place – se font les défenseurs du multiculturalisme canadien en opposition avec la volonté populaire des Québécois.
Son seul éclair de lucidité fut quand il évoqua l’interview de l’ancien roi du Maroc Hassan II à la télévision française lorsque ce dernier affirma publiquement que les Marocains seraient à tout jamais inassimilables par la France.
« Ce seront de mauvais Français »
Conclusion
L’évènement aura au moins eu le mérite de nous rappeller que la communauté juive orthodoxe sera une farouche alliée des islamistes, du Canada anglais et de la gauche multiculturaliste, comme elle l’avait été dès le début de la crise des accommodements raisonnables au mileu des années 2000.
Outre la question des privilèges délirants accordés aux juifs orthodoxes, il faut souligner que le principal enjeu lié aux craintes de l’islamisation du Québec n’est pas lié au mode d’encadrement de la diversité religieuse, mais bien à celui de l’immigration massive que nous subissons.
La loi française de 1905 séparant les Églises de l’État n’a pas empêché l’islamisation des banlieues françaises, ni le communautarisme musulman, ni le djihad. La laïcité n’a pas protégé les Français des attaques djihadistes du Bataclan, de Charlie Hebdo ou des innombrables autres qui ne défraient même plus la chronique tellement elles sont nombreuses.
Pour réellement endiguer l’islamisation du Québec, il faut stopper l’immigration venant des pays du Maghreb, fussent-ils francophones.
Contrairement à ce que certains souverainistes semblent penser, le modèle d’intégration républicain français ne règle pas le problème du déploiement de l’islam politique en Occident. La France et la Grande-Bretagne sont confrontées aux mêmes problèmes concernant l’islam politique. Ce n’est donc pas le mode de gestion de la diversité ethno-confessionnnelle qui pose problème, mais les politiques d’immigration massive qui créent cette diversité qu’il faut arrêter.
Il serait temps que le débat public québécois se porte plus en avant sur cet aspect de la question et qu’on arrête de focaliser inutilement sur l’encadrement des signes religieux qui n’est que la conséquence de l’irresponsabilité gouvernementale en matière d’immigration.
Fermer le robinet migratoire permettra de régler rapidement le problème de l’islamisation du Québec.
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