Le CN menace de fermer son réseau en raison des voies ferrées bloquées

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Crise autochtone en vue contre TransMountain


MONTRÉAL — La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) a indiqué mardi qu’elle pourrait être forcée de fermer des portions « importantes » de son réseau canadien à moins que les blocages sur ses lignes ferroviaires ne soient levés.


Aussi, disant agir « en raison de l’incertitude actuelle », Via Rail a indiqué tard mardi qu’il annulait tous les départs des trains jusqu’à jeudi soir entre Montréal-Toronto, Toronto-Ottawa et Toronto-Kingston, dans les deux directions.


Le CN a immobilisé plus de 150 trains de marchandises depuis jeudi soir dernier, lorsque des manifestants ont mis en place des barrages en Colombie-Britannique et en Ontario en solidarité avec les opposants au projet de gazoduc Coastal GasLink, qui traverserait le territoire traditionnel de la nation Wet’suwet’en dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.


Via Rail a indiqué que 157 déplacements de trains de passagers avaient également été annulés, touchant 24 500 voyageurs sur les voies ferrées entre Montréal et Toronto et Ottawa et Toronto.



 


Les blocages en cours ont lieu près de Belleville, en Ontario — sur la seule voie principale reliant l’Ouest canadien à l’est du Canada et reliant l’est du Canada au centre des États-Unis — et près de New Hazleton, dans le nord de la Colombie-Britannique. D’autres manifestations se sont organisées mardi à divers endroits, notamment au port de Halifax et à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique.


Des groupes industriels ont également exprimé leur inquiétude au sujet des blocages, car les expéditions à destination et en provenance des États-Unis et de la Chine sont retardées ou annulées.


« C’est une véritable crise », a affirmé le responsable du commerce international à l’Association des produits forestiers du Canada, Joel Neuheimer.


Les producteurs de bois, de pâtes et de papiers ont déjà perdu des dizaines de millions de dollars depuis le début des manifestations près des voies ferrées, a-t-il soutenu.


« Nous expédions des quantités massives de pâte aux États-Unis et dans des endroits comme l’Asie, alors il y a de gros impacts négatifs là-bas », a expliqué M. Neuheimer lors d’une entrevue téléphonique.



 


« Nous avons des membres dont les clients ne passent pas de commandes en ce moment aux États-Unis, parce qu’ils savent que cela ne va pas arriver au moment où il le faudrait. »


Le CN stationne des trains sur son réseau, a expliqué dans un communiqué le chef de la direction du transporteur, Jean-Jacques Ruest, mais en raison de l’espace limité disponible, la société « n’aura d’autre choix que d’interrompre temporairement le service dans les principaux corridors » si les blocages ne prennent pas fin.


Olin, un fabricant de produits chimiques établi dans le Missouri et comptant une installation près de Trois-Rivières, a prévenu Ottawa que son calendrier de distribution serré signifie que les quelque 50 entreprises canadiennes qu’il dessert cesseront bientôt de recevoir du chlore — utilisé en partie pour traiter l’eau potable — qui, soutient-il, n’est expédié que par rail.


« Olin est alarmé par la situation actuelle du transport ferroviaire de marchandises au Canada, et nous craignons que les clients et les municipalités ne reçoivent pas des produits chimiques essentiels, y compris le chlore, dans une semaine », a déclaré le président et chef de la direction, John Fischer, dans une lettre au ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, mardi.


Pas de solutions de rechange


Selon le transporteur ferroviaire, outre son impact au pays, la situation nuit à la réputation du Canada « en tant que partenaire stable et viable de la chaîne d’approvisionnement ».



 


Manufacturiers et Exportateurs du Canada exhorte les représentants du gouvernement à travailler avec les forces policières pour rétablir le service ferroviaire.


« Au Canada, il n’existe pas vraiment d’autres solutions de rechange pour déplacer la marchandise. Les autoroutes et les camions utilisent déjà très, très fortement la capacité disponible, en particulier au Québec et dans le sud de l’Ontario », a indiqué le président de l’association, Dennis Darby, lors d’une entrevue téléphonique.


Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a indiqué qu’il travaillait avec les chemins de fer et son homologue ontarienne Caroline Mulroney pour trouver une solution. Il a souligné que le blocage des voies était « dangereux et illégal ».


À Québec, le gouvernement de François Legault a indiqué être en discussions avec le gouvernement fédéral et Joe Norton, chef du conseil de bande de Kahnawake. Des sympathisants de la nation Wet’suwet’en se sont installés près de la voie ferrée dans cette réserve située en banlieue sud de Montréal.


« Rappelons que c’est un projet de gazoduc qui est appuyé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, a affirmé le premier ministre Legault. Je ne vois pas pourquoi, actuellement, on fait payer les passagers et éventuellement même les agriculteurs si on revient avec un autre problème de propane », a-t-il poursuivi, évoquant la pénurie du combustible qui a sévi à l’automne, lorsqu’une grève de huit jours a interrompu les activités du Canadien National.


La police provinciale de l’Ontario a indiqué que ses agents étaient en pourparlers avec les manifestants qui ont érigé un barrage à quelques mètres des voies, mais pas en travers. Le porte-parole des forces de l’ordre ontariennes, Bill Dickson, a affirmé qu’un officier de justice avait lu une injonction aux manifestants mardi matin, leur ordonnant d’abandonner le blocage près de Belleville.


M. Dickson a ajouté que même si le CN avait obtenu l’injonction vendredi, c’était la première fois mardi qu’elle était lue à voix haute, conformément à la procédure judiciaire.


En Ontario, le chef des Mohawks de la baie de Quinte, R. Donald Maracle, a exprimé sa solidarité avec la communauté Wet’suwet’en en Colombie-Britannique et a dénoncé les actions de la GRC.


« Nous demandons aux gouvernements fédéral et provinciaux d’exiger que la GRC réexamine immédiatement la façon dont elle aborde les manifestations pacifiques, et offre la possibilité d’une discussion saine avec une approche de bon sens pour parvenir à des résultats pacifiques », a affirmé M. Maracle dans un communiqué.




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