Le capitalisme abîmé

Crise mondiale — crise financière



La chute du mur de Berlin consacrait le triomphe du libéralisme sur son plus coriace rival idéologique. Le monde entier allait devenir capitaliste, d'une manière ou d'une autre, de Dallas à Shanghai.
Les capitalistes ont été mauvais gagnants. Ils ont poussé leur système à l'extrême, c'est-à-dire à l'excès. Risques démesurés, appétits gargantuesques, incompétence et arrogance crasses, fraudes éhontées ont marqué la dernière décennie. Jusqu'à ce que les colonnes du temple s'effondrent.

Aujourd'hui, ceux-là mêmes qui prônaient l'État minceur supplient les gouvernements de venir à leur rescousse. L'industrie automobile à elle seule dit avoir besoin d'une bouée de sauvetage de 40 milliards. Et un apôtre du libre marché aussi convaincu que l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, souhaite la nationalisation temporaire de certaines banques.
Les réactions des marchés boursiers aux gigantesques plans de relance mis en place par les gouvernements laissent croire que les investisseurs en veulent encore plus. C'est-à-dire qu'ils veulent que la relance vienne de l'État, que ce dernier assume tous les risques. Quels frileux capitalistes que voilà!
Quand le président français, Nicolas Sarkozy, s'est mis à parler en septembre dernier de la nécessité de «refonder le capitalisme», plusieurs ont souri devant l'ambition démesurée qu'il exprimait là. C'est pourtant ce qui sera nécessaire.
Malgré ses faiblesses et ses effets pervers, le capitalisme a fait ses preuves. Pour paraphraser Churchill au sujet de la démocratie, c'est le pire système économique à l'exception de tous les autres que l'humanité a essayés. C'est pourquoi ceux qui croient au libéralisme économique, à commencer par les gouvernants et les dirigeants d'entreprise, doivent s'investir dans la nécessaire réforme.
Rien n'est plus troublant, dans la déroute actuelle, que la multiplication des cas d'abus à de très hauts niveaux. À l'affaire Madoff a succédé l'affaire Stanford. Les dirigeants d'une entreprise aussi respectée que Research in Motion (fabricant du BlackBerry) viennent de verser à la Commission des valeurs mobilières américaine (Securities and Exchange Commission) des amendes totalisant 1,4 million dans une cause d'antidatage d'options. La grande banque suisse UBS a pour sa part admis sa responsabilité pour les «activités irrégulières» survenues dans ses transactions avec des déposants américains. Selon Washington, UBS attirait ces clients en leur faisant valoir qu'ils pourraient échapper au fisc.
C'est l'État qui a mis au jour ces abus, l'État qui permettra aux économies de se relever, l'État qui amortira les chocs subis par les citoyens - pertes financières, chômage. En contrepartie, les gouvernements voudront renforcer leurs contrôles sur le système économique. À moyen terme, cela nuira à l'efficacité de celui-ci.
Tout contrits et dociles qu'ils soient aujourd'hui, les capitalistes en viendront bientôt à se plaindre de la lourdeur des lois, des règlements, de la bureaucratie. Toutefois, leur crédibilité sera nulle. Et ils n'auront qu'eux-mêmes à blâmer.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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